Après les parfums de l’INA, le Nouvel An Chinois et l’escapade à Marrakech, nous laissons reposer notre quête d’Orient et nous partons nous faire un peu chatouiller l’imaginaire. Cette semaine je vous embarque pour une balade merveilleuse et un peu flippante, direction les anciennes halles à vin de Paris et son Musée des Arts Forains, sans doute un des lieux les plus oniriques de la ville.
Allez on pousse la porte des contrées de l’imaginaire et on se laisse happer, ambiance carrousel, chamboule tout et pommes d’amour c’est parti…
Un hôte mystérieux
Lorsque vous poussez la porte du musée des arts forains, sachez que vous pénétrez chez le Jean-Paul Favand, le propriétaire, et qui habite le site.
Entrepreneur, antiquaire, scénographe, comédien… ce personnage discret aux multiples casquettes est également collectionneur. Il a entrepris de rassembler et restaurer des objets de curiosités, notamment autour du spectacle et de la fête foraine.
Mais quand on collectionne des installations foraines et des manèges on a vite besoin de place. Aussi dans les années 90, Favand installe son encombrante collection dans les chais de Bercy dans le 12ième, ces anciens entrepôts à vin du temps où Bercy était la capitale viticole française.
L’histoire des fêtes foraines
Les amis, nous avions vu lors des Médiévales de Provins l’histoire des Comtes de Champagne et de leurs incontournables foires. Dans ces foires on trouvait déjà, outre le commerçant et le banquier, le fameux saltimbanque qui divertissait la foule avec ses tours et ses boniments.
Avec les bouleversement économiques et sociétaux induits par le changement de régime puis l’industrialisation, ces grands espaces d’échanges commerciaux vont laisser la place à des évènements laïques et festifs : les fêtes foraines.
Ces fêtes foraines deviennent vite des bijoux d’art décoratif. Il faut attirer le visiteur et le faire voyager. Pour masquer les mécaniques qui font que les fêtes foraines sont mobiles, et bien on charpente, on peint, on dore, on sculpte et on décore. Tous les styles se mélangent, du baroque au romantique, du mythologique à l’animalier, parfois dans un excès qui emmène au vertige. On y trouve différentes écoles (française, allemande…) et les meilleurs artisans sont mis à contribution.
En plus d’être des laboratoires d’innovation, Les fêtes foraines sont aussi des vecteurs de communication, elles colportent les nouvelles de villes en villes, dans une société encore sans télévision.
La fête foraine aura son apogée pendant la Belle Epoque. La Belle Epoque, que nous confondons souvent avec les années folles, c’est cette période (ressentie comme) dorée, à cheval sur la fin du 19ième et le début du 20ième siècle. Une période de modernisation et de croissance économique, de forte urbanisation, et qui voit apparaitre une classe moyenne qui a des envies de gouter aux loisirs de la haute société.
Et quoi de mieux que la fête foraine pour assouvir ses désirs d’ascension sociales ? On y fait du tir, on monte à cheval et en voiture grâce aux manèges, on voyage avec les cabinets de curiosités, on déguste de la coco et du pain d’épice (avant l’avènement de l’incontournable barbe à papa), et surtout on vient admirer un phénomène nouveau et fascinant que les forains savent sublimer : la fée électricité.
Le Musée des Arts Forains
La bonne nouvelle les amis, c’est que le musée propose des visites guidées le weekend. Ces visites sont animées par des comédiens qui jubilent de performer dans un tel écrin.
Je vous recommande de booker la dernière visite de la journée, comme cela vous pouvez prendre votre temps, vous n’aurez pas un groupe derrière qui vous pousse aux fesses.
Rendez-vous est pris un samedi de janvier, la comédienne qui va guider la visite nous accueille avec une forte énergie. Le groupe est sympathique, il y a peu de chances de mal tomber dans ce genre de lieu. Les visiteurs viennent de diverses régions de l’hexagone, c’est souvent une personne qui a beaucoup aimé le lieu et qui revient afin de le faire découvrir à des amis (c’est également notre cas, je joue le rôle du revenant).
