“Tiens en traversant le bois pour venir chez toi, j’ai aperçu un magnifique chardonnay bleu” me lance une amie fan de nature, d’animaux, et sans doute aussi un peu de vin blanc car elle faisait probablement allusion à un chardonneret, et oui l’apéro n’est jamais très loin en période de lockdown.
Bon les amis je ne vais pas revenir sur l’actu qui depuis quelques semaines se résume à une suite sans fin de polémiques sur lesquelles tous les feux cathodiques sont braqués, avec dans le désordre et j’en oublie l’association turque Mili Gorus, la mosquée de Strasbourg, la maire de Bordeaux et les rêves d’enfants, le procès de Vitry Chatillon, l’affaire Sara Halimi, sans oublier la petite Mia qui a été enlevée par un groupe “aux techniques paramilitaires”, et la dernière en date, le fameux “putch des généraux“…
Un esprit complotiste pourrait presque se demander si le but de la manœuvre n’est pas un peu de saturer l’espace médiatique avec des débats hystérisés, histoire de mettre un peu sous le tapis les images de nos voisins londoniens sirotant des pintes afterwork, ou encore des terrasses madrilènes prises d’assaut par les afficionados pendant les matchs de foot.
Allez courage, les commémorations sur Napoléon et sur la Commune de Paris tombent à point et devraient cannibaliser les débats pendant quelques semaines, jusqu’à ce que nous aussi nous puissions trinquer en terrasse comme nos voisins disparus des écrans.
Une affiche de campagne sur les boomers ? On en parle plus loin…
Alors comme il n’y a toujours pas grand-chose d’ouvert en ville, je vous propose cette semaine une plongée numérique à la découverte des neurchis, ces plateformes qui ont sans doute doute sauvé Facebook au moment où les jeunes commençaient à la quitter, et d’aller y rencontrer la cause de tous nos maux , celui à qui les millenials mènent une guerre absolue: je veux parler du fameux boomer.
Ambiance “OK boomer!” c’est parti…
Les neurchis, kesako ?
Les neurchis sont à la base des communautés Facebook regroupées autour d’un thème et de la cuture du “mème”. Neurchi est le verlan de chineur (cocorico c’est francophone), on trouve des neurchis sur tout et n’importe quoi, et elles suivent toutes la règle incontournable de nommage : “Neurchi de… ” suivi du thème (“Neurchi de Groland“, “Neurchi d’humour de droite“, “Neurchi de contrepèterie“…), vous trouverez une liste non exhaustive ici. L’idée est de chiner des pépites qui tournent autour du thème, de venir les partager et bien sûr de les commenter.
Pour ceux qui connaissent pas les “mèmes” ce n’est pas facile à définir; disons pour faire simple que ce sont des détournements de dessins (ou autre média) dans le but de faire passer un message drôle, politique ou caustique, avec toujours en tête l’espoir de le rendre viral; exemple de “mème” :
Un deuxième exemple, cette fois en vidéo :
J’ai rejoint ces derniers mois deux neurchis plutôt drôles, Neurchi de flexibilisation du marché du travail (Nedflex pour les intime) et Neurchi de boomer.
La première, plutôt brillante, tourne en dérision le monde du travail, l’ambiance startup, le management, l’approche agile, la flexisécurité, les posts LinkedIn inspirants… tout ce que les managers voudraient savoir sur leurs futures recrues sans pouvoir oser le demander.
La seconde est le QG des millénials qui ont l’impression qu’ils vont payer la facture des générations précédentes, on en parle plus loin.
Merci au passage à mon filleul qui m’a infiltré, la plupart des neurchis sont des groupes fermés.
Chiné sur Nedflex
NedFlex est un groupe fermé de plus de 300 000 chineurs qui raillent le système. Le CSA a même demandé au groupe d’assurer l’équilibre des temps de parole comme il le ferait pour un vrai média (surtout pour leur rappeler qu’il les a à l’œil).
