Les films qui vont être tournés montreront-ils des gens portant des masques dans la rue, peut-être même les personnages principaux, ou bien le septième art va t’il rester bloqué dans le monde d’avant, au risque de flirter avec un certain anachronisme ? Reste également aux réalisateurs la possibilité de choisir des scénarios se déroulant derrière ou loin devant, leur permettant de s’affranchir des contraintes anxiogènes et peu télégéniques du moment.
Voilà les quelques pensées qui me trottent dans la tête au moment de boucler ma valise car oui les amis, après avoir du annuler un voyage en Bangkok où je devais être témoin de mariage en habit traditionnel et tout le décorum, après avoir dû reporter une escapade dans la baie de Naples sur les traces de l’explorateur Hervé Vilard, ce coup-ci c’est la bonne : nous voilà partis pour une escapade au Pays Basque, un pied en France un autre en Espagne, entre mer et montagne, un bon compromis et une première même si j’étais venu il y a fort longtemps dans le cadre d’une préparation militaire rocambolesque.
Le Pays Basque, premier contact
Après quelques heures de conduite et une escale dans le Périgord nous débarquons donc à Saint-Jean-de-Luz, jolie station balnéaire côté français, et qui sera notre camp de base pendant le séjour. Bien que le Pays Basque s’étende de part et d’autre des Pyrénées, la majeure partie et les grandes villes (Bilbao, Pamplona, San Sebastian…) se trouvent coté espagnol.
Bon je ne vais pas trop m’étendre sur l’aspect culturel que je n’ai pas spécialement gratté, ce que j’ai cru comprendre c’est que le Pays Basque est formé de sept provinces qui sont réunies principalement par l’euskara, la langue Basque, langue qui est sans doute la plus ancienne d’Europe toujours utilisée, et dont personne n’est certain des origines (Inde, Afrique…). Entre une France centralisée et une Espagne plus régionaliste, les deux parties n’ont pas évolué à l’identique, avec peut-être une meilleure intégration coté français et une plus forte identité coté espagnol, et les périodes compliquées. qui vont avec
Coté frenchy la capitale c’est Bayonne, une ville colorée qui fait la frontière entre Pays Basque et Gascogne, une ville “à la cool” comme on les aime quand on quitte Paris, et lorsque la serveuse vous crie qu’elle s’est “pinchée” avec son tire-bouchon, vous êtes déjà dépaysés.
Un autre incontournable coté français reste la visite d’Espelette sur les hauteurs, histoire de pimenter un peu son séjour. Très touristique, vous risquez d’en repartir des sachets d’or rouge plein vos poches.
Et voilà, retour sur Saint-Jean-de-Luz pour clôturer une belle première journée.
Côté Espagnol, Hondarribia…
Vous le savez j’aime le mode de vie à l’espagnole, ce vivre ensemble après lequel on court en France, ces rues bondées où les gens viennent refaire le monde autour d’une sangria et de quelques tapas.
La ville fortifiée d’Hondarribia
A peine passé la frontière vous pouvez faire une halte à Hondarribia, une station balnéaire qui a gardé sa citadelle historique fortifiée. Une belle balade dans l’histoire, peut-être mon coup de cœur du séjour.
Hondarribia c’est aussi un port et une ville moderne, un quartier des pécheurs et sa rue San Pedro qui héberge les tavernes à tapas, pardon en Basque il faut plutôt dire pintxos.
La rolls des tavernes à tapas pintxos est sans doute le Gran Sol, attention il faut y aller à l’ouverture si vous voulez échapper à la queue, surtout qu’avec les normes sanitaires en cours l’établissement n’accueille qu’un nombre limité d’afficionados.
N’hésitez pas à vous arrêter quelques heures à Hondarribia, vous y croiserez certainement quelques français mais vous serez quand même dépaysés.
San Sebastian
Parmi les incontournables de toute escapade basque qui se respecte, il y a forcément la soirée à San Sebastian, charmante ville universitaire mais aussi royaume de la gastronomie Basque où l’on pratique le “pintxo pote”, la tournée des bars à pintxos.
Mais avant d’aller chercher bonheur dans les ruelles de la vieille ville, il ne faut pas manquer le coucher de soleil sur, parait-il, l’une des plus belles baies d’Espagne.
Vous l’aurez compris, pas d’escapade au Pays Basque sans aller saluer la dynamique San Sebastian. Retour à Saint-Jean-de-Luz pour mieux repartir dès demain explorer le Royaume de Navarre.
Attention, la frontière est assez surveillée surtout coté français avec une douane omniprésente; comme les prix sont moins chers en Espagne ils doivent traquer les abus.
