Je rentre d’une excellente soirée au Jardin Suspendu qui a délaissé son triste rooftop de la Porte de Versailles pour intégrer le magnifique Parc Floral dans le bois de Vincennes, le temps d’un été. J’ai pu voir la jeunesse dorée vincennoise et celle parfois moins favorisée de Montreuil, de Nogent ou encore de Fontenay, venue en voisin, s’échapper un instant de cette atmosphère anxiogène et toucher un peu du doigt ce vivre ensemble qui me tient à cœur, après lequel on court et qui semble toujours s’éloigner un peu plus.
Venons maintenant à ce qui nous amène aujourd’hui; après un étrange été à courir la carte postale je vous propose un retour aux fondamentaux en cette rentrée 2020, à la (re)découverte de deux pépites de l’art underground que sont le Palais de Tokyo et la Galerie Sakura.
Deux ovnis dans le paysage culturel parisien, qu’on peut mettre à l’agenda d’une seconde visite de la capitale, lorsque on a déjà fait les traditionnels incontournables et que l’on souhaite pousser un peu plus loin. Et puisque on parle du vivre ensemble, le Palais de Tokyo a donné carte blanche à l’école Kourtrajmé du sulfureux Ladj Ly, le réalisateur des Misérables, autour de la filiation du film. Ambiance “c’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages” c’est parti…
Forum des associations 2020
Avant d’aller prendre l’art, comme on dit dans les magazines culturels sérieux, nous allons faire un petit crochet par le Forum des Assos qui occupe tous mes premiers samedis de Septembre depuis plus de dix ans, ce qui m’a longtemps empêché d’aller découvrir la grande braderie de Lille programmée à la même date. Le Forum réunit le temps d’un weekend tout le tissu associatif de la ville; c’est un vrai exercice de style qui consiste à faire connaitre son activité, à renseigner, à rassurer aussi avec la crise sanitaire, à inscrire, à réinscrire, à saluer… tout en assurant une certaine fluidité pour ne pas décourager les potentiels nouveaux adhérents qui font la queue.
C’est sportif, ça tape au niveau de la concentration, et même avec l’expérience des années on en sort épuisé. Mais là encore nous touchons au vivre ensemble, car finalement, il n’y que le milieu associatif qui permette de sortir un peu de son cadre socio-culturel habituel et d’échanger autour d’une passion commune avec des gens de tout horizon.
Allez on ferme la parenthèse et on file au Palais de Tokyo rencontrer les élèves de Kourtrajmè, l’école de Ladj Ly.
Kourtrajmé au Palais de Tokyo
Comme vous le savez, je suis un afficionados du Palais de Tokyo et j’y suis abonné depuis plusieurs années. Avec son ambiance transgressive et son côté punk, il ringardise la plupart des autres musées, en premier le Musée d’Art Moderne qui occupe l’autre aile du bâtiment, et qui passe à côté pour la grande sœur un peu sage, limite vieille fille. D’ailleurs ce n’est pas à proprement parler un Musée car il n’y a pas de collections permanentes, c’est plutôt un centre d’art un peu déjanté, un lieu d’exposition unique et rebelle, d’où l’on ressort toujours conquis.
Le Palais de Tokyo Son bar avec vue sur la vieille dame Et son expo de Ulla von Brandenburg
Alors je le confesse, je fais partie de la basse classe culturelle qui a été un peu déçue par les Misérables de Ladj Ly. Là où je pensais trouver une vraie réflexion sur la condition sociale je n’ai vu qu’un bon film d’action, et à part la ville de Montfermeil je n’ai pas vu la filiation avec le roman du grand Victor Hugo, qui était encore frais dans ma tête car je l’ai terminé récemment (pour être honnête je l’avais commencé il y a un sacré bout de temps, mais ça fait mille pages et ça se lit moins facilement que Fantômette contre le Club des Cinq).
Beaucoup de monde pour l’expo “Jusqu’ici tout va bien” de l’école Kourtrajmé
Aussi quand j’ai vu que l’école Kourtrajmé (court métrage en verlan) avait carte blanche autour de la filiation du film, je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais de comprendre ce que j’avais bien pu louper. Attention il ne faut pas confondre le collectif d’artistes Kourtrajmé, soutenu entre autre par Vincent Cassel ou encore Mathieu Kassovitz, et qui a produit le film Les Misérables, avec l’école Kourtrajmé à l’initiative de Ladj Ly, et qui propose de former aux métiers de l’audiovisuel des jeunes venus plutôt de quartiers défavorisés. Bon je vous l’accorde, il y a pour le coup une filiation évidente entre le collectif et l’école.
