Après Oslo nous continuons à voyager, cette fois sans quitter Paris. Le weekend dernier la grande fête hindoue de Holi était de retour dans la capitale ; l’occasion de célébrer entre autres le retour du printemps dans une joyeuse trance chromatique, au rythme des danses et des musiques psychédéliques.

Vous me connaissez, j’aime voyager dans les différentes cultures. On file sur le miroir vert du jardin d’acclimatation transformé pour l’occasion en little India où beaucoup, beaucoup de monde s’est donné rendez-vous dans l’objectif d’en voir de toutes les couleurs.

Le temps de patienter un peu car la file d’attente est énorme même pour ceux qui ont déjà leur billet, de se faire poser un Tilak sur le front en guise de bienvenue, ce troisième œil de Shiva censé porter bonheur, et nous voilà à déambuler dans un Jardin d’Acclimatation relooké aux couleurs de l’Inde.


Holi, une fête qui fédère toute l’Inde
Les amis, la fête de loin la plus dingue que j’ai faite sur Paris c’est la fête de Ganesh, le dieu éléphant qui ouvre tous les possibles, c’était déjà une cérémonie hindouiste. Aujourd’hui touristes et franciliens se sont joints à la communauté indienne pour Holi, une fête célébrée dans tout le pays depuis la nuit des temps, du nord du Pendjab au sud du Kerala, jusque dans les pays étrangers où la diaspora s’est installée.

Pour l’Inde on peut même parler de communautés au pluriel tant le pays est vaste et disparate, et je n’oublie évidemment pas la crème de la crème, les indo-mauriciens : ça ne mange pas de pain (plutôt de naan) et ça fera plaisir à au moins deux abonnées.

Holi Kezako ?
La fête tient son nom de Holika, personnage un brin démoniaque qui a été mandatée par son roi et tyran de frère pour punir son fils Prahlad, ce dernier préférant idolâtrer le dieu Vishnou plutôt que son padre qui se prend lui-même pour une divinité.
Immunisée contre le feu, Holika a entrainé son neveu sur un bûcher pour essayer de le tuer, mais croyez-le ou pas c’est Holika qui a pris feu, Prahlad a été sauvé par sa foi.

Au delà du printemps et de la fertilité, Holi célèbre donc aussi la victoire du bien contre le mal, de la lumière sur les ténèbres. Surprenant d’ailleurs qu’ils aient gardé le nom de la méchante tata pour baptiser la fête.
En Inde la fête s’étale sur plusieurs jours et on commence par allumer les « Feux de Holika » dans tout le pays. Pendant Holi il semblerait qu’il n’y a plus vraiment de notion de caste, tout le monde peut se mélanger et faire tomber l’espace d’une journée la distanciation sociale inhérente à ce système hiérarchisé.


Sur Paris, si lors de la fête de Ganesh la dimension religieuse est vraiment prégnante, pour Holi on est plutôt sur un plan purement festif à vouloir s’envoyer des couleurs au visage.
La fête des couleurs
Le Jardin d’Acclimatation s’est donc mis à l’heure indienne en ce samedi pour accueillir les festivaliers venus célébrer Holi. Une petite rue propose des spécialités indiennes ainsi que de l’artisanat, un peu plus loin un ilot est dédié à la street food.

J’ai l’impression que les commerçants et les restaurateurs de Little Jaffna sont venus en force monter quelques stands, Holi est pour le coup un véritable effet d’aubaine. Little Jaffna c’est le surnom du quartier indien de Paris, majoritairement tamoul (sud de l’Inde et Sri Lanka), et qui s’étend entre Gare du Nord et Chapelle.

Marionnettes, défilés, fanfare… Une petite scène assure l’animation tandis que le gros des troupes s’est installé sur le miroir vert où danseurs et musiciens se succèdent et font vibrer la foule.

Alors quand les Indiens font la fiesta ils ne la font pas à moitié. Ça chante, ça danse, à peine trois notes et le morceau est immédiatement identifié et repris en chœur par une communauté qui adore sa culture, un peu comme les Thaïs.

Le tout sous le regard des visiteurs de la fondation Louis Vuitton voisine, Holi c’est quand même plus sympa que les peintures de David Hockney.

Seize heures, l’heure du grand lâcher de couleurs. L’orga est à la bourre et meuble en improvisant des cours de danses Bollywood : je dévisse l’ampoule avec la main droite, puis avec la main gauche, enfin l’autre main droite pour certaines.

Discours de l’ambassadeur d’Inde pour qui l’évènement est une sacrée vitrine, puis un des animateurs a la très mauvaise idée de faire une répétition du compte à rebours pour le lâcher de couleurs : que pensez-vous qu’il arriva à la fin ? La moitié de la foule a envoyé les couleurs n’ayant pas compris que c’était un exercice. L’orga se met à paniquer et veut précipiter le lâcher mais les lanceurs « officiels », armés de machines, ne sont pas tous opérationnels.
Au final, un bordel comme je les aime.

Chaque couleur a une vertu, le jaune pour la ferveur religieuse, le vert pour l’harmonie… Je vous recommande de venir avec des vêtements qui ne vous sont pas indispensables (private joke pour l’amiga qui m’accompagnait) même si en France les couleurs sont censées partir au lavage, contrairement à l’Inde où le mélange pigment et eau est souvent indélébile.

Allez je vous colle une petite vidéo pour l’ambiance..
Et voilà les amis, on en reste là pour cette immersion dans la culture indienne. Si vous souhaitez prolonger, je vous mets quelques liens du blog en rapport avec l‘Inde.
Après l’Inde, ce weekend c’est la Thaïlande qui débarque à Paris : le festival Tout à Fait Thai s’invite au parc de Bagatelle, j’essayerai d’y aller.
Namasté
N.