Je regarde par la fenêtre, en bas dans la rue ma voiture somnole depuis presque un mois; dire que j’ai fait le forcing pour passer mon contrôle technique avant l’échéance, et que c’est tombé la veille du lockdown… Quel soulagement au passage de réussir son contrôle technique, c’est pas le Bac mais ça arrive pas loin derrière, un vrai bonheur surtout quand on a fait l’impasse sur les pneus et le pare-choc, et qu’on vise péniblement le rattrapage…
Alors on en apprend des choses pendant cette période de confinement. On apprend déjà à calculer son isochrone pour voir jusqu’où on peut aller s’exercer sans risquer la prune. Il y a un site pas trop mal fait qui permet de matérialiser facilement son terrain de jeu: Geoportail.
Je me suis fait contrôler le weekend dernier pendant mon footing, j’ai vu les 5 policiers de loin et j’aurais pu les squizzer éviter, mais j’étais serein car juste un poil en dehors de la zone autorisée. Par contre j’ignorais que la partie du Bois de Vincennes où j’étais n’était plus ouverte au public depuis le matin même.
Voyant ma bonne foi (bien qu’athée), le fonctionnaire m’a rendu mes papiers avec un “Nicolas, on va dire que c’est bon…” de soulagement. J’ai trouvé ça marrant qu’il m’appelle par mon prénom, ça dédramatise.
Au passage les règles se sont durcies depuis, je ne sais pas mais il me semble qu’en fermant des lieux et en réduisant les plages horaires, on augmente mathématiquement la concentration, donc le risque.
On apprend aussi que la nature est facétieuse, grand bleu et plus un nuage à l’horizon depuis le début du confinement. Si le changement météo n’avait pas été si brusque, on aurait presque pu croire que c’était lié.
On apprend enfin qu’utilité sociale et reconnaissance sociale ne vont pas forcément de pair. Tout le monde célèbre, à juste titre, ces citoyens que la crise a mis en lumière et élevés au rang de héros, que sont le personnel soignant, les magnifiques hôtesses de caisse, les livreurs et autres transporteurs… j’en oublie… et qui font que le pays continue à tourner pendant le confinement. Comme disait Churchill en évoquant ses pilotes pendant la bataille d’Angleterre, “Jamais tant de gens n’ont dû autant à si peu…» . Nous allons d’ailleurs retrouver Churchill un peu plus loin, à une place où vous ne l’attendez sans doute pas.
J’ajoute en passant à la liste des utiles, les profs de sport des différentes salles (CMG, Cercles de la forme, Decath…), qui permettent gratuitement de garder la forme, et qui de plus délivrent des messages de solidarité et de bienveillance, bravo les coachs.
Bon on pourrait continuer sur la guéguerre Raoult contre le reste du monde, sur ces pays qui nous rejouent lafourmi(“vous avez arrêté la production de masques pour dépenser ailleurs j’en suis fort aise, et bien cousez maintenant…“), la tortue ( “rien ne sert de commander des masques, il suffit de les voler au pied des avions …”), ou encore sur ce fameux jour d’après, le jour “un” (celui qu’on retient) où, promis juré, tout va changer…
On pourrait, mais on va en garder un peu pour la suite, car mon petit doigt me dit (celui qui est un peu trop porté sur le gel hydroalcoolique en soirée) qu’on en a encore pour un petit moment…
Nous allons plutôt quitter un court instant notre quotidien pour nous aérer un peu du coté de l’Île de la Cité, et plus particulièrement son palais de justice qui héberge depuis perpette (huit siècles sans les remises de peine) une magnifique chapelle gothique dont on peut voir pointer la flèche depuis l’extérieur. Ce monument, baptisé Sainte-Chapelle, avait été construit par le roi Louis IX, futur Saint-Louis, pour héberger rien moins que la fameuse couronne d’épines du Christ avec deux trois autres reliques de la Passion.
Bon, je vais essayer de la faire rapide car j’ai pas mal digressé jusqu’ici, on y va pour un petit voyage de quelques centaines d’années en arrière.
