Le Festival des Lumières, et Waterloo…

Les amis, j’espère que les fêtes ont été bonnes, et je commence en vous souhaitant à toutes et tous une bonne et heureuse année 2022.

Alors, le patron du resto qui raconte au comptoir comment il s’est fait virer du bahut pour avoir dérobé les panneaux d’issues de secours, cela dans le but de faire de la pub pour son groupe de rock les… « Issues de Secours ». Le refugié russe qu’on envoie en urgence au marché d’Aligre voisin chercher de l’estragon frais car le chef est à court, et qui renvient penaud une heure après avec un flacon Ducros, sans trop s’étendre sur le sujet, ou encore le gars humble et discret au comptoir, dont on apprend qu’il forge des serrures à l’ancienne que les chateaux du monde entier s’arrachent…

J’aime ces bistrots où tout le monde discute avec tout le monde, ces temples du vivre ensemble, qui sont challengés à la fois par ce virus (dont la dernière mouture est sans doute une chance, puisque, plus contagieux, il devrait remplacer à terme son prédécesseur, et comme il est moins grave…), et par les politiques dont les vœux ont collégialement montré une envie de diviser au moment où plus que jamais on a besoin de cohabiter.

Le vivre ensemble c’est aussi une des raisons d’être des associations; associations qui permettent à chacun de sortir un peu de son cadre habituel et de rencontrer d’autres profils. Après une quinzaine d’années de bons et loyaux services, j’ai eu la surprise de faire partie de la promotion 2021 pour l’attribution de la médaille de la Jeunesse et des Sports. Comme le veut le protocole, la remise de la médaille a eu lieu en mairie.

Allez je ferme la parenthèse, et pour ce 1er Janvier je vous propose des balades en lumières, suivi d’une escapade sur la morne plaine de Waterloo.

Le Festival des Lumières

Depuis quelques années, Paris propose, autour de ses traditionnelles illuminations de Noel, un festival des lumières qui semble un peu emprunté à la ville de Lyon. Parmi les spots qui participent cet hiver, on trouve la Villette qui propose une jolie balade immersive sobrement intitulée « Lumières« , le Domaine National de Saint-Cloud en new chalenger qui met la barre (et le tarif) assez haut avec son « Lumières en Seine« , et le Jardin des plantes qui nous rejoue son « Espèces en voie d’illuminations« , mais cette fois en mode préhistorique.

L’évolution en voie d’illumination

Même si c’est pratiquement un copier-coller de l’année dernière mais avec des diplodocus en guise de zèbres, cette « évolution en voie d’illumination » a encore attiré énormément de monde. Beaucoup d’enfants également, certains passionnés et qui en savaient plus que ce qui était indiqué sur les panneaux pédagogiques (alors que moi, à part Casimir et Godzilla…).

La balade est sympa mais je pense que le Jardin des Plantes est arrivé au bout du concept, j’espère qu’ils ne feront pas la saison de trop avec un « religion en voie d’illuminations » à base d’Adam et Eve phosphorescents.

Lumières en Seine

Aux portes de Paris, niché entre Seine et colline, l’ancien domaine royal qui remonte à Catherine de Médicis n’allait pas laisser passer l’opportunité de venir se mêler aux festivités.

Connu pour son feu d’artifice annuel et ses jeux de fontaines, ainsi pour son festival « Rock en Seine » qui attire de belles têtes d’affiches, le parc propose cet hiver une balade assez féérique qui part des bords de Seine et grimpe doucement sur les hauteurs, avec en prime une jolie vue sur le sud-ouest parisien.

Je trouve que le tarif est un peu excessif, mais la promenade est vraiment réussie. Les organisateurs ont fait les choses en grand sur presque 2 kms; on verra l’an prochain si le domaine réitère ou si c’était un one shot.

La Villette, Lumières…

On parlait en début d’article du vivre ensemble, la Villette fait sans doute partie des endroits de Paris où la mixité sociale est la plus forte. Les jeux et les animations gratuites permettent aux moins privilégiés de s’évader un peu, tandis que l’offre culturelle (Cité des Sciences, Philharmonie, Cité de la Musique, Zénith, Géode…) et tous les grands événements et festivals programmés à la Grande Halle attirent la bobosphère comme la jeunesse dorée.

