Il n’est pas loin de quatorze heures lorsque le Boeing 737 de la Norwegian se pose lourdement sur le tarmac après une descente un peu poussive. La cheffe de cabine entame un long monologue dans la langue de Munch, avant de conclure d’un laconique « Welcome to Oslo » à l’attention de ceux qui n’ont pas fait viking première langue.
Les amis vous l’aurez compris, cette semaine je vous emmène balader sur la péninsule scandinave du côté d’Oslo la capitale où, selon une étude récente, les habitants seraient les plus heureux au monde.

Une escapade organisée par le CSE, anciennement comité d’entreprise, et nous nous vîmes donc presque cinquante en arrivant à l’aéroport. Une petite heure de bus pour rejoindre l’hôtel situé sur Karl Johan gate l’avenue principale de l’hypercentre, quelques minutes pour récupérer les chambres, et nous voilà déjà partis explorer la capitale Viking.

La bonne nouvelle c’est qu’il fait plutôt beau et tempéré, une météo proche de celle que nous avons laissée à Paris.
Premier Contact
Le premier réflexe lorsqu’on commence sa visite de la capitale norvégienne est de grimper directement sur le toit de l’opéra, le symbole de la ville, histoire d’avoir une vue sur toute la rade. Le long des quais, des saunas permettent de se prendre un shoot de vapeur avant de plonger dans l’eau glacée du fjord. Quand on a pour ancêtres les Harald « hache sanglante » et autre Sven « à la barbe fourchue », on ne peut pas entrer dans l’eau sur la pointe des pieds en se mouillant délicatement la nuque.


Coté feeling on remarque vite que la ville est à taille humaine et qu’il y règne une certaine douceur de vivre. On sent qu’Oslo n’impose aucune énergie, libre à vous de la parcourir en mode speed visite ou de privilégier une approche slow life. Aux eaux glacées du fjord nous avons préféré une bonne bière à l’incontournable Salt, un sympathique tiers lieu comme je les aime et qui mêle art, musique et vivre ensemble.

Alors les amis, si vous avez l’habitude de voyager avec un certain pouvoir d’achat vous allez voir qu’ici vous allez vite apprendre à compter. Le pays est assis sur de solides réserves hydrocarbures, le salaire moyen est de 4600 euros dans le privé (5000 dans le public) et le coût de la vie va avec. A 15 euros la bière ou le verre de vin on s’évite naturellement tout excès éthylique.



Nous continuons notre exploration par une petite marche dans le Oslo bohème que nous verrons plus loin, puis un restau… indien car quand on balade en groupe on doit trouver le plus grand dénominateur commun. Nous finissons la soirée dans un pub, c’est soir de match et le champion de Norvège affronte Tottenham en demi-finale de coupe d’Europe.

Alors ce champion de Norvège vous l’avez ? Ce champion c’est Bodo Glimt, je vous l’accorde ça sonne plus comme un personnage de roman de Tolkien que comme une équipe de foot. Nos amis norvégiens vont perdre contre les anglais, mais ils auront quand même fait une demi-finale dans une compétition où l’Olympique de Marseille, mon club de cœur, n’était même pas qualifié.

Une excellente première journée; passé la surprise de l’architecture très disparate d’une ville qui s’est développée trop vite, on se laisse vite séduire par l’atmosphère et la coolitude des lieux.
La carte postale
J’essaye autant que possible sur ce blog d’éviter la carte postale et de privilégier une vision plus alternative des lieux, mais pour Oslo je n’ai pas eu le temps de découvrir le visage plus underground et nous allons donc rester en surface

l’europe, mais pas trop
La Norvège a rejeté a deux fois par référendum l’adhésion à l‘Union Européenne et elle possède donc sa propre monnaie, la couronne norvégienne. Si vous ne voulez pas vous coltiner des couronnes vous pourrez payer partout avec votre carte bancaire. S’il a rejeté l’UE, le pays fait néanmoins partie de l‘espace Schengen, et donc la bonne nouvelle c’est que vous pourrez probablement utiliser votre forfait internet français, bien utile lorsqu’on visite une ville.

Pass ou pas pass ?
Si vous êtes partis pour visiter les musées et autres lieux de culture, la ville propose un Oslo Pass qui donne accès à la majorité des monuments. Je ne l’ai pas pris car j’étais dans une autre énergie, j’ai fait cependant l’acquisition d’un pass pour les transports qui donne un accès illimité pendant 24 heures aux tramways, métros, ferrys… et qui est vite amorti même si l’essentiel de la ville se fait à pied.


Les différents quartiers
La cartographie d’Oslo n’est pas difficile à appréhender car la ville a été complètement détruite au 17ème siècle lors d’un incendie géant et a été reconstruite de façon moderne avec des grands axes. Exit donc les dédales des villes moyenâgeuse où il fait bon se perdre.

