Pour rester dans le jargon footballistique de cette étrange coupe du monde qui a vu le gardien de but argentin éclipser les guerres, les révolutions et autres pandémies, j’ai dû attendre les arrêts de jeu de cette année 2022 pour sévir une dernière fois avant le coup de sifflet final.
Pour ce dernier article de la saison nous repartons à Marseille découvrir une pépite nichée au cœur du Panier, le quartier historique. Nous irons ensuite profiter d’une des plus belles vues sur la ville, et comme lors des articles précédents nous finirons par une balade aux alentours, dans une ancienne carrière où l’art se projette sur les murs.
Direction pour commencer la Vieille Charité, un monument témoin d’une époque où l’on avait mis en place une façon disruptive de lutter contre la pauvreté en se… débarrassant des pauvres; ambiance “Sus aux gueux !” c’est parti …
La Vieille Charité
Les amis on ne va pas trop revenir sur l’histoire de la ville, je rappelle juste pour ceux qui n’ont pas lu les articles précédents que ce sont des phocéens, un peuple grec, qui ont fondé la ville il y a 2600 ans, ce qui fait de Marseille la plus vieille ville de France.
Les phocéens ont développé la ville antique sur les bords de la calanque du Lacydon (actuel vieux port), à l’endroit de l’actuel Panier, un quartier populaire devenu un temple du street art doublé d’un vrai aimant à touristes.
La Vieille Charité se niche au cœur de ce labyrinthe coloré, le quartier est un dédale mais avec sa coupole et ses arcades vous ne pouvez pas la rater.
Pour connaitre l’histoire de ce lieu qui détonne du reste du quartier, on remonte la pendule jusqu’au début du 17ème siècle. Louis XIII qui est aux manettes s’agace profondément de l’augmentation de la pauvreté, et ne trouve rien de mieux que d’ordonner le “grand renfermement des pauvres” dans des hôpitaux, qui n’ont d’hôpital que le nom puisque ce sont avant tout des prisons.
Suite à l’edit royal, la ville de Marseille fait appel à un architecte local, Pierre Puget, dont les marseillais ont forcément entendu parler, pour construire un hospice afin d’y “héberger” les nécessiteux.
La construction va prendre du temps, mais la repression des pauvres va finir par se mettre en place. Des “chasse-gueux” vont s’employer à saisir les mendiants et les vagabonds de la ville; les étrangers sont expulsés et les locaux enfermés à l’hospice. Il semble que cette chasse n’était pas de tout repos, la foule n’aimant pas qu’on touche à ses mendiants. Cette politique d’enfermement va se prolonger sous Louis XIV et le lieu abritera jusqu’à 1000 personnes.
Puis enfermer les pauvres n’étant plus dans l’air du temps, le lieu va péricliter. Il va un temps dépanner en servant d’asile puis d’hébergement pour l’armée, avant d’être abandonné, squatté, et de tomber littéralement en ruine.
Des personnages public vont alors dénoncer la situation catastrophique de cette pépite, et il faudra attendre la fin du XX ième siècle pour que de vastes travaux de rénovations soient lancés et que la Vieille Charité renaisse sous la forme d’un centre culturel.
Le centre abrite aujourd’hui des musées, des instituts de recherche, et maintenant que vous savez qu’il héberge également le centre de poésie de Marseille je suis sûr que demain dès l’aube, vous partirez découvrir ce petit bijou qui a bien failli disparaitre.
Vous trouverez toutes les infos sur ce lieu ici
Voilà les amis, on quitte le panier pour rejoindre les jardins du Pharo, d’où l’on a une des plus belle vue sur la ville et le port.
Les jardins du Pharo
Pour rejoindre le Pharo depuis le Panier il va falloir soit traverser le vieux port à bord du pagnolesque Ferry Boat, soit le contourner. Dans les deux cas la balade est sympa.
Le Pharo à la base avait été offert par la ville à Napoléon III, histoire d’avoir une résidence impériale à Marseille.
Napoleon III on aura l’occasion d’y revenir, son nom est indissociable du fameux baron Haussmann qui fait vivre M6 avec ses programmes de chasse aux appartements dits haussmanniens. Napoleon III, qui va être renversé après le désastre de la guerre contre la Prusse, ne verra finalement jamais la couleur de son palais. L’ex impératrice Eugénie va trouver opportun de l’offrir à la ville, histoire peut-être de se faire oublier un peu.
Le Pharo ne se visite pas, mais il offre une superbe vue sur le MUCEM et l‘entrée du Vieux Port, amis amateurs de photos vous allez apprécier.
Après le Pharo si vous avez encore des jambes vous pouvez pousser jusqu’au début de la corniche Kennedy, pour une autre séquence carte postale : le port de pèche du Vallon des Auffes.
On quitte maintenant Marseille pour aller aux confins de la région, au pays des Comtes de Provence.
Les Carrières de Lumières
A une petite heure de route de Marseille, le village médiéval des Baux de Provence domine les Alpilles depuis son python rocheux. Ancien fief des Comtes de Provence qui ont gouverné la région jusqu’à ce qu’elle soit intégrée au royaume de France, le village des Baux est aujourd’hui un incontournable lorsque on visite la région.
Mais à mon sens le plus grand intérêt du coin se trouve à quelques pas sous terre, dans d’anciennes carrières qui ont connu leur heure de gloire au XIX ième siècle (la bauxite tient son nom des Baux).
Si les carrières ont fini par fermer, victimes de la modernisation des métiers de la construction, elles ont su ressusciter dans un tout autre domaine: d’abord comme décors pour tournages et spectacles vivants, puis comme support pour des projections monumentales.
La carrière des Grands Fonds (le nom original des carrières de lumières) est un OVNI au cœur de cette Provence historique, la programmation est variée, attention coté tarif ce n’est pas donné.
Vous trouverez toutes les infos ici : https://www.carrieres-lumieres.com/
A Paris nous avons l’atelier des lumières qui s’est largement inspiré des carrières. C’est sympa, mais lorsque vous aurez vu un spectacle aux carrières, vous risquez de vous sentir un peu à l’étroit à l’atelier. En parlant d’atelier, si vous déjeunez dans les Alpilles nous avons eu un coup de cœur pour un resto à Maussane le village voisin : Aux Ateliers (pas de site, mais un facebook ici ).
Si dimanche c’est repos, je vous colle ici les Massalia épisode 1 et épisode 2 pour faire passer les bulles de la veille.
Voilà les amis, c’est terminé pour 2022, je vous souhaite un excellent réveillon et plein de bonnes choses pour l’année qui s’annonce. .
N.