Retour sur le Canal de Bourgogne pour la suite et fin du périple. Alors les amis, si vous avez manqué les deux premières étapes (Tonnerre à Montbard, puis Pont Royal) vous pouvez toujours jeter un œil ici , mais une “balade de Nico” c’est un peu comme un épisode de Columbo, vous pouvez la prendre en route vous allez vite raccrocher les wagons .
Pont Royal à Pouilly en Auxois
Vendredi matin, l’étape du jour qui nous emmène jusqu’à Pouilly en Auxois est courte, à peine 30 kms, aussi nous en profitons pour trainer un peu et profiter de la Maison du Canal qui nous a hébergé pour la nuit.
La nièce et le père du proprio sont passés donner un coup de main, un beau family business. Le patriarche, costaud et qui a vécu 20 ans à Vincennes, propose amicalement un petit verre de blanc histoire de donner un coup de fouet, mais nous nous contentons d’un café car le beau temps est de retour et le soleil devrait vite tabasser.
On règle les chambres et l’épicerie, on se dit au revoir, on promet (sincèrement) qu’on reviendra car cette Maison du Canal est vraiment sympa, et nous voilà de retour sur le canal.
Petit détour par le village de Saint Thibault et par le château d’Eguilly, puis nous quittons résolument le canal direction les hauteurs et le village de Chailly.
A Chailly nous sommes confrontés à la désertification rurale : impossible de se poser et prendre un café car le dernier bistrot a fermé. “Casse la tienne” comme dirait Alexandre-Benoit Bérurier, direction le golf luxueux du coin pour souffler un peu et prendre notre dose de caféine.
La jolie réceptionniste ne sait pas trop ce qu’elle doit faire de ces trois saltimbanques à vélo qui débarquent au milieu des voitures de luxe et des polos. Elle prend les consignes, et nous serons finalement super bien reçus par l’établissement.
Dans la foulée nous poussons jusqu’au réservoir de Cercey qui alimente le canal, puis nous retrouvons ce dernier et nous ne le quitterons plus jusqu’à notre destination du jour, Pouilly en Auxois.
Pouilly en Auxois
Nous atteignons Pouilly en Auxois en début d’après-midi, j’ai l’impression que cela fait un mois que je n’ai pas vu un vrai centre-ville. Direction l’hôtel du Commerce où nous prenons nos quartiers, et encore un accueil sympa à mettre au crédit de nos voisins bourguignons.
Petit concert de rock bien sympa mené par une chanteuse punchy, et une balade digestive pour terminer une excellente troisième journée.
A Pouilly les architectes n’ont pas pu faire autrement que de creuser un tunnel de plus de trois kilomètres pour faire passer le canal, nous sommes donc au sommet, et donc demain nous redescendons sur Dijon.
Demain on annonce la canicule et la dernière étape fait presque 70 bornes, l’idée est de partir au plus tôt pour éviter le coup de chaud.
Pouilly en Auxois à Dijon
Samedi, quatrième et dernière étape, l’une des plus longues. Nous décollons à l’aube pour éviter la chaleur que la météo nous promet, et pour profiter de la ville de Dijon qui nous tend les bras.
Pour cette dernière étape nous sommes en descente, enchainer les écluses à vive allure devient grisant.
Bourg médiéval de Chateauneuf
Une quinzaine de kilomètres à pédaler et nous quittons le canal, direction Chateauneuf, un village médiéval perché. Tellement perché que la route qui nous y emmène grimpe par moment à 18%, autant dire que j’ai poussé mon vélo jusqu’en haut. Et oui les amis, pas de vélo électrique, ici on marche au “bio-dynamique”.
Certains habitants nous félicitent d’être montés jusque-là, mais j’ai la sincérité de leur avouer l’astuce. Un bon café et une petite pause pour faire redescendre le cardio (même en poussant c’était costaud), et c’est reparti avec une descente vertigineuse.
Dijon en approche
La météo n’a pas menti, mais un petit vent salvateur nous sert de clim. En approchant de Dijon on se rend compte que l’on a perdu quelque chose : le fameux “bonjour” que vous lancez à toutes les personnes que vous croisez… Une expérience intéressante, voire un rite initiatique lorsque vous vivez en région parisienne.