Tout le monde, au fond, aime aller se balader à la Villette.

Alors, si le 104 voisin occupe les anciennes pompes funèbres, le parc de la Villette lui été construit sur les anciens abattoirs de la ville. Il faut croire que mes endroits de prédilection ont remplacé des lieux plutôt chargés, une ambiance digne de mon profil Netflix…

Lumières

Le Parc de la Villette avait déjà participé au festival l’an dernier l’an dernier, il revient cette saison avec plusieurs installations insolites, et comme on pouvait s’y attendre ici, en accès libre et gratuit.

La promenade commence par une oeuvre immersive conçue par le Groupe F , un studio plutôt spécialisé dans les spectacles pyrotechniques (le feu d’artifice sur la Tour Eiffel pour le passage à l’an 2000, c’était eux). On traverse ensuite les cercles lumineux de Lélia Demoisy une artiste de la région, pour finir dans les constellations du duo 1024 Architecture. Une super balade toute en french touch, mon coup de cœur du festival.

…et Waterloo

Les amis, je n’allais pas passer à la Villette sans faire un crochet par l’expo Napoléon qui occupe la Grande Halle depuis six mois. Alors c’est vrai, Napoléon ce n’est pas très inclusif. Si l’an dernier j’avais parié sur « décolonialisme » et « wokisme » pour 2021, je pense que cette année « inclusif » sans doute l’un des concepts majeurs, avec dans un toute autre registre l’émergence du « Métavers » (on en reparlera).

Homme providentiel ayant sauvé les acquis de la révolution et façonné la France moderne pour certains, tyran expansionniste et esclavagiste pour d’autres, non seulement ce n’est pas inclusif, mais Napoléon c’est carrément clivant.

Bon nous n’allons pas faire ici la bio de l’empereur ça serait un peu long, je vais plutôt vous emmener pour ce début d’année dans les mornes plaines de Waterloo, afin de revivre le crépuscule de l’Aigle.

Le COntexte

Nous sommes au printemps 1815, Napoléon a abdiqué face à une Europe coalisée (Russie, Autriche, Angleterre, Prusse…) et est contraint de vivre en exil sur l’ile d’Elbe au large de la Corse. En France, la monarchie a été restaurée et c’est Louis XVIII, frère de Louis XVI, qui est aux commandes.

Mais très vite le peuple va commencer à se rebeller contre le pouvoir royaliste, ce qui va inciter Napoléon, qui tourne en rond sur son caillou, à débarquer en Provence avec une poignée de fidèles, et à entamer sa remontée vers Paris en évitant les grandes villes et les poches royalistes.

C’est la fameuse période dite des « cent jours« ; l’Aigle va voler de clocher en clocher à travers les Alpes. Ses anciens soldats, qui sont lancés contre lui par le roi pour l’arrêter, vont le rallier; et Napoléon va rejoindre Paris à la tête d’une armée, et reprendre le pouvoir sans livrer la moindre bataille.

L’Ultime Coalition, premiers contacts

Pour les monarchies voisines, le retour de l’ogre est tout sauf une bonne nouvelle; et une immense septième coalition se met rapidement en place pour se débarrasser définitivement de ce corse usurpateur.

Les amis, Napoléon est un génie militaire, il arrive à voir sur une simple carte le déroulé et l’issue de la bataille à venir. L’Aigle a deux grosse caractéristiques qui font souvent la différences : il bouge ses armées très vite et combat ses adversaires un par un avant qu’ils n’aient pu unir leur force; et en tant qu’artilleur il arrive systématiquement à déplacer ses canons au bon endroit pour frapper la clef de voute de l’armée adverse et la faire céder.

Aussi le 15 Juin, Wellington le grand chef des forces anglaises et ses officiers doivent quitter en urgence le bal de la Duchesse de Richmond à Bruxelles pour rejoindre leurs unités lorsqu’ils apprennent que Napoléon vient de passer la frontière Belge à la tête de son armée du Nord. En effet, les forces anglaises de Wellington avait prévu de rejoindre l’armée prussienne de Blucher en Belgique.

Napoléon envoie son fidèle (mais difficilement gérable) maréchal Ney fixer Wellington tandis qu’il va affronter Blucher. L’armée prussienne est mise en difficulté et se replie, Napoléon demande à Ney qui patine contre les anglais d’envoyer sa réserve couper la retraite des prussiens afin d’obtenir une victoire décisive. Mais l’ordre n’arrive pas ou Ney n’en fait qu’à sa tête, aussi Blucher peut faire son repli stratégique.

