Quand on tient un blog sur les lieux que l’on a envie de faire connaitre, ou les évènements du moment qu’on trouve intéressant de partager, on se met quelque part dans le cahier des charges la capacité de ne mentionner que des choses abordables.
Et encore le terme reste subjectif: en commentant la récente escapade en apesanteur de Jeff Bezos, le journaliste en charge a lâché que d’ici quelques années les vols en fusée deviendraient abordables, il faudra compter autour de 500 000 euros pour une dizaine de minutes de vol…
Mais le challenge reste facile à relever: les endroits hors de prix ou élitistes je n’y suis pas, ces lieux ne m’attirent pas. J’aime les endroits accessibles au plus grand nombre, et aujourd’hui j’ai eu envie d’aller au bout de l’idée : je vous propose une escapade gratuite dans Paris.
Nous allons donc passer dans quelques lieux emblématiques de la ville, mais en mode Gavroche, les poches vides et en sifflant. Pour commencer cap sur le Marais et la réouverture du cultissime Musée Carnavalet, ambiance “c’est la faute à Voltaire” c’est parti…
Réouverture du Musée Carnavalet
Les amis, c’est un peu l’évènement culturel de l’année sur Paris: après quatre années de gros travaux le plus vieux musée de la ville rouvre, avec des nouvelles salles et une nouvelle scénographie (il parait qu’on dit muséographie), et le tout pour zéro euro car le musée reste gratuit malgré les dépenses.
Comme son nom ne l’indique pas, le musée Carnavalet retrace l’histoire de la ville de Paris. Vous commencez votre visite dans les sous-sols nouvellement aménagés, au temps des Parisii, un peuple gaulois qui donnera son nom à la ville.
Puis vous remontez le temps en même temps que les étages, traversant les époques depuis le Moyen-Age jusqu’au Paris d’aujourd’hui, en passant par les grandes périodes qui ont contribué à façonner la ville.
Le Musée occupe deux magnifiques hôtels particuliers dont l’occupant le plus célèbre a sans doute été Madame de Sévigné, connue pour ses nombreuses lettres qui racontent l’air du temps à l’époque du Roi Soleil.
Ayant épousé Henri de Sévigné qui s’était un peu autoproclamé Marquis, elle hérite du titre de Marquise et se voit donner l’accès à la cour comme à tous les salons. La Marquise de Sévigné dépeint son époque dans un style parait-il fluide, naturel et très agréable. Ça doit être quand même rafraichissant de lire l’histoire des yeux d’un témoin privilégié, plutôt qu’au travers des écrits des historiens ou des biographes qui sont souvent à la solde des puissants.
Alors c’est vrai que le lieu est un véritable labyrinthe et que le sens de circulation n’est pas du tout respecté (cocorico), on s’y perd facilement donc difficile de ne rien rater, mais est-ce vraiment l’objectif…
A la sortie vous pouvez aller débriefer la visite au cœur du jardin dans un superbe café tout neuf, mais qui pour le coup est loin d’être gratuit.
Amis parisiens vous ne pouvez pas ne pas aller saluer ce bijou fraichement restauré au cœur du Marais. Même si l’entrée est gratuite il vous faudra réserver votre créneau horaire, toute les infos ici www.carnavalet.paris.fr.
Goldorak à la Galerie Sakura
On reste dans le Marais pour aller saluer Sakura, ma galerie préférée, sans doute la plus geek de Paris. Six ans après la Goldo Expo qui les avait fait connaitre, Sakura remet le Goldorak à l’honneur dans une nouvelle expo bien déjantée.
Et oui les amis, il y a déjà plus de quarante ans que le robot géant a débarqué sur nos écrans, presque par hasard. Dans les années 70, le genre mecha qui désigne des anime sur fond de bagarres de robots géants est très populaire au Japon, mais Goldorak va recevoir un accueil mitigé là-bas pour diverses raisons, en particulier pour avoir heurté la sensibilité des nombreux fans de Mazinger Z, le mecha phare de l’époque.
Au même moment, en France, Récré A2 a du mal à boucler son budget. Aussi quand l’émission de Dorothée apprend que les japonais bradent une obscure série en vendant la saison complète au prix d’un simple épisode d’une série française, l’occasion est trop belle.
Goldorak sera diffusé en catimini pour la première fois en 1978 et on connait la suite, succès intersidéral au point qu’on parle même de génération Goldorak, la série va ouvrir la porte à la déferlante de la pop culture nippone qu’on observe aujourd’hui.
Allez les amis je vous fais un petit quizz pour tester votre goldomania :
- Comment s’appelle la planète d’origine du prince Actarus ?
- Quel est le titre du chef de l’armée de Véga ?
- Minos est l’un des généraux de Véga, il héberge dans sa tête une femme cruelle avec qui en plus il ne s’entend pas, son nom ?
- A part la picole, quel est le hobby de Riguel, le petit gros qui dirige le ranch où bosse Actarus comme garçon d’écurie ?
- Il y a deux modèles de vaisseaux ennemis, les Anteraks et les cultissimes … ?
- Quel est le nom du pilote issu de la série Mazinger Z qui va devenir un sous fifre d’Actarus, ce qui va mettre le feu aux poudres avec les fans de la série concurrente ?