Le Théatre du Merveilleux
Les présentations faites, la guide émérite pousse la porte du Théâtre du Merveilleux et nous voilà partis pour deux bonnes heures à déambuler dans un monde à la fois merveilleux et effrayant.
Restez dans mes pas les amis, car qui sait ce qui vous attend tapi dans l’ombre, ce qui vous observe depuis les sombres recoins des pavillons faiblement éclairés.
C’est vrai que la fête foraine et le cirque font bon ménage avec les romans et les films d’angoisse. J’aime bien au passage le cinéma de Jordan Peele ( « Get Out », « Nope »…). Les premières minutes de « Us », avec la petite Adelaïde perdue dans le palais des glaces de la fête foraine et qui va faire une surprenante rencontre, annoncent un film particulièrement dérangeant.
Le Théâtre du Merveilleux vous fait remonter au temps des expositions universelles. Je ne vais pas tout vous révéler, mais l’un des moments forts a été la course de cheval, une attraction où vous faites avancer votre canasson à l’aide d’une boule. Le cheval avance d’autant plus que le trou dans lequel vous envoyez la boule est difficile à atteindre.
Ma boule étant restée coincée lors de la première partie, j’ai pu en faire une seconde que j’ai gagnée sur le fil (le secret : la boule va là où vous l’envoyez). Et oui les amis, au Musée des Arts Forains on ne fait pas que contempler, on fait aussi partie du spectacle.
La guide m’a demandé, en tant que vainqueur de la course, d’ouvrir le bal qui allait suivre. Mais la danse et moi….
Allez on change de lieu et d’époque, direction l’Italie toute proche…
Les salons Venitiens
Les salons vénitiens vous ramènent au temps du carnaval de Venise qui durait… six mois ! La guide nous a demandé de nous déplacer dans la grande pièce en nageant dans les canaux et nous nous sommes exécutés. Comment ? Je vous laisse imaginer.
Arlequin, Colombine, Pierrot… Le lieu est habité des personnages de la Comédia del Arte, et les automates chantent l’opéra à la perfection.
Le récital des automates est bluffant, pour moi il mérite la visite à lui tout seul.
Pour l’anecdote, c’est Napoléon qui a fini par interdire le carnaval de Venise. Quand on n’a pas que des amis, on évite de passer 6 mois parmi les gens masqués.
LE mUSeE DES aRTS fORAINS
Le dernier pavillon porte le nom du musée, il est dédié à la fête foraine et héberge des manèges d’époque dont un magnifique vélocipède datant des années 1880.
On fait fonctionner le manège à la force des mollets, et on lui donne très vite de la vitesse. Il y a une dizaine d’années, lors d’une précédente visite, c’était les pompiers de paris qui détenaient le record de vitesse. A mon avis le record tient toujours.
Le Magic Mirror
Cette magnifique salle de danse des années 2O n’est pas ouverte à la visite, mais j’ai pu la visiter en allant au musée pour un repérage dans le cadre du boulot. Le musée vit beaucoup de l’évènementiel, et le jour où j’organise là-bas mon anniversaire vous serez tous invités.
Au passage un petit mot sur Francois Sarano, ancien de l’équipe Cousteau et militant infatigable de la préservation des océans. Sarano transpose les rencontres qu’il a pu faire lors de ses nombreuses plongées et prêche la curiosité de l’autre. Un plaidoyer pour la préservation de la vie et la rencontre, plus d’infos ici.
Et voilà les amis, on en reste là avec cette escapade onirique au pays de la fête foraine et du spectacle. Je vous encourage chaudement à aller visiter ce lieu hors du temps et unique en europe. Rappel : n’oubliez pas de choisir la dernière visite de la journée pour pouvoir prendre votre temps et profiter pleinement de toutes les attractions. Vous trouverez toutes les infos pratiques ici : arts-forains.com .
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Bonne soirée
N.