Après avoir avoir parcouru les différents ateliers de l’expo je n’y voyais toujours pas clair, alors je suis allé lire la présentation de l’expo affichée au mur et là j’ai compris que l’école mettait en lumière la filiation, non pas avec le roman de Victor Hugo, mais avec le film la Haine sorti quinze ans auparavant… et oui je fais partie de l’armée de ceux qui ne lisent le mode d’emploi que lorsqu’ils ne peuvent plus faire autrement.
Là pour le coup tout s’est éclairé, les Misérables c’est pour sûr une Haine 4.0 comme on dit sur les salons “smart”, et l’expo vient juste confirmer ce que tous les spectateurs, je pense, avaient déjà relevé.
Au final une belle balade dans ce beau Palais de Tokyo, je trouve bien ce concept d’école où tout ce qu’on demande aux candidats c’est de montrer une grande envie d’être artiste. Comme j’ai trainé avant d’écrire cet article l’expo Kourtrajmé est terminée, par contre il reste toujours de jolies choses à voir, comme la balade onirique proposée par Ulla von Brandenburg, à voir le samedi car il y a des artistes bien barrés qui animent les tableaux, tous les détails ici
Pour terminer quand vous faites découvrir le Palais de Tokyo on vous demande systématiquement quel est donc le rapport avec le Japon. Et bien il n’y en a aucun, le palais est simplement construit en bord de Seine sur l’ancien Quai de Tokyo.
La Galerie Sakura
Allez on quitte les bords de Seine et on met le cap sur le Marais pour découvrir la galerie Sakura, le temple des geeks et des amateurs de street art. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’hésite toujours à pousser la porte des galeries, car contrairement aux musées les galeries sont là pour vendre les œuvres qu’elles exposent, et je ne suis pas forcément à l’aise avec les habituels visiteurs des lieux.
Et bien les amis la bonne nouvelle c’est que la galerie Sakura va vous réconcilier avec les galeries d’art. Spécialisée dans les œuvres geek, très décalées, souvent politiquement incorrectes, l’accueil est très sympa et on s’y sent dès la porte franchie comme un poisson dans l’eau.
La galerie s’est fait connaitre avec une expo Goldorak qui a rencontré un succès massif, puis avec une expo l’Empire Contre Attaque complètement azimutée. Certaines œuvres sont très chères, mais on peut habiller un mur avec une création originale pour une trentaine d’euros.
Ce mois-ci la galerie propose une expo Street Money où 127 street-artistes (Toctoc, Miss Tic, Astro, Jeff Aerosol…) ont customisé des billets de banque, chacun dans leur style caractéristique. Chaque artiste propose deux œuvres, soit sur un vrai billet de cinq-cents francs, soit de un dollar. Et rappelez-vous, dans une galerie tout est à vendre.
Si vous êtes japonophile, le mot Sakura va forcément vous parler, les sakuras sont les fameux cerisiers du Japon. En tous cas si vous passez vers la rue du Bourg Tibourg, n’hésitez pas à pousser la porte de la galerie, vous y passerez sans doute un bon moment, les infos ici
Trantranzai
Allez on finit avec ma cantine du moment. Située sur les flancs de l’infranchissable montagne Sainte-Geneviève, au pied du Panthéon et de sa place des grands hommes si chère à Patrick, la cantine Trantranzai propose une excellente cuisine du Sichuan faite maison, à des prix plus que raisonnables.
Le Sichuan est sans doute la région la plus réputée de Chine au niveau culinaire, elle est aussi connue pour son poivre. Lorsque vous passez commande, vous pouvez choisir pour les soupes, les nouilles ou les raviolis un niveau de piment entre 1 et 6. Attention à partir de 4 ça bastonne sévère et vous allez vite avoir le nez qui coule.
L’endroit est top sympa, et vous pouvez facilement prolonger la soirée dans un des nombreux pubs ou cafés qui longent la rue Mouftard.
C’est fini pour ce soir, à suivre Paris face B la suite avec d’autres pépites moins connue, et sans doute un gros plan sur le magnifique bois de Vincennes
Bonne soirée
N.
1 commentaire
I really like what you guys are usually up too.
This kind of clever work and coverage! Keep up the superb works guys
I’ve included you guys to my personal blogroll.