Petite cause, grandes conséquences…

18 Juin 1815, Waterloo

Alors les amis, je vous ai dit que Napoléon aime surprendre ses adversaires par sa rapidité de mouvement, et déplace ses canons un peu comme on peut le faire dans les jeux de stratégie à l’aide de sa souris… Sauf que les anglais ont eu le temps de fortifier leurs positions sur le mont Saint-Jean et attendent tranquillement le renfort des prussiens pour avoir le surnombre (et oui, la bataille aurait dû s’appeler Mont Saint-Jean et pas Waterloo qui se trouve plus haut, ce qui aurait privé ABBA d’un tube).

Napoléon doit faire vite, mais il pleut abondement ce 18 juin, et la boue ralentit fortement les mouvements des canons, et l’efficacité des boulets qui s’y enfoncent au lieu de rebondir. L’empereur a Ney sur sa gauche, la cavalerie de Kellermann et la légendaire Garde Impériale au centre, sur sa droite il a envoyé le maréchal Grouchy poursuivre les prussiens. En fin de matinée Napoléon ne peut plus attendre et passe à l’attaque, il sait que la bataille va se gagner au centre mais Wellington a fortifié des fermes et des hameaux en avant-postes, et l’infanterie française peine sous la mitraille.

En milieu d’après-midi le verrou n’a toujours pas sauté, la cavalerie française entre en action sans que Napoléon l’ait demandé. Il faut imaginer le bruit de milliers de cuirassiers qui chargent sur des chevaux lourdement équipés, l’ancêtre des blindés.

Victor Hugo, qui a écrit un gros chapitre sur Waterloo dans les Misérables (où le sympathique Thénardier détrousse les cadavres), raconte que suite à une erreur de repérage, un chemin creux n’a pas été détecté, et que beaucoup de cavaliers y sont tombés, écrasés par ceux qui chargeaient derrière et n’ont pas pu s’arrêter. Hugo s’est fait lynché par les historiens qui contestent l’existence de ce chemin creux, sans doute agacés qu’on vienne ainsi marcher sur leurs plates-bandes.

Grosse erreur tactique, les charges de cavaleries ne sont pas appuyées par l’infanterie; aussi les anglais forment les fameux carrés qu’on voit dans les films et sortent mitrailler et canonner entre deux charges.

L’arrivée des prussiens, et la déroute

Au moment où quelques verrous sautent enfin et que Wellington tangue un peu, les français voient arriver une armée sur leur flanc droit. Ca aurait été Grouchy la partie était gagnée, mais de Grouchy on a aucune nouvelle, et c’est bien les prussiens qui déboulent là ou l’armée française est le plus vulnérable.

Les français se battent maintenant à un contre deux et sur deux fronts. A 19h30 Napoléon décide d’envoyer la Veille Garde pour enfoncer le centre anglais. La Vieille Garde est l’élite de l’armée de Napoléon, et elle est connue pour ne jamais reculer. Mais sous la mitraille et les boulets la Vieille Garde recule, et c’est toute l’armée française qui va craquer et partir en déroute, c’est le sauve qui peut vers Paris.

Pour couvrir le repli, la Vieille Garde constitue les carrés, et c’est à cette occasion que le général Cambrone aurait crié le fameux « merde » aux anglais (resté comme le « mot de Cambronne« ) lui demandant de se rendre car ils avaient assez morflé.

A 21h15, Wellington et Blucher se retrouvent pour fêter la victoire à l’auberge de la Belle Entente, située pour le coup à Waterloo. La bataille a fait des dizaines de milliers de morts; pour se donner une idée une dizaine d’invités du bal de la duchesse de Richmond ont été tués à Waterloo, plus de trente-cinq y ont été blessés.

Vous connaissez la suite, Napoléon sera exilé au milieu de l’océan atlantique d’où il ne reviendra jamais. Le Premier Empire est mort à Waterloo, et il me semble que c’est la dernière fois où français et anglais vont s’affronter.

Et voilà les amis pour ce premier article en ce premier Janvier 2022, bonne fin de weekend.

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