Si vous vous promenez parfois sur ces pages, vous savez que Beaubourg fait partie, avec Le Palais de Tokyo et le le Centquatre, de mes lieux de prédilection. J’y suis abonné, ce qui me permet d’y passer régulièrement, en coup de vent comme en mode “guide”, ne serait-ce que pour faire profiter de la vue sur Paris à des amis de passages.
Après le festival des illuminations, je vous propose les amis de continuer ce début d’année en partant à la découverte de ce temple de l’art contemporain qui règne sur le quartier Saint-Meri au cœur de Paris. Nous ferons ensuite un petit saut au 104 qui vit des moments compliqués. Dans ces lignes pas besoin de pass, en espérant que ce soit vite le cas partout ailleurs…
Beaubourg, un Musée et un quartier
Pour ceux qui ne connaitraient pas Beaubourg, il faut imaginer un immense cube de métal et de plastique; une architecture où tout est apparent jusqu’aux gaines et canalisations, ce qui a fait scandale lors de son inauguration à la fin des années 70. “Notre dame de la tuyauterie“, comme le surnomme ses détracteurs, est né de la volonté du président Pompidou de vouloir redynamiser Paris, et de ne pas laisser New York seule à la pointe de l’avant-garde artistique.
Si c’est vrai que le complexe peut avoir des faux airs de raffinerie, c’est pour moi l’un des plus beaux monuments de Paris, encore plus à la tombée de la nuit.
Avec ses cinémas, ses restaurants, son immense bibliothèque, son centre de recherche artistique, le centre national d’art et de culture Georges-Pompidou de son vrai nom (Beaubourg est le nom du quartier) est bien plus qu’un musée. Le millier d’employés et les visiteurs, souvent artistes eux-mêmes ou passionnés, contribuent à donner au quartier une atmosphère très différente de celle qu’on peut trouver par ailleurs aux très urbaines Halles et dans le Marais branché qui l’entourent.
Un temple de l’art contemporain
Avec ses deux étages de collections permanentes et ses nombreuses galeries dédiées aux expos temporaires, Beaubourg est un centre consacré à l’art contemporain.
Alors l’art contemporain kezako ? Si on prend la définition, on parlerait grosso modo d’art moderne pour toutes les œuvres entre 1850 et 1950, et d’art contemporain pour celles produites de1950 à nos jours. Les amis, si toutes les œuvres récentes étaient de l’art contemporain ça se saurait.
Alors je n’ai pas trouvé de définition satisfaisante. Je dirais pour ma part, en toute humilité car je n’y connais pas grand-chose, que l’art contemporain doit-être novateur, radical et transgressif, et qu’il ne doit tenir compte ni de l’esthétique, ni même d’aucune règles.
L’art contemporain est ouvertement critiqué, accusé de dilapider un pognon de dingue (présidentielle ahead) pour le plaisir d’une petite caste élitiste, au détriment de la culture de masse. Exemple de critique venant d’un spécialiste de l’art qui m’a fait rigoler :
“Il est vrai qu’en art dit « contemporain », moins il y a à voir, plus il y a à dire ! Dans une exposition d’art contemporain, une gaine d’aération, le matériel de secours ou le carrelage des sanitaires se confondent souvent avec les œuvres présentées. La question alors est, où est l’œuvre ? “
Certains vont même plus loin que le simple aspect “foutage de gueule”; l’art contemporain, financé massivement par la gauche, célèbrerait au contraire les valeurs du capitalisme néo libéral: un art anti-social, sans perspective, à base de cynisme et d’absence d’idéal.
Pour moi les amis, il ne faut surtout pas s’arrêter aux quelques escrocs artistes (mais qui font hélas parti du gratin) qui ont fait du mal au domaine ces dernières années en engloutissant des centaines de milliers d’euros dans un gigantesque sapin en forme de plug-anal, ou encore de monumentaux bouquets de tulipes et autres cœurs en plastiques. Si vous allez à Beaubourg vous verrez que l’art contemporain peut être aussi génial, je sors très rarement déçu d’une de mes visites.
Beaubourg la nuit
Un des gros avantages à mes yeux, c’est que là où la concurrence ferme souvent ses portes vers 17h, Beaubourg reste ouvert tard, jusqu’à 21 heures même le dimanche, et comme il est encore plus beau la nuit…
J’ai un peu fréquenté le café branché en rooftop au début, le Georges. Mes gouts ont largement évolué depuis vers un Paris plus authentique, à l’opposé, mais par beau temps un café ou un petit verre de vin là-haut ça reste quand même bien sympa, avec une jolie vue sur les iles de la Seine.
J’aime y passer le soir tard quand il n’y a pas grand monde, on peut alors profiter du lieu sans la foule du samedi.
Baselitz et Yves Saint-Laurent
L’expo phare du moment est une rétrospective sur les 60 ans de travaux de Georg (encore…) Baselitz, peintre allemand d’après-guerre dont je n’avais jamais parlé.
Les oeuvres, à l’image de la période, sont assez violentes; la signature de Baselitz est d’exposer les tableaux à l’envers, la “tête” vers le bas.
Parallèlement, Beaubourg participe avec 5 autres grands musées à l’évènement “Yves Saint-Laurent aux musées” dont avez certainement aperçu les nombreuses affiches si vous prenez le métro.
Pour Beaubourg, l’idée est de faire le parallèle entre certaines robes et les oeuvres dont elles se sont inspirées, c’est assez bluffant.
Avant d’aller faire un petit tour au CentQuatre, un petit hommage à l’homme aux pigeons, cet ancien comptable devenu SDF qui consacrait sa vie à nourrir et soigner les pigeons (au grand agacement de certains riverains et commerçants du quartier). Giuseppe Belvedere est décédé cet hiver, certains habitués lui ont érigé un petit mémorial sur les grilles du musée.
Escapade au CentQuatre
Les amis, si vous détestez les livreurs Uber presque autant que cette famille dans la pub qui veut absolument sa 5G pour partir en weekend (on mettrait bien le feu à la voiture), vous risquez de revoir un peu votre jugement si vous allez vous balader du coté du 104.
L’établissement est actuellement en grève, mais continue à accueillir ceux qui souhaitent s’entrainer aux arts de rue, ainsi que quelques petites expos dont le “Uber Life” de Tassiana Aït Tahar. Ancienne livreuse Uber de banlieue, elle raconte le quotidien des livreurs qui prennent parfois tous les risques pour faire claquer les bonus en fin de journée.
Tassiana est sur place pour commenter son expo (entrée libre); plutôt éloquente, la jeune fille raconte avec humour et une certaine gouaille son quotidien quand elle était livreuse, c’est assez rafraichissant.
Voila les amis, on en reste pour cette semaine, si vous voulez suivre l’actu de ces deux lieux c’est ici : www.centrepompidou.fr et www.104.fr .
A suivre sans doute une grande course jusqu’au stade de France, et une plongée dans le monde de la haute couture.
Bon début de semaine
N.