Après Séville et Cordoue, cap sur Grenade pour terminer provisoirement cette escapade andalouse. Provisoirement car en improvisant la destination quinze jours avant de partir il n’y avait plus de place disponible pour visiter l‘Alhambra, le superbe palais mauresque se réserve presque deux mois à l’avance.
Il y avait sans doute moyen de trouver des billets de dernière minute mais cela aurait nécessité du temps et de l’énergie que nous avons préféré mettre ailleurs, et je me retrouve donc avec une excellente raison de revenir (l’amiga a déjà fait le magnifique palais deux fois).
La vie sans Alhambra a-t-elle un sens à Granada ? On saute dans un train et on essaye de répondre.
Granada, premier contact
Trois heures de train depuis Séville et nous débarquons dans la vieille ville. Nous avons pris nos quartiers à l’entrée du souk et, ce que nous allons vite découvrir, au-dessus d’une boite de nuit.
Ville étudiante et dynamique, on sent de suite que Grenade c’est un peu la jeune sœur turbulente de Séville. En terrasse je recommande un verre de vin, le serveur prend mon verre et regarde dessous d’un air suspect. Je lui demande s’il y a un souci et il éclate de rire en me disant qu’à la vitesse où j’avais descendu le premier, il voulait s’assurer que le verre n’était pas percé. Ca m’a fait rigolé mais à Séville celle blague là on vous la fera pas.
Au passage, chaque fois que vous commandez un verre, on vous apporte avec un tapas “random”. C’est très surprenant, vous pouvez presque déjeuner en ne commandant que les boissons.
La vieille ville
On reprend notre exploration de la vieille ville qui s’enroule autour de la cathédrale. Ce centre historique est super animé, avec ses marchés, ses places et ses ruelles où s’alignent les échoppes et les restaurants.
Grenade fait partie de ces villes où l’on se sent immédiatement à l’aise. Une ville accueillante, à taille humaine, une ville vivante et non pas une ville musée au centre-ville déserté, seulement rythmé par le bruit des valises à roulettes.
EgLises et dorures
A l’instar des autres villes andalouses, on trouve à Grenade pléthore d’églises très chargées. Mention spéciale à la basilique de San Juan de Dios qui ne paye pas de mine de l’extérieur, mais qui vous coupe le souffle quand vous y pénétrez.
Tout ici rappelle la conquête du nouveau monde et les vaisseaux qui rentraient en Espagne chargés d’or. Une ambiance solennelle, juste troublée par l’énorme éclat de rire d’une jeune visiteuse quand elle aperçoit sa maman affublée d’un casque de réalité virtuelle.
En s’éloignant un peu on sort de l’agitation, une balade sympa consiste à suivre la rivière au pied de l’Alhambra, l’ancien chemin qui montait au cimetière.
Vous le savez, je suis assez fan du mélange des genres que l’on trouve en Andalousie, mais en me baladant dans les rues de Grenade j’ai l’impression que l’architecture hispano mauresque est beaucoup moins visible qu’à Séville. C’est inattendu quand on sait que Grenade est la ville qui est restée le plus longtemps sous domination berbère, allez on remonte un peu la pendule…
Le royaume de Grenade
Nous avions vu dans les posts précédents comment les armées arabo-berbères ont débarqué au tout début du 8ième siècle à Gibraltar et ont très vite conquis une péninsule ibérique gouvernée par les rois wisigoths. Comment pendant plusieurs siècles les différentes dynasties musulmanes ont administré al-Andalous, avec même un âge d’or en matière philosophique, artistique et scientifique, jusqu’à ce que les royaumes chrétiens du nord reconquièrent toute la péninsule.
Toute la péninsule ? En fait pas vraiment : si la prise de Tolède a entrainé la chute de Séville et de Cordoue mettant fin à cinq siècles de domination berbère, l’émirat de Grenade résiste et devient le dernier territoire musulman d’Espagne. Difficile à reprendre pour des raisons géographiques, il va alors s’installer une paix de près de deux siècles entre le royaume de Castille et une Grenade prospère où les Nasrides font construire de nombreux palais, dont la belle Alhambra.
Et puis va arriver le moment où Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, les fameux rois catholiques enterrés dans la chapelle royale de la cathédrale de Grenade, vont reprendre les hostilités. Après dix ans de guerre, en 1492, Grenade abdique et la Reconquista est terminée. 1492 une date charnière car c’est aussi l’année où Christophe Colomb va découvrir le nouveau monde pour le compte de la couronne de Castille.
Les amigos, si au prochain diner votre voisin tape du poing sur la table et lance un “Et ce Macron qui est allé vanter la période al-Andalous devant le roi du Maroc !” vous voilà armés pour débattre ou esquiver.
Allez il se fait faim, on file diner dans la vieille ville et on ne tarde pas car demain on a une grosse journée.
L’Albaicin et le Sacromonte
Aujourd’hui les amigos nous allons prendre un peu de hauteur et partir explorer deux quartiers incontournables de la ville, mais pour commencer on prend des forces avec les churros, les indispensables de tout petit déjeuner andalou qui se respecte.
Direction la porte d’Elvira que je rebaptise porte de la trandspiradzionne car là il va falloir grimper et on va travailler un peu le cardio. Cette porte permettait d’entrer dans la ville arabe à l’époque d‘al-Andalous.
