J’ai mis un peu de temps pour rédiger la suite de ce périple à vélo à cause d’une semaine chargée, mais nous voilà de retour pour la deuxième partie de notre escapade bourguignonne.
Après donc une première journée à sillonner les vignobles d’exception et les grands crus de la Côte de Nuits, l’étape d’aujourd’hui va nous ramener dans les vignes jusqu’à Chalon, avant de traverser demain le val Lamartinien où le temps, paraît-il, suspend son vol.

Sur la Côte de Beaune
Avant de quitter Beaune et de reprendre la route, nous passons sur le marché nous ravitailler pour le midi ; un joli marché qui m’a rappelé ceux de Provence avec les stands d’huiles et d’épices.



Retour sur la voie verte
Quelques coups de pédales et nous retrouvons notre voie verte qui monte très vite sur les coteaux. Le ciel est un peu voilé, ce qui protège un peu des morsures du soleil et donne aux paysages une lumière poudrée et un petit coté drama, toujours sympa lorsqu’on prend des photos. La petite route est partagée avec les randonneurs et quelques vacanciers en voiture qui préfèrent faire la route des vins par les sideways.


Comme sa voisine la Côte de Nuits, la Côte de Beaune héberge des vignobles d’exception et est classée au patrimoine mondial. Les Pommard et autre Meursault ont une renommée internationale, sans oublier les grands crus de Montrachet, dont le fameux « Bienvenues-Bâtard-Montrachet » qui laisse pensif.

Petite pause à Meursault. Comme à Beaune, si vous avez récemment maté « La Grande Vadrouille » alors l’hôtel de ville devrait vous rappeler quelque chose : c’est le QG de la Kommandantur dans le film de Gérard Oury

En redescendant sur Chalon la voie verte se met à suivre le Canal du Centre, un changement total de paysage qui nous rappelle notre chouette escapade sur le Canal de Bourgogne il y a deux ans.

Hormis une petite escapade vers le village de Rully écrasé par la chaleur, nous suivons le canal jusqu’à Chalon. Le village de Rully fait un peu la jonction entre la Côte de Beaune et la Côte Chalonnaise.



Sur le canal nous croisons pas mal de hérons, un oiseau dont la particularité est de poser le temps que vous sortiez votre appareil photo (il peut patienter longtemps), puis de s’envoler juste une demi-seconde avant que vous ne preniez la tof.

J’ai merdouillé un truc sur le tracé qui nous fait passer par un bout de départementale, une portion ni sécurisée, ni glamour. Les amis, suivez la voie verte qui est bien indiquée tout au long du parcours, et en cas de conflit avec votre tracé donnez le bénéfice du doute à la voie verte.
Les premières maisons font leur apparition, nous arrivons dans la jolie Chalon.

Chalon sur Saône
Nous avons pris nos quartiers dans une charmante impasse au cœur de la vieille ville. Avec ses maisons anciennes en pan de bois, Chalon vous met tout de suite dans l’ambiance de ces villes chargées d’histoire et qui dégagent une force tranquille.

Une ville gauloise
Principal port des Eduens quand le pays était encore la Gaulle, capitale du royaume Burgonde au début du Moyen-Age, grand carrefour commercial à la chute des foires de Champagne (on retourne à Provins bientôt), grand témoin des guerres de religions ou encore foyer résistant sous l’occupation, la ville a été un acteur majeur de l’histoire de France.

Si l’amiga a préféré Beaune, j’ai eu de mon coté un vrai coup de cœur pour cette ville à l’aise dans ses baskets et où tout le monde semble se connaitre. Petite balade dans les rues moyenâgeuses puis apéro bien mérité sur la veille place Saint Vincent.

Un diner à l’ecart
Pour diner nous nous choisissons une espèce de repaire d’habitués à l’écart de l’hypercentre. La quinqua mystérieuse qui lit en fumant son cigare, la gamine qui joue dans les flaques pendant que sa maman embrasse en douce le barman (la petite finira par s’en apercevoir), les « badass » qui ironisent sur l’intervention de la police nationale demandant au restau italien à coté de bien vouloir dégager les tables de la rue pour permettre la circulation, même si c’est soir de finale de ligue des champions.
J’adore ces endroits « tranches de vie ».

Un dernier verre sur la place pendant que Paris affronte Milan. J’ai entendu que le maire de Chalon avait essayé d’interdire par arrêté les drapeaux palestiniens suite à la finale. Je n’ai pas vu de hordes de hooligans brandir des drapeaux à l’issue du match, une décision injuste que la justice a donc logiquement retoquée.

Une excellente seconde étape, demain ce sera la dernière, la plus longue avec près de 100 kms.
Dernière ligne droite
Cruel dilemme en ce dimanche matin, l’orage est annoncé en fin d’après-midi et nous avons le choix entre suivre la longue voie verte qui passe par Cluny, ou bien emprunter une voie bleue sans relief qui suit mollement la Saône, et qui est plus courte ce qui pourrait nous permettre d’échapper à la pluie.
Ravitaillement
Avant de trancher le trajet nous filons au marché centenaire histoire d’avoir de quoi piqueniquer ce midi. Comme à Beaune le marché est magnifique, et je ne sais pas si c’est l’effet feel good du stand sénégalais qui nous a vendu quelques accras mais c’est décidé : ce sera la voie verte et « advienne que pourrave » comme on peut lire parfois sur les murs de graffeurs désabusés.


Sur l’ancienne voie ferrée
C’est donc armés de produits régionaux que nous quittons la jolie Chalon. Nous récupérons facilement la voie verte, cette fois pas de vignes mais des bois qui permettent de faire baisser un peu la température.

