Après la prise de contact on continue l’exploration de la ville rouge, mais cette fois bien au sec. On a déjà vu pas mal de choses dans la première partie, c’est normal Marrakech fait partie de la liste restreinte des villes impériales avec Rabah, Meknes, et la concurrente Fes.
Si vous avez loupé la première partie, c’est ici : Marrakech- Part 1
Pour les autres on continue l’immersion, direction en ce beau matin l’une des attractions phares de la ville, le jardin Majorelle.
Le Jardin Majorelle
S’il ne faut pas trop s’attarder sur la place Jemaa el Fna, si la visite du Palais Bahia n’est peut-être pas si indispensable, je pense pour le coup que le Jardin Majorelle, cet autre incontournable de la ville selon les guides, mérite une visite.
Un Jardin qui se mérite
Le jardin est situé dans la ville nouvelle, mais proche de la Medina. J’ai pas mal tourné en rond dans le labyrinthe au nord de la vieille ville pour trouver la porte qui permet de franchir les remparts et sortir.
Attention les amis il faut prendre son ticket online, je crois qu’il n’y a pas de billetterie sur place. Choisissez un horaire qui soit assez tôt pour éviter la foule, mais pas trop tôt non plus si vous y allez l’hiver car la lumière doit y jouer toute sa partition.
Alors ils sortent d’où ces jardins ?
Jacques Majorelle
On remonte la pendule au début du 20ième siècle, Jacques Majorelle est un peintre français qui souffre de problèmes pulmonaires. Il lui faut du soleil à Jacques, et c’est dans un Maroc sous protectorat français qu’il va venir trouver son bonheur.
Envouté par Marrakech, il va s’installer près de la palmeraie et donner libre cours à sa seconde passion : la botanique. En 1947 il va ouvrir son jardin au public, mais à sa mort le site va être laissé à l’abandon.
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, deux personnalités indissociables de Marrakech, vont racheter les jardins et lancer des grands travaux de restauration. Aujourd’hui le Jardin Majorelle appartient à une fondation qui soutient des actions culturelles et scientifiques.
LE Bleu Majorelle
Les amis on connait le bleu roi, le bleu acier, le bleu nuit ou encore le bleu marine. Parmi la cinquantaine de teintes de bleus recensées, on trouve ce bleu Majorelle créé par l’artiste et qui va sublimer les jardins
Ne manquez pas ces jardins bleus lors de votre passage dans la ville rouge.
Les tombeaux Saadiens
On quitte les jardins et on saute dans un taxi, direction la Kasbah qui occupe le sud-ouest de la Médina. La Kasbah dans une ville marocaine c’est sa citadelle, un quartier souvent fortifié.
Outre le palais royal, la Kasbah héberge ce qui sera mon plus gros coup de cœur du séjour : les tombeaux saadiens, un complexe funéraire découvert très récemment.
Marrakech, ville impériale
Un peu comme chez nous avec les mérovingiens et autres capétiens, plusieurs dynasties berbères et arabes (Almoravides, Mérinides..) ont régné sur le Maroc, avec souvent Marrakech comme capitale. Il faut imaginer qu’à un moment leur royaume allait de l‘Andalousie jusqu’au Sénégal, et s’étirait jusqu’en Lybie.
Alors comme souvent une dynastie chasse l’autre. Les Saadiens ont conquis le Maroc en partant du sud, et l’ont dirigé depuis Marrakech à partir de la moitié du 16ième siècle.
Les tombeaux Saadiens
Six sultans Saadiens vont se succéder, et tous vont apporter leur touche à la mystérieuse nécropole. Tout particulièrement le sultan el-Mansour, le plus puissant de tous, et qui va porter la dynastie à son apogée.
Et puis une nouvelle dynastie émerge et prend le pouvoir. Les traces laissées par les Saadiens sont effacées par les nouveaux arrivants, mais pour la nécropole on se contente de murer les accès et de laisser l’oubli faire son oeuvre.
