Je le concède je ne me suis pas fatigué sur le titre, mais vous le verrez cet article est en droite ligne avec le précédent qui nous avait emmené à Camden et dans le East End. Dans ce nouvel opus nous laisserons une nouvelle fois de côté la carte postale, pour mieux nous consacrer à notre exploration de la périphérie londonienne.
Coté programme je vous emmène découvrir Brixton le quartier afro caribéen, puis nous partirons balader sur les canaux au nord de la ville, entre Little Venice, Camden, et jusqu’au East End.
Comme la fois précédente, nous avons pris nos quartiers à Bayswater au nord de Hyde Park où l’on trouve de nombreux petits hôtels. Un camp de base qui permet de se projeter facilement partout grâce à la central line, un peu l’équivalent de la ligne 1 à Paris.
Allez il se fait faim, on droppe les sacs et on file à Brixton, quartier multiethnique principalement habité par la communauté afro caribéenne.
Brixton, le quartier afro caribéen
Si les Guns of Brixton, morceau écrit par le bassiste des Clash et natif du quartier, se sont finalement tus, le quartier paye encore de sa mauvaise réputation qui garde un peu les touristes à l’écart.
Nous débarquons donc à Brixton, qui héberge majoritairement des personnes originaires de la Jamaïque, d’Afrique de l’Ouest ou encore des Antilles. On y trouve également des minorités indienne et chinoise.
Il est 14h et les ventres gargouillent, je suis en train de checker les restos autour quand deux jeunes françaises qui fument devant une enseigne nous conseillent vivement d’entrer y déjeuner car l’endroit est “trop” bon, la patronne “trop” sympa, et ses plats “trop” stylés. Elles sont “trop” jolies, je me laisse facilement convaincre et nous entrons donc au Kricket, un bistronomique indien où la patronne a tout revisité, c’est effectivement excellent.
Les deux françaises finissent leurs plats, nous en profitons pour gratter un max d’info sur ce quartier qu’elles connaissent bien car une y travaille et l’autre y vivait. Elles nous rassurent, Brixton c’est trop bien et on ne doit pas rater le Brixton village et un petit parc plus loin qui sont trop mignons, ainsi soit-il.
Vraiment sympas les deux frenchies. Nous finissons à notre tour, la pluie a cessé et ne reviendra plus du séjour, nous voilà donc “armed and ready” pour notre immersion.
Brixton, un nouvel espoir
Nous sommes au milieu du 20ième siècle. Les anglais, espérant échapper au vent de la décolonisation, donnent les mêmes droits aux habitants des colonies que ceux des citoyens britanniques. La guerre est passée, tout est à reconstruire, et c’est donc par milliers que jamaïcains, africains et antillais vont débarquer à Londres en quête d’une vie meilleure.
Ces nouveaux arrivants, la génération Windrush (du nom bateau qui a débarqué les premiers jamaïcains), vont s’installer à Brixton, un quartier en devenir mais dont les investissements promis pour le rénover ne viendront jamais.
De l’espoir aux emeutes
Les années quatre-vingt, le thatchérisme fait des ravages. Brixton traverse une grave crise économique et sociale, et se ghettoïse.
When they kick at your front door
How you gonna come?
With your hands on your head
Or on the trigger of your gun
Les Clash, dont le bassiste Paul Simonon est né dans le quartier (comme David Bowie au passage) chantent les violences policières avec leur Guns of Brixton.
Chômage, criminalité, logements insalubres… la situation est explosive. Et l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres va venir d’une loi qui octroie à la police le droit de contrôler au faciès, sur simple suspicion.
Il va s’en suivre une série d’émeutes dans les années 80 et 90 qui vont opposer la jeunesse noire à la police. Beaucoup de violence, beaucoup de blessés, les émeutes vont s’étendre à d’autres villes. Un rapport finira par admettre que la police a sans doute un peu trop usé de cette nouvelle loi envers la population noire.
Retour à Brixton
Le lendemain matin mon amie a rendez vous avec de la famille qui vit en Angleterre, j’en profite pour retourner à Brixton car je tiens à déjeuner dans un resto jamaïcain. Un signe qui montre que le quartier n’est pas encore touristique est que je suis tout seul dans la rame en ce samedi matin. Brixton est tout au bout de la Victoria Line
Je finis par choisir un resto un peu kitch mais sympa, le Turtle Bay Brixton, qui propose des plats caribéens dont le poulet jerk. La cuisine jerk à la base vient des amérindiens, qui seront réduits en esclavage suite à la visite de la clique à Christophe Colomb, et qui passeront la recette à d’autres esclaves venus d’Afrique, les futurs jamaïcains.
