Cette semaine nous tentons d’oublier un peu le climat délétère qui règne à tous les niveaux, et dans la continuité de notre chasse aux pépites nous partons découvrir une cité qui semble sortie d’un roman d’Umberto Eco, un Camelot à la française qui fleure bon l’hydromel et les parties de “cul de chouette” : la ville médiévale de Provins.
La nouvelle fiancée
Comme vous l’aurez remarqué les amis j’ai pris du retard dans mes posts, essentiellement parce que suite à cette très belle soirée au Petit Bain dont j’ai (presque) tout livré dans le dernier article, je suis retourné à mon magasin de musique faire la rencontre d’une jolie stratocaster qui me faisait du eye contact depuis quelques temps.
Cette nouvelle compagne prend beaucoup de mon temps libre, d’où le retard accumulé. Retard que je vais m’efforcer de combler car j’ai des balades à partager plein mes étagères.
Allez il est temps de s’y coller, on éteint la télé et on repart en été, cap donc sur la cité de Provins aux confins de l’ile de France .
L’ancienne capitale des comtes de Champagne attire entre autres tous les fondus du Moyen Age, et encore plus début juin lors de ses fêtes médiévales qui proposent de remonter au temps des premières foires qui attiraient les commerçants de l’Europe entière.
Ambiance “hypocras et ripaille” c’est parti..
Les foires de Champagne
Les amis on remonte la pendule de mille ans, un grand saut en plein Moyen Age central. Le comté de Champagne, inféodé au royaume de France, est idéalement placé au carrefour des grandes routes commerciales.
Sous l’impulsion des comtes, il devient un lieu d’échanges incontournable entre les pays du nord et du sud de l’Europe lors d’immenses foires qui se tiennent principalement dans quatre villes : Lagny, Troyes, Bar-sur-Aube, et bien sûr Provins notre destination du jour.
Les contrées du nord (flamands, allemands, anglais…), au contact des pays scandinaves, viennent avec leurs draps, leurs cuirs, leurs fourrures. Les contrées du sud dont les grands marchands italiens, en commerce avec la méditerranée, l’Orient et Byzance, remontent soieries, épices, objets de culte et produits de luxe.
On y vend également des aliments, du vin, des armes, des produits artisanaux, des bijoux, de la porcelaine, sans oublier le précieux sel des côtes atlantiques qui permet de conserver les aliments car à l’époque, n’en déplaise à certains chanteurs, il n’y avait ni électricité ni congélo.
Les foires sont extrêmement bien organisées : les comtes avec l’aide du roi de France assurent la sécurité des marchands, de leurs biens, et que les sommes dues soient acquittées. Les gardes foires sont impitoyables avec les escrocs qui pourraient porter atteinte au prestige de l’évènement.
Les foires se déroulent en quatre temps : d’abord on montre les produits, puis on négocie, arrive ensuite la période où on paye, et à la fin bien sûr on fait la fiesta. Trois cent ans de rayonnement international sans pareille, et puis le rattachement du comté au royaume de France, le développement de nouvelles routes commerciales, et surtout la terrible guerre de cent ans, auront raison des foires de Champagne.
Quand on arrive en ville
Alors les amis ce n’est pas la peine d’attendre les Médiévales qui ont lieu en juin pour aller découvrir Provins, je recommande même d’y aller un peu avant histoire de pouvoir visiter la ville tranquillement, loin de la foule qui prends la citadelle d’assaut pendant les festivités.
Je vous conseille d’arriver en fin de matinée histoire de pouvoir vous garer pas trop loin du centre si vous y allez en voiture, sinon il y a des trains réguliers depuis la Gare de l’Est. Dans les deux cas vous mettrez un peu plus d’une heure depuis Paris.
La ville Basse
C’est le point de départ naturel pour explorer la ville, surtout si vous souhaitez vous poser pour déjeuner. Bien que moderne, la ville basse offre une jolie balade avec ses maisons à colombages, sa roseraie, ses canaux et ses souterrains…
La ville basse abrite l’église de Saint Ayoul qui héberge les reliques de… Saint Ayoul. Au bas Moyen Age les reliques de saints engendraient de vastes pèlerinages, et c’est sans doute cela qui a boosté le développement de la ville autour de son église.
Dans l’église vous croiserez la statue de Saint Ayoul qui se balade en toute simplicité en portant sa tête dans ses mains. Il est comme ça Saint Ayoul, jamais le dernier pour faire la blague.
La roseraie
S’ il y a un incontournable dans la ville basse c’est bien la roseraie qui propose une balade poétique et colorée parmi des centaines d’espèces.
Selon la légende, Thibaut IV, comte de Champagne et roi de Navarre, aurait introduit en France au retour des croisades une rose exceptionnelle dont il aurait lancé de nombreuses plantations.
Cette rosa gallica officinalis va faire de Provins la capitale de la rose, un produit qui va s’arracher car, en plus de sentir bon, on soigne tous les maux avec. Et ces conserves ou infusions de rose, aux vertus magiques, faisaient partie bien sûr des produits stars des foires de Champagne.
Aujourd’hui on trouve encore à Provins pas mal de produits à base de rose, j’ai même bu une bière à la rose et on toute honnêteté on peut s’en passer.
La Ville haute
Provins défie la gravité, vous êtes très vite irrésistiblement attiré vers le haut car c’est dans la ville haute que tout se joue. Si vous souhaitez visiter tranquillement la ville haute allez-y hors fête médiévale, sinon ce n’est pas jouable à cause de la foule.
Hors fêtes il y a quelques musées à visiter, dont la Tour César le symbole de la puissance des comtes de Champagne.
Si vous voulez vous poser sur la grande place c’est l’occasion ou jamais, pendant les médiévales ce sera plus compliqué.
Les fêtes médiévales
“Salut je suis médiéviste”, “Salut à toi, je suis également médiéviste”… Si vous êtes témoins de cette rencontre, c’est que vous déambulez probablement le long des échoppes dans les ruelles de Provins pendant les fêtes médiévales.
Pendant deux jours la ville fait revivre les foires médiévales pour le plus grand bonheur des médiévistes, des familles comme des curieux. Tous venus pour l’occasion côtoyer marchands, mendiants, troubadours et autres chevaliers.
Au programme des danses, des joutes, et un bal médiéval auquel je n’ai pas assisté, ce qui me donne la meilleure des raisons pour y retourner l’an prochain.
Alors attention les amis il y a beaucoup de monde; si vous n’aimez pas la foule arrivez tôt ou en fin d’aprem car au plus fort de la journée vous vous retrouvez parfois à ne même pas pouvoir avancer.
Mais ce qui m’a le plus impressionné, ce sont les remparts qui pour le coup vous ramènent en pleine guerre de cent ans.
Un immense marché médiéval, où vous pouvez faire ripaille ou encore dénicher l’objet étrange qui manque à votre déco, cette déco qui inquiète tant vos invités.
Les médiévales, c’est l’occasion de se réconcilier avec cette période obscure de notre histoire, période que les lumières ont voulu assombrir plus encore, histoire de pouvoir briller de mille feux.
Le ciel va alors s’effondrer sur la ville et il est temps de rentrer sur Paris. On en reste là avec la jolie ville de Provins et ses fêtes médiévales, je vous croiserai peut-être lors de la prochaine édition qui se tiendra les 1er et 2 Juin 2024.
Je vous colle ici quelques liens : provins.net , les médiévales
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Bon week-end , bonnes vacances
N.