Vous trouverez toutes les réponses ici, mais il y a quand même une une question que beaucoup de fans se posent et qui reste aujourd’hui sans réponse , il y a même des groupes de réflexions qui se sont créés autour du sujet : pourquoi le siège d’Actarus effectue t-il un pivot complet pendant le transfert entre la soucoupe et le robot ?
N’hésitez pas à retomber en enfance l’espace d’une petite heure, vous allez voir que les œuvres sont plutôt décalées, il y en a pour tous les gouts et pour tous les âges. Je n’ai pas pu m’empêcher de leur prendre un homme (ou plutôt un robot) de Vitruve, moi qui pensais que c’était cet escroc de De Vinci qui avait peint l’original.
La galerie Sakura c’est au 21 rue du Bourg Tibourg, entrée gratuite, toutes les infos ici : www.galerie-sakura.com
Le Centquatre, entre énergies et désespoir
Allez on quitte la carte postale pour monter dans le Paris populaire, direction Stalingrad, un quartier qui ne fait pas rêver, et pourtant les bords de l’Ourcq et la Villette forment un des spots les plus sympas de la ville, encore plus en ce moment avec la Fête du Canal qui dure tous l’été.
Alors les amis on ne va pas se mentir, si on surnomme l’endroit “Stalin-crack” c’est que le quartier est un spot où (sur)vivent nombre de junkys. Si les abords du bassin et du parc de la Villette sont préservés, vous croiserez probablement des gens en urgence absolue dès lors que vous enfoncerez entre les rue de Flandre et de Crimée, sans “paranoier” il faut rester vigilant.
Retour à des choses plus gaies, parmi les pépites du coin on trouve le Centquatre : les anciennes pompes funèbres de Paris reconverties en centre d’art ouvert à toutes les disciplines, et où chacun peut venir s’entrainer, mater une expo ou un concert. Même si on y trouve une programmation culturelle riche, l’intérêt du lieu réside principalement dans son ambiance unique.
Le Centquatre, un de mes spots préférés
Alors d’habitude le Centquatre fourmille de jeunes artistes venus pratiquer les arts de rue, mais devinez quoi, une grosse moitié du lieu a été transformé en… vaccinodrone géant, qui plus est pris d’assaut depuis qu’on nous promet une société ou nos droits seront liés à notre statut médical.
L’expo du moment, “Energies Désespoirs”, est gratuite. Elle consiste en une série d’affiches ayant une face en noir et blanc qui symbolise un monde qui s’effondre (un désespoir), et une face en couleur pour l’espoir d’un monde qui renait (une énergie). C’est comme toujours très engagé, et le coté noir & blanc versus couleurs fait son petit effet.
Dans une pièce adjacente les visiteurs peuvent écrire et coller au mur une énergie ou un désespoir, je ne vous montre pas ce que j’ai mis ça pique les yeux tellement c’est puissant. Nous en avons lu quelques-uns, il y a du drôle et du pathos.
Contrairement à ce qu’on peut lire sur la première photo l’expo court jusqu’à la fin aout. Le Centquatre va bientôt fermer pour une quinzaine de jours, le lieu sonne creux là. Mais si vous avez l’occasion d’y aller pour la réouverture n’hésitez pas, c’est à connaitre et vous risquez même d’en tomber amoureux.
Le CentQuatre c’est ici www.104.fr
Les Extatiques, l’art contemporain à ciel ouvert
Nous mettons maintenant le cap à l’ouest, direction les grandes tours de verre et d’acier de la Défense.
Depuis maintenant quelques années, le quartier de la Défense propose l’espace d’un été les Extatiques, une balade un peu surréaliste au travers d’installations conçues par les artistes contemporains du moment.
Le mélange des genres est intéressant : d’un coté le plus grand quartier d’affaires d’Europe, qui héberge les sièges des plus grosses boites françaises. De l’autre ce fameux art contemporain, dont on ne sait jamais trop si on a affaire à du pur génie, du pur foutage de gueule, ou un mix des deux…
Alors je vous conseille de regarder les œuvres, puis de lire ensuite la vision de l’auteur que vous trouverez affichée quelque part autour, histoire de voir à combien de miles vous étiez de sa vérité.
Pour la première fois l’expo se déroule également dans les jardins de la Seine Musicale, un centre culturel relativement récent dédié à la musique, construit en lieu et place des mythiques usines Renault sur l’ile Seguin, entre Boulogne Billancourt et Sèvres.
Alors je vous recommande de grimper sur le toit du centre par un bon trente-cinq degrés comme je l’ai fait; je ne sais pas si vous trouverez l’art au sommet, mais à minima vous aurez bossé le cardio.
Les Extatiques c’est gratuit, c’est jusqu’à l’automne, vous trouverez toutes les infos ici
Et voilà les amis, on s’arrête là pour cette traversée de Paris les poches vides. Il y avait matière à faire plus long, j’aurais pu vous emmener en mode viking à l’institut Suédois, travailler votre coté lover au Musée de la Vie Romantique, ou encore taper l’incruste chez Yann Arthus Bertrand à sa fondation GoodPlanet, ce sera l’occasion d’un second volet.
Lundi c’est l’extension du pass, profitez bien du week-end.
N.