Lorsque les arbres s’écartent, ce ne sont pas des vignobles mais de grandes étendues qui s’offrent à nous.

Je trouve que la voie est étrangement rectiligne, et je finis par comprendre que la région a recyclé une ancienne ligne de chemin de fer pour en faire une voie partagée. C’est assez surprenant, nous traversons des gares fantômes ou emménagées en halte services.

Des villages bordent la voie mais il faut sortir pour les récupérer, la voie verte a redonné un peu de vie à cet ancien tracé ferroviaire. Le ciel menace un peu mais nous devrions passer à travers les goutes à condition de ne pas trainer.


Le chateau de Cormatin
Petite pause dej à Cormatin, un joli village connu pour son château dont l’un des visiteurs réguliers était Alphonse de Lamartine, l’enfant du pays.

Poète et homme politique français, ce natif de Macon a marqué la région au point qu’on parle ici de val Lamartinien pour évoquer les paysages alentours. Lamartine est considéré comme le plus romantique des poètes, il s’est fait connaitre en 1820 avec ses Méditations Poétiques, dont le fameux Lac où il devait rejoindre sa muse Julie Charles, mais où il s’est retrouvé seul car la douce est morte juste avant.

Romantique mais dragueur Alphonse, qui venait au château de Cormatin retrouver sa maitresse Nina de Pierreclos, l’épouse de son meilleur ami, à qui il fera au passage un gosse.

Le temps n’a pas suspendu son vol et nous sommes à peine à mi-parcours. On se cale en terrasse face au château histoire de se rafraichir un peu car il fait très chaud, puis nous repartons en direction de Cluny qui nous attend vingt bornes plus loin.
Cluny, un phare de la chrétienté
Haut lieu de la chrétienté au Moyen Age, la petite ville de Cluny est bâtie autour de son abbaye bénédictine construite il y a plus de 1000 ans par le comte de Macon. Un mécène qui souhaitait que l’église revienne à la règle de Saint Benoit, et probablement au passage s’assurer un salut éternel.

La petite ville de 5000 habitants, qui est quand même située un peu au milieu de nulle part, est plutôt animée. Son histoire attire de nombreux touristes, amateurs d’histoire et chrétiens pratiquants. Je regarde le ciel qui semble se dégager, et je me dis que ce serait dommage de ne pas visiter ce phare de la chrétienté, et qui au Moyen Age a rayonné sur toute l’europe.
C’est là que j’ai fait l’erreur….


Nous quittons Cluny vers 18h, le ciel est noir et le tonnerre gronde devant nous.
Orage, ô desespoir
Les premières gouttes de pluie nous surprennent dans les montagnes russes qui suivent la sortie de Cluny. Une série de virages, de côtes et de descentes, nous amènent à la curiosité du jour : le tunnel de Bois Clair. Toujours sur l’ancienne voie ferroviaire, l’ouvrage qui est resté longtemps à l’abandon a été restauré pour devenir avec ses 1600 mètres le plus long tunnel cyclable d’europe,

Le ciel sombre, la pluie, la température qui passe subitement de 25 à 11 degrés ce qui cause une sorte de brouillard inquiétant, aucune âme croisée autour… Les amis, si vous êtes comme moi (et l’amiga) un fan de films d’horreurs, vous n’avez absolument pas envie d’y entrer.

Nous le traversons très (très) vite pour déboucher sous l’orage qui nous attend à la sortie. Cette fois on a droit aux éclairs, et la priorité n’est plus à la visite mais à atteindre Mâcon au plus vite. L’équipement pluie permet de garder au moins les papiers, appareil photo et téléphone au sec.



Une bonne demi-heure de grosse pluie, puis l’orage quitte notre route et une lumière poudrée lui succède, plutôt sympa.

Une autre demi-heure dans ce val Lamartinien sous un magnifique ciel d’après orage et nous atteignons Macon, la destination finale du voyage.

Dernière Soirée à Macon
Nous sommes dimanche soir sous la pluie et il n’y a pas foule dans la vieille ville, nous récupérons notre logement dans un très vieil immeuble de l’hypercentre.



Petite visite de la vieille ville, puis il se fait faim avec la grosse étape de la journée. Pas mal d’établissements sont ouverts sur les bords de Saône, nous nous installons au Comptoir des Halles, une brasserie des plus traditionnelles, magnifique…




Balade digestive sous un ciel bleu roi, puis c’est déjà les préparatifs du retour sur Paris.

Un retour chaotique car les trains qui partent de Lyon sont bondés après ce long weekend de l’ascension, et nous ne pourrons pas monter avec nos vélos dans le notre.
Trouver la voiture vélo, charger les vélos et les bagages pendant les moins de trois minutes où le train reste à quai, les retours en TER sont toujours facteurs de stress. On nous encourage à voyager avec des vélos, mais rien n’est vraiment mis en place pour faciliter les choses.

Nous réussirons à grimper en pirate dans un train deux heures après. La voiture vélo avec une capacité de trois emplacements a contenu jusqu’à 11 vélos, entrainant un « vous me faites chier avec vos vélos » du contrôleur qui rigolait en essayant de se frayer un passage.
Quatre heures trente de voyage au travers des paysages de bourgogne et nous voilà de retour en gare de Bercy, fin du périple.
Au final une top escapade, n’hésitez pas à aller parcourir à vélo cette magnifique région, au départ (ou à l’arrivée) de Dijon. Si vous avez loupé la première partie, c’est ici :
Bon dimanche
N.
2 commentaires
Top photos et texte super intéressant ! Ca donne vraiment envie de le faire (sauf peut être sous l’orage ….)
Merci beaucoup pour ce beau partage
Avec plaisir Philippe, merci pour ton retour et oui il faut aller pédaler en Bourgogne 🙂