Pour se repérer c’est plutôt simple : on trouve à l’ouest les quartiers huppés, à l’est les quartiers populaires, au nord la Oslo bohème et au centre la ville moderne bordée au sud par les eaux du fjord, des eaux qui se jettent dans la mer du nord située à une centaine de kilomètres.
Allez on part se faire un petit survol de la ville.
A l’ouest, rien de nouveau
L’avenue principale Karl Johan où nous avons nos quartiers débouche à l’ouest sur le palais royal, et oui la Norvège reste une monarchie constitutionnelle. Au-delà du palais on traverse des quartiers résidentiels huppés jusqu’au Vigeland parc, un lieu qui a laissé dans le groupe une impression contrastée.


L’installation héberge plus de deux cents œuvres du sculpteur Gustav Vigeland qui a voulu représenter le cercle de la vie. Certains d’entre nous ont adoré, d’autres ont détesté ou ont trouvé les œuvres un peu malaisantes, à l’heure où je vous parle il y a peut-être des statues en garde en vue.



Pour ma part les sculptures ça m’a toujours un peu gonflé, je dirais donc que si vous avez une impasse à faire, faites là sur cet ouest osloïte (barbarisme assumé).
L’est Multiculturel
J’espérais tomber sur un Bricklane ou un Brixton, les quartiers multiculturels londoniens qui font l’âme de la ville, mais je n’ai pas eu le temps de vraiment explorer Tøyen et Grønland, ces quartiers populaires à l’est d’Oslo.

Nous nous y sommes rendus à l’aube et Oslo a globalement tendance à émerger assez tard, du coup nous n’avons pas pu voir grand-chose. Café trendy dans ancienne caserne de pompier, nombreux magasins et restaurants, on sent que la gentrification est en marche, ce qui risque de pousser les plus pauvres à s’éloigner encore. Surtout qu’on reste à moins de 10 mns en transport de l’hypercentre.

Cet est osloïte en plein essor est devenu un lieu de sortie prisé. Nous y sommes retournés un soir, un ancien atelier mécanique qui semble désaffecté abrite un spot très couru de la capitale, le Mekaniske Verkstad. Bon choix de bières et ambiance cosy avec éclairage à la bougie et banquettes Chesterfield, un incontournable.



Petit retour par l’instagrammable pont Akrobaten qui relie Gronland au quartier ultramoderne de Bjorvika à l’est du front de mer. Pas facile au passage pour nous latins d’imprimer les noms des différents quartiers, nous avons même eu droit à un « Vous y êtes allés à Groland ? » qui nous a renvoyés en pleine présipauté.

L’hypercentre et le port
L’hypercentre est le cœur économique et politique de la ville, c’est là où se concentre l’essentiel des spots touristiques, les musées, les monuments, les activités culturelles… Généralement ce sont des lieux où je reste peu car pour moi le cœur de la ville bat ailleurs.


Mais les voiliers, le son de la cloche, ces habitants qui convergent vers l’hôtel de ville en tenues traditionnelles pour une énigmatique cérémonie… il règne une atmosphère de mystères un peu à la Lovecraft sur ce front de mer, enfin plutôt de fjord, bref sur le port.

C’est également dans ce quartier que vous trouverez pléthore d’établissements où vous poser pour déjeuner ou boire un verre. Quand on balade en groupe, le truc magique c’est la food court qui permet à chacun de commander selon son envie. Nous en avons trouvé une excellente, Oslo Street Food, qui propose une cuisine des quatre coins du monde.



Si vous êtes en mood culture et monuments, c’est aussi le quartier où vous passerez le plus de temps. Parmi les incontournables on trouve le tout nouveau musée Munch qui fait face au fjord.

Munch est un peintre norvégien plutôt torturé qui a vécu entre les 19ème et 20ème siècles, vous connaissez probablement son tableau le plus célèbre, « le cri », où l’un de ses détournements si vous trainez un peu sur les réseaux sociaux.



Le point d’orgue de la visite est donc le fameux « Cri ». Le tableau est exposé sous trois formes (litho, gravure et peinture) qui permutent toutes les trente minutes afin de réduire l’exposition à la lumière. Les meilleurs en maths auront déjà calculé que dans le pire des cas, il faudra patienter une heure pour voir la version peinture.
Lorsque son tour arrive, le tableau fait une entrée de pop star digne d’un générique de Star Wars.
Pour apprécier le tableau dans de bonnes conditions il suffit d’attendre quelques minutes que les instagrammeurs aient fait leur selfie devant la toile, en se prenant la tête entre les mains pour les plus disruptifs, et la voie est libre.

Visiblement Edvard Munch était très angoissé et souffrait d’hallucinations, ce cri serait une représentation de son mal-être chronique. L’emoji qui en est probablement inspiré est donc à utiliser dans les cas extrêmes, comme lorsque vous passez la commande au restau et que le serveur vous informe qu’ils ne servent pas d ‘alcool 😱😱😱

Je ne connaissais pas l’œuvre de Munch et j’ai beaucoup aimé son style fantomatique et désincarné, qui rappelle un peu les noces funèbres et l’univers de Tim Burton. N’hésitez pas à aller visiter ce bijou de musée, chaque étage mérite qu’on s’y arrête, au sommet vous avez peut-être la plus belle vue sur le port et la ville.