Au début du 20ième siècle, 300 ans plus tard, on redécouvre le complexe funéraire qui est en très mauvais états. Des travaux de restauration permettent d’ouvrir le lieu au public, et aujourd’hui c’est je pense le véritable incontournable de toute visite de la ville ocre.
La magnifique salle des 12 couronnes, chambre funéraire royale, est le point d’orgue de la visite. Il y a un peu d’attente pour accéder à la salle, j’ai devant moi un couple de retraités français très motivés, dont l’épouse raconte à un mari qui semble intéressé (ou feint très bien) par tout ce qu’elle peut trouver online sur le lieu.
Pour tout vous dire, j’y suis allé deux fois à ces tombeaux saadiens. La première fois c’était sous la pluie, et il y avait énormément de monde qui attendait de pouvoir accéder à la salle. J’avais devant mois deux ravissantes italiennes qui, quand elles ne conversaient pas avec leur joli accent, se mettaient à danser en chantonnant.
Et bien croyez-le ou pas : même s’il y avait plus de monde dans la file d’attente et qu’il pleuvait, le temps est passé beaucoup plus vite qu’avec nos deux retraités. Pas besoin de se cogner le fumeux “paradoxe des jumeaux”, ma “théorie des deux italiennes” démontre parfaitement la dilatation du temps chère à Albert Einstein.
Allez il fait faim, on va déjeuner.
Balade dans la Médina
Nous réintégrons la médina via le quartier Riad Zitoun et on se pose à la cantine des gazelles, un de mes restos coups de cœur de la vieille ville. Bien qu’un vélo Gazelle soit accroché au mur, je pense que le lieu aime laisser penser qu’ici c’est la cantine des jolies filles. En tous cas la déco est assez psychédélique, et l’accueil sympa. .
De manière générale pour déjeuner vous avez l’embarras du choix : la cuisine est bonne et l’accueil est poli et avenant.
Ensuite c’est retour plein centre pour finir l’exploration de la ville historique, dont le soleil fait péter les ocres.
Passage éclair au palais de la Bahia qui draine vraiment trop de monde. Nous avions vu dans le post précédent que le Dar el Bacha, la maison du Pacha, était une très bonne alternative à la Bahia.
Parmi les lieux plus confidentiels et qui m’ont plus touché, je citerais la maison de la photographie qui vous embarque dans une balade en noir et blanc dans l’histoire de la ville. La maison de la photo possède une terrasse sympa si vous souhaitez vous poser.
Le Musée du Parfum
Pas très loin de la maison de la photo on peut trouver le musée du Parfum, hébergé dans un très joli riad, et qui m’a rappelé l’expo à l’IMA qui a incubé ce voyage.
Cèdre de l’atlas, rose, menthe, jasmin ou encore fleur d’oranger, vous allez devenir un expert en parfums d’orient.
J’avais lu qu’à l’issue de la visite on pouvait créer son propre parfum. Il me restait 10 minutes et je me suis dit que j’allais inventer un parfum bien agressif à base d’encens et de patchouli, et l’offrir pour la blague.
Mais j’ai revu mes priorités quand la jeune fille qui anime l’atelier, adorablement gênée, m’a informé du surcout de l’opération; les blagues les plus courtes…
Allez on part boire un coup.
Le café Arabe
A mi-parcours je n’ai toujours pas bu la moindre goutte. Direction le Café Arabe qui fait face au Jardin Secret, un endroit branchouille avec une jolie vue et qui sert de l’alcool.
Tout juste assis, je me suis dit que Marrakech c’était aussi l’occase de faire une escapade dry. Je me suis contenté d’un café aux épices dans lequel il y avait autant à boire qu’à manger, et j’ai terminé mon séjour sans avoir picolé.
Les cascades d’Ouzoud
Lorsqu’on séjourne à Marrakech il faut en sortir au moins l’espace d’une journée, s’extirper un instant du bourdonnement constant de la Médina.