L’albaicin, l’ancien quartier arabe
Une fois la monumentale arche franchie, on se retrouve dans l’Albaicin, l’ancien quartier arabe de Grenade. Véritable labyrinthe, le quartier étend ses ruelles et ses maisons blanches sur toute la colline qui fait face à l’Alhambra.
Alors les amis ça grimpe sévère, vous risquez de regretter les quelques sangrias du déjeuner. Difficile de savoir qui vivait dans ce dédale pendant la période islamique. Peut-être les plus précaires, peut-être la cour, ou encore les employés et artisans de l’Alhambra qui trône juste en face…
En avalant les marches et les ruelles pavées, vous allez découvrir que le quartier offre de nombreux points de vue sur l’Alhambra, vous allez pouvoir admirer la belle forteresse rouge sous toutes ses coutures.
L’Alhambra les amis c’est le témoin le plus prestigieux de la présence islamique en Espagne, une ville palais unique au monde construite par la dernière dynastie, les Nasrides.
Si les premiers miradors donnant sur la forteresse sont bien connus des touristes, il y a une petite mosquée qui permet d’admirer le palais Nasride un peu plus au calme.
J’ai écouté attentivement cette maman française d’origine sans doute maghrébine raconter l‘Alhambra à ses enfants, nous nous retrouvons tous avec un patrimoine commun.
Bon les amigos, si on veut avoir des vues un peu différentes de celles des influenceurs qui instagramment à outrance alors il va falloir continuer à grimper, direction le Sacromonte, le quartier des gitans.
Le Sacromonte
Manouches, tsiganes, romanichels ou encore bohémiens. Les roms, peuple originaire de l’Inde, portent des noms différents selon où ils se sont installés. Le Sacromonte est le quartier des gitans, les roms d’Espagne.
Arrivés juste après la Reconquista, les gitans se sont installés dans les grottes sur les hauteurs de la ville. Jamais vraiment intégrés, parfois persécutés, les gitans restent indissociables de la ville de Grenade.
En baladant dans les ruelles vous pourrez peut-être, contre quelques pesos, jeter un œil à une maison troglodyte.
Si l’occasion de visiter une maison gitane ne se présente pas, le Museo Cuevas de Sacromonte va tout vous expliquer, vous en sortirez docteur en histoire du peuple gitan et en habitat troglodyte. Cerise sur le gaspacho, le museo offre une mega vue sur l’Alhambra.
Comme l’Albaicin, le Sacromonte offre différents points de vue sur l’Alhambra. Sauf que la montée a écrémé et en dissuadé beaucoup, vous pourrez donc admirer la forteresse en toute tranquillité.
Tout en haut du Sacromonte se trouve une abbaye un peu loin de tout. Cette abbaye est un lieu de pèlerinage, elle est raccord avec le reste du quartier car là encore on va se balader dans des tunnels creusés dans la roche.
En redescendant nous retombons sur les points de vue accessibles et qui sont pris d’assaut pour assister au coucher de soleil sur la forteresse. Si vous allez à Grenade, n’oubliez pas d’aller explorer ces deux villages de l’Abaicin et du Sacromonte.
Et le Flamenco
Est-ce que ce sont les gitans de Triana où bien ceux du Sacromonte qui sont à l’origine du Flamenco ? Ce style prend probablement ses racines dans la nuit des temps, et a sans doute évolué avec l’exode des gitans jusqu’à sa consécration en Andalousie. Cet art élevé au rang de religion raconte les sentiments humains exacerbés, amour, tristesse, joie et souffrance….
Si vous voulez vous lancez, je déconseille fortement la pratique du Flamenco en appartement sous peine d’AG de copro houleuse. Mais je vous encourage de toutes mes forces à aller découvrir cet art dans un tablao de Sacromonte.
J’ai été complètement envouté par l’ambiance du lieu et les danseuses gitanes, un peu comme Frollo et Quasimodo ont pu l’être par la plus célèbre des bohémiennes, la belle Esmeralda.
Les amigos, ne quittez surtout pas l’Andalousie sans avoir assisté à un spectacle de Flamenco. Privilégiez une toute petite salle, quitte à recevoir quelques gouttes de sueurs quand les danseurs tourbillonnent car la concurrence est rude et les artistes donnent tout.
Un quatrième volet imminent
Et voilà les amis, on redescend tranquillement vers le quartier de la cathédrale pour la dernière soirée andalouse, au son des tapas. C’est samedi soir et l’ambiance est partout dans le centre historique.
Vous l’aurez compris je suis assez fan de cette région du sud de l’Espagne, la visite de l’Alhambra me donne la meilleure des raisons de revenir et d’ouvrir un quatrième volet très vite. Une trilogie à quatre temps c’est atypique, ça doit même prendre de la valeur avec le temps.
Si vous avez loupé les premiers épisodes je vous les colle ici :
Hasta luego, bon weekend
N.
3 commentaires
Encore une fois tu nous fais voyager et l envie voyage réactivé, il faut qu en 2025 je me rends en andalousie. Merci nico
Merci Marie Claire !
Trilogie andalouse extra j attends le 4 eme volet avec impatience. Merci nico pour ce voyage en images et en commentaires drôles et instructifs