On en reste là avec cet hypercentre dont vous trouverez toutes les infos très facilement dans les bouquins ou online.
Pour terminer je vous propose de marcher vers le nord, une balade bohème dans les anciens quartiers industriels de la ville.
Oslo bohème
Direction le nord et nous commençons par l’ancien quartier ouvrier où vivaient au début du 19ième les travailleurs qui bossaient dans les usines installées le long de la rivière Akerselva.

Grünerløkka, le Oslo trendy
Nous empruntons le pont Anken qui traverse la rivière et nous quittons la ville moderne pour Grünerløkka l’ancien quartier ouvrier, aujourd’hui le lieu bohème et branchouille de la ville.

Ici c’est le royaume de la seconde main. Que vous cherchiez le pull norvégien qui fera la différence cet hiver, le jean qui a trop vécu, la robe flower power ou la tenue gothique pour aller aux concerts afterwork, vous devriez trouver votre bonheur.
J’ai même vu dans une vitrine un maillot orange de l’OM floqué Samir Nasri, celui-là a dû faire un sacré voyage…


Grünerløkka c’est aussi des restaurants et des pubs tendances, le bio et le durable sont à l’honneur comme partout dans la ville, peut-être pour rattraper un peu la grosse production d’hydrocarbures.


Nous y avons essayé de la cuisine indienne, ainsi qu’un mexicain qui a gagné sur le fil face au délicat « Puta Madre » voisin qui proposait des tapas espagnols j’imagine percutants. Hé oui les amis, je n’ai quasiment pas goûté à la cuisine norvégienne, ce qui me donne la meilleure raison de revenir.
Allez, on quitte l’ancien district ouvrier pour le quartier post industriel qui longe la rivière.
Vulkan, l’ancien quartier industriel
Nous passons devant un superbe bâtiment de briques et de verre qui s’avère être l’école des Beaux-Arts. Un étudiant (peut-être un prof) en train de monter une installation nous invite à venir assister à la remise des diplômes fin mai ainsi qu’à la fête qui s’en suit, sympa mais ce sera pour une prochaine.

Au pied de l’école nous retrouvons l’Akerselva et sa cascade. La rivière traverse la ville jusqu’à Gronland et se jette dans le fjord.

Il commence à se faire faim, au bord de la rivière le marché Mathallen propose une cuisine de qualité où vous pouvez manger local (carpaccio de cerf, sanglier sauvage, élan…) ou bien opter pour une cuisine du monde de qualité.



Rassasiés, nous filons à l’Urban 2025 tout proche visiter une galerie de street art où nous sommes accueillis par un artiste qui a vécu à Paris et qui parle parfaitement frenchy. Il nous fait une présentation des lieux, nous retrouvons parmi les œuvres Invader et d’autres artistes français.



L’un des grapheurs est présent et son œuvre, une très belle murale, est proposée pour deux-cent-mille couronnes. Un achat que nous avons un (très court) instant envisagé jusqu’à ce que les mathématiques modernes ne nous rattrapent : ce n’était pas mille-sept-cents trop vite calculés, mais bien dix-sept mille euros qu’il aurait fallu sortir.
Nous reprenons notre balade le long de la rivière jusqu’aux anciennes usines reconverties en tiers lieux proposant concerts, pièces de théâtre, happenings, brocantes…



En ce dimanche un marché écolo équitable a investi les lieux, mention spéciale aux mamies qui tricotent en live leurs pulls psychédéliques


Parmi les établissements, le Blå (bleu en norvégien) qui a investi une ancienne usine textile de l’entreprise Indigo offre une terrasse très sympa pour se poser après une bonne marche. Ca ne se ressent peut-être pas en parcourant ces lignes, mais nous avons beaucoup marché.

En début de soirée les lieux tournent en mode concert puis night club. Au passage la Norvège est un temple du black/death/viking… metal. Pas ma branche préférée mais je m’étais dit que je me ferais bien un concert à Oslo, ce sera pour une prochaine fois.

Dans les établissements autour de la rivière pas mal de serveurs parlent français ou sont être originaires d’autres pays européens, la ville semble attirer une jeunesse qui a des envies de participer à cette nouvelle aventure scandinave.
Un dernier verre de vin (servi à la pression pour le coup, ca surprend) et il est temps pour nous de regagner nos quartiers.

Et voilà les amis, j’espère vous avoir donné envie d’aller découvrir cette Oslo bohème bien sympathique.
Une ville dans l’air du temps
Oslo s’est révélée être une capitale européenne à taille humaine, une ville bien dans ses baskets et qui n’impose rien, c’est à vous d’y apporter votre énergie et vos envies. La ville est ambitieuse et vise à devenir la destination incontournable de la péninsule scandinave, je suis persuadé qu’elle va s’en donner les moyens.
Si vous décidez de partir découvrir Oslo, je pense qu’il faut se servir de la ville comme rampe de lancement pour s’aventurer dans les terres et explorer les fjords, pour moi ce sera l’occasion de revenir au pays des trolls.

Plutôt que de vous coller les liens vers les différents lieux que nous avons traversés dans ces quelques lignes, je vous renvoie vers le site officiel qui est extrêmement bien fait, VisitOslo.com, sans doute le plus complet de toutes les villes que j’ai pu visiter.
Farvel venner
N.