Ambiance “Tiens ton truc sur Saint-Louis, ça me fait penser qu’il faut racheter du sucre” c’est parti…
Saint-Louis et la Sainte-Chapelle
Nous avions marché sur les pas de la belle Alienor dans un post précédent, nous nous retrouvons un siècle plus tard aux cotés de son arrière petit-fils, le roi Saint-Louis, pour le coupbeaucoup plus pieu que sa sulfureuse et illustre ancêtre.
Pour la postérité, l’image de Saint-Louis est indissociable du chêne sous lequel le roi allait, non pas retrouver son premier amour qui se laissait embrasser sur la joue (ça c’est le chanteur Dave), mais y rendre la justice.
Nous sommes autour des années 1240, sur la fin du Moyen-Age central, la période entre autres des seigneurs, des chevaliers, et des croisades. La quatrième croisade est partie complètement en quenouille (elle mériterait un article à elle toute seule), et au final les croisés francs ont fini par massacrer leurs frères grecs de Constantinople (histoire toujours pas digérée par les orthodoxes grecs).
Suite à la croisade ce sont donc les latins qui prennent le contrôle de la ville, et qui passent par la même occasion en possession des saintes reliques, dont la fameuse couronne d’épines. La couronne, dont plus personne n’avait entendu parler, avait été transférée de Jérusalem après avoir miraculeusement (somme toute logique) refait surface.
La ville est alors surendettée, principalement à cause des bagarres permanentes avec les musulmans pour le contrôle, entre autres, de Jérusalem.
L’empereur de Constantinople du moment est un cousin éloigné de Saint-Louis, et il va alors proposer au roi de France d’acquérir la sainte couronne, officiellement pour la mettre à l’abri car la guerre est incertaine, sans doute aussi pour récupérer un peu d’argent pour combler les dettes. Saint-Louis se montre très intéressé car, au delà de son engagement religieux, acquérir les reliques est un bon coup politique.
Mais mauvaise surprise, la couronne a déjà été gagée chez des vénitiens comme un vulgaire téléviseur Brandt, et il va falloir sortir 135 000 livres pour lever le gage, la moitié du budget annuel du royaume de France…
Le marché est néanmoins conclu en 1238, pour ramener la couronne à bon port le roi de France va envoyer une armée de… deux moines, Jacques et André, dont l’un des deux a vécu à Constantinople et a déjà vu la couronne, il sera donc capable de l’identifier (peut-être parmi des fausse couronnes, lors d’un “tapissage” comme dans les films policiers).
C’est vrai que pour le prix, il ne s’agit pas de se faire refiler une couronne tressée dans son jardin par un hippie…
La transaction se passe finalement dans les règles, et quelques légendes entourent le voyage de la couronne jusqu’au royaume de France, il ne faut pas oublier qu’à l’époque c’est l’Eglise qui fait office (facile) de community manager.
Saint-Louis va se rendre à la rencontre de la relique, et le cortège va déclencher des transes partout sur son passage. Il faut comprendre qu’à l’époque la moindre toge qui aurait servie au cousin du coiffeur de l’ami de celui qui avait forgé les clous de la croix était déjà vénérée, alors la sainte couronne..
Comme écrin, Saint-Louis va faire construire la Sainte Chapelle qui va héberger la relique pendant des siècles.
Pour la petite histoire la couronne sera ensuite déplacée à Notre Dame de Paris suite à la Révolution. Elle a été sauvée des flammes de l’incendie d’il y a à peu près un an jour pour jour par l’aumônier des pompiers de Paris et on ne sait pas trop où elle se trouve en ce moment, probablement à l‘Hotel de Ville de Paris.
Pour en finir avec Saint-Louis, je vas revenir sur Churchill et vous demander à votre avis qu’ont en commun Churchill, Obama, Astrid Veillon, Hugh Grant, Giscard, Bernadette Chirac, Beigbeder, Simone de Beauvoir, Chateaubriand et d’autres…?
Et bien ce sont tous des descendants du roi de France, vous pouvez trouver la liste ici c’est assez drôle…
A suivre la visite de la maison du plus grand écrivain que la France a connu (à mon sens), peut-être sous un nouveau format.
Bon weekend de Pâques, portez vous bien.
N.
2 commentaires
Obama, Bush ET Trump descendent tous trois de Saint-Louis !!!
Et oui 😉