Cette semaine je vous embarque pour la première grande escapade à vélo de l’année. Direction la Bourgogne, ses vignes et ses grands crus, pour une balade à flanc de coteaux qui va nous emmener depuis Dijon jusqu’à Macon.

Petite nouveauté, nous avons pris les VAE dans l’idée de pouvoir s’échapper plus facilement du tracé et d’improviser, nous tirerons les conclusions à la fin.
Comme le périple est long, je vais splitter la balade en deux parties afin que ce soit plus digeste.
La capitale des Ducs de Bourgogne
Ce n’est pas un double mais un triple TER qui nous attend en gare de Bercy en ce week-end de pont où beaucoup de monde est attendu dans les gares. Conséquence, le TER est trop long pour la plupart des quais où il est reçu, et ceux qui comme nous sont dans le train de queue doivent profiter des différents arrêts où ils peuvent sortir pour rejoindre un des deux trains de tête.

Heureusement pour nous le quai de la gare de Dijon est assez long pour qu’on puisse y débarquer avec les vélos, en plus sans stress car le train y fait une pause de 25 minutes.

Le temps de prendre nos quartiers au République, un hôtel charmant très pratique lorsqu’on se déplace à vélo (je mettrai les liens à la fin) et nous filons nous balader dans la vieille ville.
Dijon, une ville chargée d’histoire
La Bourgogne a longtemps été un état rival du royaume de France. Un état influent en Europe, bâti autour de Cluny le berceau à l’époque de la chrétienté, et qui englobait en plus de la région que nous connaissons aujourd’hui le Nord, le Luxembourg, la Belgique et jusqu’à la Hollande.

Un état administré par les fameux Ducs de Bourgogne qui ont fait transpirer plusieurs fois les rois de France, jusqu’à ce que ne se pose des problèmes de succession et que le royaume de France n’en profite pour absorber ce turbulent voisin.

L’étape IDéALE
Nous avions découvert Dijon lors d’une précédente escapade à vélo sur le canal de Bourgogne, ses multiples connexions avec Paris en font la ville idéale pour commencer ou terminer son périple dans la région.

La ville est très animée, notamment autour des halles où nous nous sommes posés pour diner après la balade. Attention les établissements se remplissent très vite ici.


On repère un bar qui a l’air sympa, on demande conseil auprès d’un jeune au look de doctorant en bistrologie et substances illicites. Le jeune homme nous dit que si lui fréquente (assidument) le bar voisin, celui qui nous fait de l’œil est quand même sympa et on ne sera pas déçu.
En échangeant, le gars me demande d’où vient mon accent, je réponds Marseille et là il s’éclaire d’un « Allez l’OM frérot, Chris Waddle ! » qui m’a renvoyé à mon adolescence.
Le coup de Coeur
Avec l’amiga nous nous installons donc dans ce bar, « Chez Nous », au milieu d’une ruelle étroite et taguée. Un établissement qui s’avère vite être un bistrot comme je les aime, entre tiers lieu et repaire altermondialiste.
Verre de vin à moins de trois euros, carte simple et efficace, une charmante serveuse aux faux airs de Blanche Neige et Amy Winehouse et qui semble échappée d’un cartoon, l’endroit a tout pour plaire.

Près de moi deux personnes expliquent à une jeune fille qui semble un peu en difficulté qu’elle doit embarquer tout le pain bio car ils en ont trop reçu aujourd’hui. Aider une personne en lui laissant entendre que c’est elle qui vous rend service, c’est le sommet de l’élégance.
Quelques verres de bourgogne aligoté et nous regagnons l’hôtel car on est quand même venus pour pédaler.
Dans les Vignes
Petit tour sur le marché de Dijon car nous avons décidé de piqueniquer les midis, un dernier café et nous prenons la route. Quelques coups de pédales et nous récupérons vite la voie verte qui va nous emmener au travers des vignobles, à commencer par la célèbre côte de nuits.

Sur la Côte de nuits
C’est donc parti pour une étape d’un peu plus de cinquante kilomètres qui va nous conduire jusqu’à Beaune. Je vous colle la carte avec la possibilité de télécharger le gpx qui trace la voie verte.
La voie traverse les premiers vignobles et nous nous retrouvons très vite au milieu des parcelles d’exceptions. Si le vignoble de bourgogne ne représente que 4% de la production française, il possède des dizaines d’appellations régionales (Haute-Côtes-de-Nuits, Macon…), communales (Meursault, Pommard…), des premiers crus, et bien sur les fameux grands crus comme la Romanée Conti ou le Montrachet que nous allons traverser.

Le chemin suit de loin la D974, une départementale plus connue des amateurs de vins comme la fameuse route des grands crus.

La voie verte est très peu partagée avec des engins motorisés, mais attention aux « enjambeurs », ces tracteurs qui passent au-dessus des vignes et qui ont tendance parfois à frôler les vélos.

Les Grands Crus
Passés Chenove et Marsannay, nous attaquons les parcelles classées (qu’on appelle climats) et qui donnent les grands crus. Au-delà du cahier des charges très exigeant, ce qui différencie un grand cru c’est la qualité de la parcelle (microclimat, exposition, composition du sol, renommée…).

La Bourgogne compte 33 grands crus, la plupart autour de cette voie verte. Parmi les élus, le village de Gevrey-Chambertin qui compte à lui seul 8 grands crus en « côtes de nuits ».

