Après cinquante ans de carrière et des centaines de titres, la flamme est toujours là. Mardi dernier AC/DC était de passage à Paris pour l’avant dernière date de sa tournée européenne, et on ne pouvait pas louper ça.
Alors on coiffe nos plus belles cornes et on met le cap sur l’hippodrome de Longchamp qui s’est transformé pour l’occasion en immense salle de concert, une ville dans la ville prête à accueillir 80000 fans survoltés.
AC/DC
AC/DC à l’origine c’est une famille, les Young, qui ont quitté l’Ecosse avec leurs huit enfants au milieu des années 60 pour tenter leur chance en Australie. Tous les gosses jouent d’un instrument et deux des frères, Malcom et Angus le cadet de la fratrie, vont monter un groupe de rock et commencer à écumer les pubs.
Malcom c’est le boss et il assure la guitare rythmique. Angus Young c’est le soliste, il a déjà un son à lui en poussant très fort le crunch de ses amplis. Les musiciens qui complètent la formation se succèdent, ils sont électricien, garagiste, barman ou chauffeur… Angus a même été un temps maquettiste pour un journal porno afin de pouvoir se payer son matos.
C’est sa sœur Margaret, qui ne devait pas être la dernière en com, qui va proposer à Malcom le sigle AC/DC pour le nom du groupe (qui signifie courant alternatif, courant continu) en référence à la puissance et l’énergie des compos. Elle va aussi conseiller à Angus qui se cherche un look de scène de garder son habit d’écolier pendant les concerts.
Mais le groupe ne décolle pas. En 1974 Bon Scott le bad boy à gueule d’ange, autre écossais exilé, est embauché au chant. Et c’est “it’s a long way to the top”, qui raconte comment le groupe galère pour rencontrer le succès, qui va paradoxalement leur donner une popularité nationale. L’idée d’avoir introduit dans un morceau de hard rock des passages à la cornemuse en hommage à leur origine écossaise a fait mouche.
Le groupe va alors faire les premières parties de mastodontes du heavy metal comme Black Sabbath et Kiss. Phil Rudd et Cliff Willians sont venus stabiliser le lineup. Et c’est l’album “Highway to Hell” en 1979 qui leur donne enfin un succès planétaire. “Highway to Hell” c’est ce morceau que vous connaissez tous, celui aussi que tout guitariste débutant se doit d’esquinter (avec “smoke on the water”).
Mais en 1980 c’est le drame : Bon Scott qui use et abuse d’alcool et de drogues est retrouvé mort. Tout le monde pense que le groupe est terminé, et ce sont les parents de Bon qui vont encourager les frères Young à continuer.
AC/DC auditionne et embauche un certain Brian Johnson dont Bon Scott avait dit du bien à plusieurs reprises. Le groupe revient avec “Back in Black”, pour beaucoup leur meilleur opus, en tous cas le deuxième album le plus vendu au monde (après “Thriller” de Michael Jackson et devant “Dark Side of the Moon” des Pink Floyd).
A partir des années 90 le groupe va connaitre des hauts et des bas. Leur carrière sera souvent relancée grâce au cinéma et aux BO des films. Mais 50 ans après ils sont toujours là, et même si c’est peut-être la dernière fois qu’on les voit nous sommes vraiment tous très heureux de partager ce moment.
AC/DC power up Longchamp
Mardi 20 heures. Les new yorkais de The Pretty Reckless, le groupe de la compositrice/chanteuse/mannequin et à ses débuts actrice (entre autres Gossip Girl) Taylor Momsen, quitte la scène après avoir fait le job et délivré un set honorable.
On attend AC/DC pour 20h30. Les divas se font souvent plaisir à arriver en retard mais les australiens sont connus pour être tout le contraire, le genre de band qui reçoit les journalistes une bière à la main assis par terre dans une chambre d’hotel.
Le public est transgénérationnel, l’ambiance comme toujours à un concert de hard rock ou de metal est bienveillante et bon enfant. AC/DC ça brasse large, toutes les classes sociales sont là, les fans sont venus de partout.
20h15, la scène s’allume avec un gros quart d’heure d’avance pour la plus grande surprise de ceux qui pensaient avoir le temps d’aller se chercher une bière avant le show.
Le groupe, dont les seuls rescapés du lineup original sont Brian Johnson et Angus Young, investit la place. La salle, enfin plutôt la prairie, explose. Le groupe attaque avec des grands classiques dont le terrible “Back in Black” au riff entêtant. Tout le monde est rassuré, malgré leur âge avancé (76 printemps pour Brian Johnson) les musiciens sont en pleine forme et déploient une grosse énergie.
Le groupe aligne les hits, j’avais récupéré la setlist ce qui m’a permis un peu de bachoter couplets et refrains. “Highway to Hell”, “Thunderstruck”, “Dirty deeds”… entre riffs assassins et solos meurtriers, on se régale.
Le public est plutôt mixte, pourtant AC/DC n’a jamais fait la moindre concession pour élargir son audience. Pas de balade à la “Still loving you“ ou “Nothing else matters”, juste des riffs puissants, un duo basse/batterie tribal, des solos qui claquent et des paroles subversives qui racontent une vie d’excès.
Pour “Hells Bells” le groupe fait descendre l’incontournable cloche en bronze qui va sonner… 13 fois histoire de faire suer un peu l’église.
La nuit tombe et on allume enfin les cornes. Pendant le dernier tiers du concert Brian Johnson perd un peu la voix. J’avais lu qu’il avait du mal à tenir les deux heures, mais le gars a tout fait pour performer au mieux et respecter son public. Au passage, vous ne verrez jamais un groupe de hard rock ne pas honorer un concert pour un mal de gorge ou un ado attardé qui menace sur internet, comme on a pu le voir dans d’autres styles.
On recule un peu vers les bars pour assister à la fin du concert. L’ambiance y est un peu différente, plus dansante qu’exaltée comme dans la fosse. J’ai fait un micro montage pour partager un peu l’ambiance du concert, je le colle depuis mon youtube histoire de ne pas alourdir le blog qui commence à être costaud.
23h15, AC/DC aligne ses derniers morceaux, avec un chouette feu d’artifice en fond. Ca sent la fin du show, le groupe a tout donné, les gens sont heureux, Le chanteur a même réussi à récupérer un peu sa voix pour finir en beauté.
Les derniers coups de canons de “for those about to to rock” terminent en apothéose le plus gros concert qu’AC/DC ait jamais donné en France.
23h30, le groupe quitte la scène, deux heures quinze de show qui sont passées à toute vitesse. Le site se vide lentement, certains pensent que c’est leur dernier passage, d’autres ont entendu parler d’un concert au Stade de France en 2025, on verra bien.
Les amis on ne va pas se quitter comme ça sans s’en mettre une dernière. Montez le son, on part sillonner les rues de Melbourne en 1975 pour ce qui va être le premier succès du groupe,
Bon weekend 🤘
N.