Et oui, tous ces votants potentiels qui ne regardent pas les médias main stream, et qui voient le monde au travers du prisme de leur neurchi, sont un vrai casse-tête pour les partis politiques qui ne savent pas comment aller leur prêcher la bonne parole (on a vu dans l’affiche de campagne en début d’article qu’ils s’y attellent).
Neurchi de boomer
Les amis, à la longue liste des luttes sociétales (lutte des classes, des minorités, des sexes…) s’est ajoutée récemment la lutte des mémoires sur fond de cancel et de woke culture fraichement débarqués du continent américain. Mais depuis peu on voit émerger ce qui ressemble de plus en plus à une guerre générationnelle menée par les millenials contre le boomer, celui qui a massacré la planète, qui est parfois raciste, souvent misogyne, qui ne rigole qu’aux blagues en dessous de la ceinture et qui ne comprend rien aux nouveaux enjeux, encore moins aux nouvelles technos.
Je rassure mes amis “co quinquagénaires” ce n’est pas l’âge qui fait le boomer, même s’il y contribue fortement. D’ailleurs ceux qui moquent un Yann Arthus-Bertrand ou même un Philippe Geluck (qu’on verra plus loin) se font gentiment rappeler à l’ordre par le groupe: ce ne sont pas des boomers.
Appeler toutes les consoles “Nintendo” : Boomer !
Le “Ok boomer !”, qui est devenu viral aux US au point même d’en faire des teeshirts, est la réponse des jeunes aux anciens qui veulent leur faire la leçon de façon autoritaire ou condescendante.
Boomer du squad “premier degré”
C’est souvent drôle et bon enfant, mais ça peut être aussi très agressif voire haineux, on va finir sur cette dernière qui m’a fait rigoler, le boomer sympa qui donne un “câble bizarre”.
Petite astuce si vous voulez savoir si vous avez un anti-boomer dans votre open-space, à la machine à café, dans vos équipes ou même sous votre toit : vous n’avez qu’à tenir un discours un peu ferme et réac, à base de “de mon temps”, “pas d’internet”, “plus difficile”… et vous concluez par le truc qui les exaspère tout particulièrement : “à bon entendeur!” . L’adversaire ne pourra alors s’empêcher de se révéler, en vous lâchant un “Ok boomer !” réflexe.
Balade de boomer
Nous allons finir l’article par une balade de boomer en noir & blanc, une joie promenade depuis l’Hôtel de Ville et jusque sur les Champs où vous pourrez serrer la patte du Chat de Geluck .
On commence par le procès de la 5G sur le parvis, c’est drôle, éloquent, et bien amené.
Sur les grilles de l’Hôtel de Ville, une jolie expo photo éphémère avec comme sujet les parisiennes. Il y a quand même un abruti qui n’a pas pu s’empêcher de brûler le portrait d’une cavalière de la Garde Républicaine, quand tu dessers ta cause…
Allez on part vers les quais de Seine, je ne me lasse jamais de la vue sur les iles depuis les berges
En remontant vers le Louvre une étrange procession dénonce notre servitude et la dictature sanitaire, Paris a toujours été de toutes les révoltes…
On continue la balade par les fameux passages, et le jardin des tuileries
On arrive doucement sur les Champs qui ont été investis par d’immenses statues du Chat, une expo pour tous les âges avec des doubles lectures. Ça a quand même dû être un sacré boulot d’ériger tous ces géants de bronze, bravo Geluck.
Et voilà les amis, j’espère que vous avez apprécié cette balade entre gris clair et gris foncé. D’ici deux semaines les lieux de vie et de culture vont commencer à rouvrir et j’ai déjà coché plein de cases, à commencer par l’expo street art Spot13 déjà ouverte puisque en extérieur , toutes les infos ici.
Fin Mai je pars en rando vélo sur la Loire, je devrais en revenir avec de jolies photos et de quoi jeter quelques lignes. Dans tous les cas le prochain article viendra avec un nouveau look, je vais attaquer quelques travaux sur le site.
Bon weekend
N.