Allez on se fait une petite descente vers le château de Vougeot.
Le Chateau de Vougeot
Posé au milieu des vignes, le château médiéval de Vougeot mérite une petite halte. Si le château de Givrey est un ancien prieuré Clunisien (de l’abbaye de Cluny que nous traverserons plus loin), ce sont des moines de l‘abbaye de Cîteaux, qui sont à l’origine du vin du Clos Vougeot.

Le château est aujourd’hui le siège de la confrérie des Chevaliers du Tastevin, un ordre qui compte environ douze mille chevaliers et dont le but est de promouvoir le vin et la gastronomie bourguignonne. La confrérie organise des banquets rabelaisiens ainsi que des séances de « tastevinage » pour gouter les vins du coin.



Le château propose également une expo sur Brillat-Savarin, non pas le fromage mais l’avocat et homme politique qui a vécu pendant la Révolution, et dont le livre « La physiologie du goût » est considéré comme l’acte fondateur de la gastronomie française. Le gars a eu une vie de dingue, comme beaucoup de ses contemporains.

Allez il est temps de reprendre notre chemin vers Beaune.
Vosne Romanée
Quelques kilomètres après Vougeot nous atteignons Vosne-Romanée, un village minuscule dont rien ne distingue les vignes d’un autre vignoble. Sauf qu’ici on produit le grand cru Romanée Conti, sans doute le vin le plus cher au monde.

Un groupe de randonneurs se prend en photo devant les vignes. A notre passage, le gars qui pose devant l’objectif nous lance « le vignoble est à moi, je viens de casser mon PEL », une blague de tonton mais avec l’effort et la chaleur ça m’a fait rigoler.

Une bouteille de Romanée Conti se garde entre vingt et quarante ans. Les amis, selon l’année la bouteille vous coutera plusieurs dizaines de milliers d’euros, n’hésitez pas à m’inviter pour l’occasion.
La cote de Beaune
Un petit stop à Nuits-Saint-Georges histoire de s’hydrater un peu car il fait très chaud sur la Bourgogne. Comme j’ai un peu cramé j’achète une énième crème solaire, la crème qui va rejoindre toutes celles que j’ai achetées lors de mes précédentes sorties et que j’oublie systématiquement.
Le pharmacien qui s’ennuie un peu me raconte l’historique de la crème solaire depuis l’antiquité et toutes ses déclinaisons en crèmes et émulsions, on ne pourra pas le taxer d’expédier ses clients.

Nous reprenons notre chemin, la voie verte grimpe sur les hauteurs jusqu’à Savigny-lès-Beaune avant de redescendre vers Beaune.



La « Côte de Nuits » laisse la place à la « Côte de Beaune », une autre appellation régionale renommée. Encore quelques kilomètres et nous pénétrons dans Beaune, l’étape du jour.
Beaune, capitale des vins de Bourgogne
Nous prenons nos quartiers dans un vieil immeuble assez proche du centre médiéval. Le temps de se requinquer et nous filons explorer la capitale des vins de Bourgogne.

Direction l’incontournable de toute visite de Beaune : l’Hôtel Dieu.
Les Hospices de Beaune
A la sortie de la Guerre de Cent Ans, le richissime Nicolas Rolin, ministre du Duc de Bourgogne, et son épouse Guigone de Salins décident de construire un hôpital pour les pauvres. Grâce aux soins de qualités prodigués par les dames hospitalières, les infirmières de l’époque, l’Hôtel Dieu va vite acquérir une renommée qui dépasse les frontières.

Initialement réservé aux pauvres, l’hospice va bientôt recevoir tout le monde, s’agrandir et s’embellir.



L’hôpital va rester en service jusqu’en 1971. Si vous avez récemment vu l’immense film la Grand Vadrouille, ces lieux ne vous sont pas étrangers.
Bon il est temps d’aller prendre l’apéro.
La soirée à Beaune
En termes d’étape, Beaune coche toutes les cases. Une ville à taille humaine, chargée d’histoire, avec comme à Dijon cette ambiance chill et décontractée.

La ville regorge de top établissements mais les places sont chères, et sans réserver vous allez avoir du mal à vous poser. A un moment il faut manger et nous nous changeons nos critères: nous cherchons maintenant un resto où il reste de la place.

En milieu de repas une porte de l’immeuble s’ouvre et il en sort un gars avec la mine de celui qui, dans les films d’horreurs, sort pour la première fois d’un abri un mois après que la ville a subi une attaque de zombies.

Le serveur plutôt sympa nous dit que c’est le « chef », un chef à qui nous disons bonsoir mais il ne répond pas, il scrute minutieusement la terrasse pour évaluer la charge de travail qu’il lui reste. Le serveur lui tire la langue dans le dos et j’en profite pour le balancer, ce à quoi le chef me répond qu’il l’emmerde au serveur. Finalement l’ambiance se détend et les sourires prennent le dessus, le chef nous raconte son quotidien, on s’en doutait c’est un métier difficile.
On rentre à l’appart, une excellente première journée. A suivre une nouvelle étape de cinquante bornes nous attend pour Chalon, puis ce sera le big final jusqu’à Macon.
Pour finir je vous propose de revenir aux hospices sur les traces des Oury, De Funès et Bourvil.
Bon weekend de trois jours
N.