Si Gainsbourg était toujours parmi nous, il aurait probablement mis le feu à un masque dans une ultime provocation, tant ce banal accessoire est devenu au fil des semaines l’objet de toutes les convoitises. FFP2, chirurgicaux et autres masques “grand public”, on s’est familiarisés avec ces acronymes dont on ignorait tout il y a encore deux mois, on connait même les capacités de filtration des divas de la gamme, starisées au point d’avoir leurs propres pages Wikipédia régulièrement mises à jour.
C’est vrai qu’en France on les attendus top longtemps ces messies de papiers. Comme raillait un internaute, dans l’hexagone le seul masque disponible a longtemps été le “Masque Gyver”, découpé sommairement dans un drap usé et doublé d’un bon filtre à café. Attention, lisez bien la notice de conception si vous voulez être estampillés AFNOR, on parle bien de filtre à café : n’allez pas vous fourrer des capsules Nespresso dans les narines, ça ne fonctionne pas.
Alors comment avons-nous pu en en arriver là ? Avec notre histoire, avec notre contrat social, la France aurait dû être un phare dans cette période, et nous nous sommes retrouvés à défaut la lanterne rouge, un fiasco complet, démunis au point de ne pas même pouvoir protéger dignement nos soignants, ce que l’on pensait pourtant être dans notre ADN.
Alors maintenant que la situation semble s’améliorer, nul doute que si elle devait s’éterniser (ce dont je doute), ce masque qui a brillé par son absence lors de la bataille sanitaire pourrait s’inviter durablement dans notre quotidien, comme un incontournable accessoire de mode des semaines à venir.
On peut imaginer que les grands couturiers, comme les petites enseignes, vont l’ajouter à leur collection été/automne 2020, costumes quatre pièces et “trikini” seront fancy. On va trouver le masque partout, dans les boutiques de musées comme dans celles de souvenirs, le magnet “I ♥ New York“, qui a tué le mug et la boule à neige, a à son tour du souci à se faire.
Sinon demain ça “déconfine”, il était temps car j’ai l’impression que certains commencent à souffrir du syndrome de Stockholm, en mode “restons confinés, nous ne méritons pas une deuxième chance, et quid des petits renards qu’on a pu apercevoir au Père Lachaise ?“.
Nous vivons à mon sens une période remplie d’enseignements, et qui nous rend particulièrement sensibles. En me baladant ce matin dans les rues de Vincennes, j’ai été ému en entendant filtrer par une fenêtre entrouverte une “Lettre à Elise” pas très fluide, mais remplie d’humanité. Alors il va falloir retrouver, à son rythme, une vie sociale, et je suis persuadé que ça va bien se passer.
En attendant je vous propose une première balade “déconfinement” en Ile-de-France, direction le confidentiel château de Champs-sur-Marne situé à une demi-heure à l‘est de Paris. Ambiance “tu la connais la blague du gars qui pouvait pas se déplacer à moins de cent kilomètres à vol d’oiseaux car il n’avait pas d’oiseaux ?” c’est parti…
Le château de Champs-sur-Marne
C’est vrai qu’avec la limitation des 100 kms, les habituels lieux d’escapades en Ile-de-France risquent d’être pris d’assaut par des déconfinés en soif de liberté (provisoire?). Parmi les lieux un peu plus confidentiels, le château de Champs-sur-Marne offre une balade au vert, dans un cadre XVIII ème plein de charme.
Contrairement aux grandes divas voisines telles Versailles ou Fontainebleau, Champs n’a pas vraiment marqué l’Histoire. Construit au tout début des années 1700 pour des trésoriers de Louis XIV, le château est passé au fil des décennies entre les mains de financiers et de grands bourgeois, mais aucun personnage vraiment marquant de son époque.
Les intérieurs de l’hôtel particulier sont magnifiques, ils montrent comment vivaient les derniers propriétaires au début du XXème siècle, avant qu’ils ne cèdent le site à l’Etat. Le château deviendra alors la résidence des présidents étrangers en visite, puis sera finalement ouvert au public.
Comme tous les “petits” châteaux, Champs met du beurre dans les épinards en privatisant, et en servant de lieu de tournage pour des films et des émissions. C’est sur son perron, par exemple, que Francois Groland et Emmanuel Micron donnent leur conférence de presse dans la fantastique émission Groland, l’hôtel ayant parait-il des faux airs de Palais de l’Elysée.
Mais son moment de gloire est sans doute le tournage du film “Les liaisons dangereuses” avec l’inquiétante Glenn Close dans le rôle de la Marquise de Merteuil, accompagnée d’un parterre de stars dont Uma Thurman, Keanu Reeves, John Malkovich, sans oublier la sublime Michelle Pfeiffer.
Enfin et pour ne ne rien gâcher, le site offre plus de 5 kms de sentiers pour pouvoir reconnecter avec dame nature, après 2 mois à squatter entre bureau et canapé.
Voilà pour cette première idée escapade, j’en proposerai d’autres “à portée” au fil des week-ends à venir.
Bon déconfinement et prenez soin de vous.
N.