Début janvier nous étions partis nous enivrer de parfums d’orient à l’IMA, ce petit joyau parisien des bords de Seine, portail sur le monde arabe. Cette semaine je vous propose de prolonger l’escapade orientale, mais in situ. On saute dans un avion et on met le cap la ville rouge qui a donné son nom au Maroc, vous l’aurez compris nous partons pour Marrakech, la gardienne de l’Atlas.
Alors c’est vrai que sur ce blog nous essayons plutôt de privilégier la face B, et qu’en ce sens le choix de Marrakech peut surprendre. Mais même si nous allons dans la carte postale, nous essayerons de ne pas trop nous attarder sur les blockbusters, et de mettre plutôt l’accent sur des lieux un peu moins en tête de gondole.
Deux heures trente de vol depuis Paris, le temps de passer l’immigration et nous voilà dans un taxi; direction la Médina, la vieille ville entourée de remparts où nous avons pris nos quartiers.
Marrakech, premier contact
Si vous pensez posséder un excellent sens de l’orientation, la Médina risque de vous ramener à une certaine humilité. C’est un immense labyrinthe et la carte offline téléchargée avant le départ va vite se révéler indispensable. Les voitures ne pouvant pas circuler dans la Medina, c’est donc à pieds et à travers les souks que nous partons à la recherche de notre riad.
Riad versus Hotel
Pour jouer la carte du dépaysement j’ai opté pour le riad, la demeure traditionnelle marocaine dans laquelle les pièces sont distribuées autour d’un patio ou d’un jardin.
Coté hébergement il y a l’embarras du choix, mais plus vous privilégierez un emplacement central, plus vous serez pris dans un tourbillon qui ne s’arrête quasi jamais. Si vous souhaitez un peu plus de tranquillité et goûter à la fameuse douceur marocaine vous pouvez choisir un logement plus excentré, mais je vous recommande de rester dans la médina car c’est vraiment là où bat le cœur de la ville.
Un Jardin pas si secret
On droppe les bagages au riad et on part explorer la médina. Direction la place des épices située à quelques minutes, et son Café des Epices, l’endroit facile pour se poser et commencer à organiser sa visite. Hé oui, avec un riad central vous êtes à moins de 15 minutes de tous les endroits sympas.
Pas très loin de la place on peut trouver le Jardin Secret, qui ne porte pas forcément bien son nom car tout le monde semble le connaitre.
Construit par un sultan Saadien, une dynastie qui régnait sur le Maroc au 14ième siècle et que nous recroiserons plus loin pour l’un de mes coups de cœurs, le jardin est ouvert à la visite depuis seulement quelques années (d’où peut-être son nom).
N’hésitez pas à aller vous poser au Jardin Secret lors de la visite de la médina, les lieux où l’on peut chiller au calme ne sont pas si nombreux dans la vieille ville.
Les souks
Les souks, situés plein centre, forment un dédale au cœur du dédale. J’ai mis deux jours pour commencer à m’y repérer, et j’ai régulièrement consulté mon GPS jusqu’à la fin du séjour. La règle c’est de toujours montrer que vous savez où vous allez même quand vous êtes paumés, sinon des gens vont se proposer pour vous guider contre rémunération.
Souk des épices, souk des teinturiers, souk du cuivre ou des apothicaires… Marrakech a été dès l’origine un carrefour caravanier au centre des échanges depuis l‘Atlas et le Sahara vers le nord, et perpétue encore aujourd’hui cet esprit commerçant.
Les souks, véritables cavernes d’Ali Baba, sont très animés et vous devrez faire gaffe aux mobylettes qui slaloment au milieu des échoppes en vous frôlant.
Quand vous entendez une mob, serrez à droite et laissez la passer. N’essayez pas d’optimiser le truc en vous décalant sur la gauche ou en prenant des trajectoires bizarres, pensez “right is better, left is hospital”. J’ai vu quand même quelques cartons sans gravité pendant le séjour.
Si vous êtes shopping, le souk c’est l’occasion de tester vos talents en marchandage, en restant toujours souriant et courtois.
Et si comme moi vous n’êtes pas shopping, le souk c’est aussi de nombreux cafés de qualité avec des terrasses offrant de très belles vues sur la ville, les montagnes, ou encore le coucher de soleil.
Les appels à la prière
Les appels à la prière rythment la journée. De la première à l’aube jusqu’à la dernière lorsque la nuit est tombée, les muezzins se répondent pendant quelques minutes depuis les mosquées de la ville.
La place Jemaa EL Fna
Après avoir passé l’après-midi à se perdre (littéralement) dans les ruelles pourpres de la médina, cap sur la place Jemaa el Fna, l’image d’Epinal de la ville et qui s’anime en fin de journée avec ses charmeurs de serpents, ses porteurs d’eau et autres montreurs de singes.
Très touristique, d’ordinaire je vous aurais dit d’y aller une petite heure et de ne surtout plus y retourner, mais comme elle se trouve à la croisée des chemins vous serez amenés à y passer souvent.