De nombreuses petites agences proposent des escapades vers l’Atlas, le désert ou encore les vallées environnantes. Nous avons opté pour les cascades d’Ouzoud, à quelques heures de voiture de la ville rouge.
La route est par moment panoramique, elle permet de compléter la vision “intra-muros” que nous avions jusqu’ici du coin. La route montre aussi les stigmates du tremblement de terre de 2023, visibles également dans Marrakech.
Après trois heures les chutes se dévoilent enfin.
Hautes de plus de 100 mètres, ces chutes sont peut-être les plus hautes d’Afrique. La pluie la veille a chargé les eaux d’argile, la montagne crache une eau rouge.
Le chemin qui permet de descendre dans la gorge est un repère pour les singes des montagnes qui viennent resquiller un peu de nourriture. Il faut parait-il s’en méfier mais je les ai trouvés d’une zénitude absolue, ce qui n’était pas toujours le cas chez quelques congénères affolés de voir les macaques s’approcher.
Tout au fond, l’oued est rempli de boue argileuse et il très difficile de progresser. Nous nous retrouvons à seulement quatre à pousser jusqu’au bout, dans un élan de sacrifice de nos chaussures.
J’ai adoré cette balade, et même si la pluie a changé la donne le décor reste grandiose.
Au retour nous nous sommes faits contrôler à un barrage. J’avais laissé mes papiers en sécurité au riad mais j’étais plutôt confiant, jusqu’à ce que je constate que le chauffeur n’avait pas non plus ceux du véhicule. Les palabres ont un peu duré mais visiblement ça s’est réglé et nous avons pu repartir pour Marrakech.
Dernière soirée
Et voilà les amis, nous arrivons au bout de ce chouette séjour que la visite à l’IMA en janvier avait fait germer. Pour ceux qui souhaiteraient aller saluer la perle du sud je partage ici quelques conseils, en complément des recommandations de bon sens que vous trouverez sur tous les sites routards.
- Choisissez un hébergement dans ou proche de la médina, pour vivre l’expérience à fond.
- Partez avec une carte de la ville téléchargée dans votre téléphone, la médina est un labyrinthe où vous vous perdrez souvent. Donnez toujours l’impression que vous savez où vous allez même quand vous êtes paumés.
- Si vous logez plein centre, choisissez un riad avec une terrasse panoramique ou un patio sympa afin de pouvoir vous poser un peu pour mieux repartir.
- Attention aux motos dans la médina, si vous pensez être prioritaire au final vous ne le serez pas.
- La ville est super safe, mais j’ai échangé avec un jeune originaire de Porto en allant à Majorelle et qui m’a raconté s’être fait racketté la nuit précédente dans la médina, en rentrant un peu éméché de la ville nouvelle avec ses potes. Je pense qu’il y a peu d’intérêt et rien à gagner à trainer à 3 heures du matin dans le labyrinthe de la vieille ville.
- Comme vous êtes dans un pays musulman il faut essayer d’avoir une attitude qui ne froisse pas vos hôtes, comme on apprécie en retour les touristes qui respectent notre mode de vie.
Voilà ce que j’ai en tête, en gros quand on fait preuve de bon sens on passe généralement un excellent séjour.
Vous remarquerez au passage que Marrakech c’est aussi la ville des chats, et en laissant sortir le cable chargeur de mon sac, je me suis fait quelques nouveaux amis.
Et voilà c’est déjà la dernière soirée, retour sur la Place des Epices pour assister à un dernier coucher de soleil.
Puis c’est le vol retour pour Paris, on en reste là avec la Perle du Sud j’espère vous avoir donné un peu envie d’aller la découvrir et de vous dépayser un peu. Pour ma part je pense retourner assez vite au Maroc, dans les environs de Tanger ou encore autour de Fes et de Meknes.
Au passage n’hésitez pas à vous abonner au blog.
Bon week-end
N.