On en reste là avec Brixton. Je suis persuadé que ce quartier, à l’image de Brick Lane et du East End, va se gentrifier et devenir un incontournable de toute escapade londonienne. N’hésitez pas à y aller pour un concert ou même juste quelques heures. La ville a son festival “Brixton Splash” début aout, si les finances le permettent je ne m’interdis pas d’y retourner, vous en trouverez de très belles photos ici Brixton Splash.
Allez on finit avec un peu de punk sauce reggae pour l’occasion, the Guns of Brixton des Clash, album London Calling.
Regent’s Canal
Après Brixton au sud, on prend la direction du nord et de son Regent’s Canal qui relie le quartier de Paddington à la Tamise en passant par Camden, Saint Pancras, et le East End que nous connaissons déjà.
Si le canal a eu une utilisation commerciale ce n’est plus le cas depuis le milieu du 20ième siècle. Le canal est ouvert au public depuis longtemps et il permet de découvrir la ville autrement.
De Little Venice à Camden
Nous récupérons le canal à Little Venice, à quelques encablures de Paddington qui pour l’occasion n’est pas un ours mais une gare.
Après une partie un peu urbaine le canal longe le Regent’s park et on a vite l’impression de se retrouver en pleine nature, ce qui rappelle un peu le canal de l’Ourcq dans le nord parisien, un endroit que j’aime particulièrement.
J’ai pu lire (et oui cela m’arrive dans les périodes de grande faiblesse) que les usagers se plaignaient de la cohabitation avec les vélos. Viendez sur Paris les friends, et vous verrez à quel point chez vous le partage du canal entre piétons et cyclistes n’est qu’harmonie.
Après une heure trente de marche on approche de l’extravagant Camden, un quartier que nous avions exploré lors de la visite précédente.
Camden Extravagance
Camden on ne va pas s’y attarder car on l’a fait de fond en comble lors de la visite précédente. Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut imaginer un immense marché déjanté où l’on trouve de tout dans une ambiance électro punk.
A la base un quartier résidentiel huppé, l’arrivée du train et l’ouverture du Regent’s canal au 19ième siècle va entrainer l’implantation d’une classe ouvrière et de beaucoup d’artisans.
Une mixité sociale qui va plutôt bien fonctionner, et qui va incuber la révolution culturelle des années 70. L’ancien quartier d’Amy Winehouse est un temple de la contre-culture, étape indispensable de toute visite de Londres.
La partie ouest Jusqu’à Brick Lane
La partie ouest du canal est plus urbaine, avec pas mal de pubs et autre restos où se poser. Beaucoup plus fréquentée, majoritairement par une jeunesse qui des envies de chiller dans un cadre bucolique.
Je vous recommande de préparer la balade car il y a des lieux très sympas sur le parcours, mais ça nécessite de sortir temporairement du Canal et d’y retourner.
Retour à Brick Lane
Le canal frôle Brick Lane et c’est donc l’occasion de revenir dans un de mes quartiers préférés, quartier qui héberge principalement la communauté bangladeshie. Brick Lane nous l’avions également décortiqué lors de la visite précédente. Ancien coupe gorge, c’est aujourd’hui un lieu hyper animé où les locaux aiment se rendre pour chiner la fringue vintage indispensable au look de la prochaine sortie.
Pour le dej nous voulions nous faire un incontournable fish and chips, j’avais pensé au Ten Bells que nous avions vus lors de la visite précédente, le pub où Jack l’Eventreur était allé faire son marché (il faut lire le blog précédent les amis). La jolie barmaid toute tatouée nous informe qu’ici ils ne font que de la bière, et nous route vers Poppies, une institution située à quelques rues.
Le Poppies sert un fish & chips traditionnel depuis 1945. Pour rappel, le fish & chips c’est un filet de poisson (ici du haddock) plongé dans une panure à base de bière, et servi avec des frites et une sauce tartare.
La nuit tombe déjà sur le East End, l’endroit prend des airs un peu fantomatique, il est temps de rentrer au camp de base.
Et voilà les amis, on en reste là avec cette escapade londonienne. J’espère que vous irez boire une bière sur le Regent’s Canal ou prendre un petit rhum à Brixton sur des airs de reggae.
Au delà de ces deux lieux, nous avons parcouru la ville dans toutes ses longueurs, marchant jusqu’à 25 kms par jour entre carte postale et quartiers plus confidentiels (ce sera peut-être pour un prochain article).
Si vous souhaitez parcourir la balade londonienne précédente, c’est ici : London Calling
A suivre une escapade en Arménie, à la découverte de la capitale Yerevan et de ses alentours.
Have a good night
N.