Parmi les attractions populaires, les vendeurs de jus de fruits proposent des cocktails honnêtes mais vous en trouverez des meilleurs dans les petits restos. La place se transforme vite en un immense marché où vous pouvez trouver tout et n’importe quoi, jusqu’à des coupes du monde de football plus vraies que nature, histoire de pouvoir ramener la coupe à la maison.
Avec la nuit l’atmosphère se charge d’odeurs de cuisine, de musique et de chants. Encore une fois il est indispensable d’aller y faire un tour, mais inutile de trop s’y attarder.
Une superbe première journée, retour place des huiles par les souks pour un diner au Nomade, un resto moderne avec une vue sympa sur la médina. Puis back au riad pour un repos bien mérité.
Sous la pluie
Le lendemain la pluie s’annonce avec fracas, ce qui est pour les locaux une véritable bénédiction car l’endroit n’est pas des plus humides. Si vous prenez un riad, choisissez en un avec une belle terrasse car comme je l’écrivais plus haut il n’y a pas beaucoup d’endroits où se poser au calme dans la médina.
La pluie c’est jamais top mais la météo on doit faire avec, et c’est aussi l’occasion de visiter des lieux sympas avec moins de monde.
Ma co-voyageuse n’est pas trop branchée shopping, et j’échappe donc aux interminables palabres avec les commerçants des souks. Elle va quand même négocier ardemment deux parapluies, mais que nous trouverons beaaaaucouuup moins chers quelques rues plus loin, de quoi la chambrer un petit moment.
Au passage, je n’imaginais pas que la seule fois où j’utiliserai un parapluie ce serait aux portes du désert.
Allez on passe entre les gouttes et on part découvrir deux endroits que j’ai vraiment aimés. On commence par la Medersa Ben Youssef, située dans le quartier du riad.
La medersa Ben Youssef
Les medersas, ou encore madrassas, sont à la base des écoles coraniques qui logeaient leurs élèves et enseignaient la théologie . A partir du Moyen-Age, les medersas vont se mettre à enseigner aussi la philo, la géo, les maths, la chimie, la médecine, l’astronomie…
Comme on peut le voir ci-dessous, vous pouvez demander à un guide sur place de vous commenter la visite.
La medersa Ben Youssef a vite acquis une renommée nationale et pouvait accueillir jusqu’à presque mille étudiants qui n’étaient pas originaires de la ville.
La medersa a fonctionné pendant 4 siècles. Elle a été agrandie et magnifiée par un sultan saadien, ces saadiens dont je vous ai déjà dit que nous les recroiserons plus loin, mais il faudra attendre le second volet car là je ne vais finalement pas pouvoir tout caler dans un seul article.
On quitte maintenant la madrasa et le quartier Ben Youssef, direction le quartier voisin de Moussaouine pour visiter un superbe palais.
Le Palais Dar el Bacha
Si vous consultez des articles sur Marrakech, vous verrez dans la liste des incontournables le palais de la Bahia que vous visiterons sans nous y attarder dans le prochain article. Une très bonne alternative à la Bahia qui croule sous la foule des visiteurs est ce palais Dar El Bacha, la maison du Pacha.
Le palais date du début du 20ième siècle, il a été construit au tout début du protectorat Français qui a duré presque un demi-siècle, de 1912 à 1955.
Allez on se fait quelques lignes d’histoire. Les premières tensions entre le Maroc et la France apparaissent lorsque les batailles menées pour la conquête de l’Algérie débordent sur le territoire marocain.
Au début du 20ième siècle, les puissances européennes font la course aux colonies pour affirmer leurs puissances économiques et militaires. Le Maroc est convoité à la fois par la France et l’Allemagne, et qui vont presque s’affronter militairement lorsque la France envoie une expédition aider le sultan Marocain à mater une révolte berbère.
Au final le Maroc passera sous protectorat français, les allemands récupéreront en contrepartie une partie du Congo Français qui sera rattaché à leur colonie du Cameroun.
Dar el Bacha servira donc de demeure au gouverneur de Marrakech pendant le protectorat, elle va accueillir tout un tas de VIP pendant la période, de Churchill à Chaplin en passant par Colette ou encore Maurice Ravel.
Depuis quelques années, une partie du palais a été transformée en Musée des Confluences et ouverte au public. Vous y verrez des expos temporaires et quelques explications sur l’architecture marocaine, mais le principal intérêt du lieu reste son magnifique écrin.
Si vous souhaitez aller au café, je vous recommande de vous inscrire dès votre arrivée sur la probable liste d’attente, ce qui vous laissera le temps de visiter le musée avant.
Une très belle seconde journée malgré la pluie qui va tomber non-stop jusqu’à tard dans la nuit. Il est temps de remonter dans le quartier pour diner encore une fois proche de la place des épices.
Nous sommes à mi-parcours et je n’ai toujours pas bu une goutte d’alcool, le challenge est de tenir pendant tout le séjour.
Voilà les amis, on va s’arrêter là pour ce premier volet sinon ça va faire trop long. Pour la suite de l’immersion dans la ville ocre c’est ici : Marrakech – La suite
Bonne fin de week-end.
N.