Un peu après Pont d’Ouche, là où le canal rejoint la rivière Ouche et ne la quittera plus jusqu’à Dijon, nous croisons une fille avec une perruque rose, suivie d’une elfe, puis d’un acrobate juché sur un vélo dont la roue avant doit faire ma taille; un cirque est visiblement venu se détendre sur le canal…
En progressant vers Dijon nous croisons de plus en plus de bateaux de plaisance, en effet le canal qui avait d’énormes ambitions a été au final un grand échec économique, pour plein de raisons, et aujourd’hui presque seuls les plaisanciers et les cyclistes le fréquentent.
Quelques kilomètres encore, et puis c’est le lac Kir qui borde Dijon, lac qui doit son nom au chanoine Kir, un politique dijonnais qui a inventé le cocktail que tout le monde connait.
Dijon, la cité des Ducs de Bourgogne
Nous atteignons Dijon en tout début d’après-midi, nous avons réussi à avaler les 70 bornes avant que la météo ne tourne vraiment à la fournaise.
En arrivant dans le centre-ville nous devons traverser avec nos vélos la Gay Pride qui défile sur la grande rue de la Liberté. Je me faufile entre deux jeunes filles aux cheveux bleu, déguisées en licorne, et qui chantent sur un air de Mylène Farmer qu’il faut foutre le feu à ce monde trop genré (pas certain qu’elles aient quelques responsabilités dans les émeutes qui vont suivre).
Les Ducs de Bourgogne
Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire…. Pendant que le royaume de France frôlait de disparaître dans sa guerre de cent ans contre le perfide anglois, les ducs de Bourgogne montaient un immense et puissant état qui allait du sud de la Bourgogne actuelle jusqu’aux Pays Bas et la mer du Nord, en passant bien sûr par la Lorraine, mais aussi les Flandres et la Picardie.
Ce gênant voisin, qui avait fait de Dijon sa capitale, aura au fil des époques tout tenté pour déstabiliser, voire remplacer le royaume de France. Et ce jusqu’à ce que le dernier duc finisse dévoré par les loups (une chouette histoire à raconter aux enfants) et que, faute de descendant pour reprendre le flambeau, Louis XI démembre et absorbe la Bourgogne dans le royaume de France; nous sommes à la fin du 15 ième siècle.
En mode piétons
Un hôtel sympa et bon marché plein centre, nous rangeons nos vélos dans nos chambres et nous basculons en mode piétons, à la découverte d’une chouette ville que nous n’imaginions pas aussi cool et animée.
En parlant de chouette, le volatile qui est un peu l’emblème de la ville trace un parcours découverte que nous n’avons évidemment pas suivie, mais bon l’hypercentre est petit et on s’y repère très vite.
Et pour en finir avec le petit rapace, une chouette accrochée à l‘église Notre Dame exauce parait il les vœux de celle ou celui qui la frotte avec sa main, à tel point que la statuette en est toute polie (pour être honnête). Toute petite, je ne l’aurais jamais remarquée si je n’avais vu une maman porter sa fille afin qu’elle puisse l’atteindre. La maman annonce à la fillette que son vœu va être exaucé, la petite répond que son vœu est déjà réalisé mais qu’elle l’a refait pour que ça dure…
On continue la balade, comme la plupart des cités qui ont été centre de pouvoir sous l’ancien régime, la ville “aux cent clochers” propose une belle architecture et une qualité de vie bien au-dessus de la moyenne.
A un moment j’ai bien cru que quelqu’un de haut placé avait un message à me faire passer avec ses jeux de lumières.
Un petit diner autour des halles, et bien sûr nous rendons hommage au chanoine Kir.
Une belle soirée et un dimanche matin en mode cool, puis c’est le retour sur Paris dans un TER blindé. On apprend tout le temps, et c’est donc la dernière fois que nous planifions un retour sur Paris un dimanche, c’est trop galère avec les vélos quand les trains sont pris d’assaut.
Et voilà les amis, s’en est fini de cette échappée bourguignonne le long du beau canal de Bourgogne. D’autres escapades à vélo sont à l’étude: le bouclage de la Loire entre Tour et Orléans, le canal du Nivernais depuis Auxerre jusqu’à Nevers, ou encore une partie de la Véloscénie, la voie qui relie Paris au Mont Saint- Michel à travers le Perche.
Bonne soirée
N.