La Navarre, et les Bardenas Reales
Bon je vous fais grâce de la journée plage et je vous emmène en ce dernier jour dans un endroit des plus étonnants, tout au sud de la Navarre, je vous emmène au cœur du désert des Bardenas Reales.
Ce désert un peu confidentiel rappelle parfois l’Ouest Américain, j’en ai lu qui le comparaient carrément à Monument Valley ou au Grand Canyon mais n’exagérons rien on en est loin, au passage si vous souhaitez voyager au far west je vous recommande cet excellent article : https://baladesdenico.com/westus/
Le désert, qui est une réserve de biosphère, fait également le bonheur de réalisateurs qui peuvent y tourner des pubs ou des films dans des paysages de farwest, tout en économisant le voyage outre atlantique.
Si les magnifiques westerns spaghettis de notre enfance ont plutôt été tournés dans l’autre désert espagnol, les Bardenas Reales ont tout de même servi de décors à des blockbusters tel le Cartel de Ridley Scott, des films plus undergrounds comme Brimstone que j’ai beaucoup aimé, et la grande consécration avec la saison 6 de Games Of Thrones; je dois confesser au passage faire partie de la basse catégorie socio-culturelle des gens qui n’ont pas suivi cette série.
Sur le chemin vous passerez pas loin de Pamplona la capitale de la province, la ville historique mérite que l’on s’y arrête.
Allez c’est parti pour une petite balade dans le désert, nous allons en profiter pour remonter dans le temps et nous retrouver au temps des romains, à cette époque les lieux sont déjà peuplés par des Vascons (qui donneront basques et gascons) qui sont plutôt bien intégrés à l’empire.
A la chute de Rome les Vascons vont se retrouver pris en étau entre les Francs qui peuplent la future…France, et un autre peuple barbare germanique au nom étrange connu des fans d’Astérix, les terribles Wisigoths, au trésor légendaire, et qui eux vont tout balayer sur leur passage (y compris Rome) pour aller s’installer dans la péninsule ibérique.
Lors d’une descente des armées de Charlemagne au contact des forces musulmanes qui ont entrepris la conquête de l’Espagne, l’empereur Franc va faire raser au passage les murailles de Pamplona (Pampelune) la capitale des Vascons car il ne leur fait pas confiance. En représailles les Vascons vont tomber sur l’arrière garde de l’armée Franque au moment où elle repasse les Pyrénées au col de Roncevaux (toujours en Navarre).
L’arrière garde qui est commandée par le Chevalier Roland, présenté comme le neveu de Charlemagne, va être massacrée par les basques. L’épisode donnera naissance à la célèbre Chanson de Roland, les basques y seront remplacés par de terribles guerriers musulmans par les chargés de com de Charlemagne, car prendre une rouste contre les ancêtres de Bixente Lizarazu c’était moins vendeur.
Le Haut Moyen Age est une période où l’on savait rigoler…
Allez on fait un bon de quelques siècles en avant, les Basques sont toujours présents et possèdent même un royaume, le royaume de Navarre, dont Pamplona est toujours la capitale. Ceux qui ont lu l’article précédent se souviennent que l’on y parlait du protestant Henri de Navarre qui va devenir Roi de France sous le nom d’Henri IV.
Henri IV va finalement unir les deux couronnes, et tous les rois Bourbons deviendront par la suite “roi de France et de Navarre” jusqu’à la révolution.
Et voilà c’en est déjà fini de cette escapade en Pays Basque, direction Paris mais avec une petite étape en Dordogne pour ne pas faire les huit heures de route d’un seul trait.
Les Ballons de Dordogne
Petite pause au retour pas loin du village de Rocamadour qui a fière allure sur son pic, avec également ses grottes où le grand amour de Gerard Blanchard s’était enfuie avec le loup, on se rappelle encore de ses souliers vernis et de ses taches de rousseur…
Petit moment de grâce pendant le dîner lorsque huit ballons vont descendre du ciel toucher l’eau de la rivière et remonter, avec comme seul bruit celui des brûleurs…
Et voilà pour cette petite escapade juillettiste, hâte d’en faire une aoûtienne histoire de comparer.
J’espère vous avoir fait un petit peu découvrir cette région même si c’est quand même relativement connu. J’espère également que nos amis espagnols ne seront pas plus touchés qu’ils ne ne sont déjà, le mode de vie latin est plus vulnérable au virus que celui des pays nordiques où la distanciation physique est déjà de mise.
Bonne soirée
N.
1 commentaire
I could not refrain from commenting. Perfectly written!