Ce dimanche Bruce Dickinson, chanteur emblématique du mastodonte britannique de heavy metal Iron Maiden, était de passage à Paris pour défendre le Mandrake Project, son dernier projet solo.
Afficionados du genre et grand fan des Maiden, je ne pouvais décemment pas rater ce moment. Je vous emmène donc dans la salle mythique de l’Olympia découvrir ce bonhomme aux milles vies et qui vient de se marier à Saint-Tropez, le village natal de sa jolie épouse.
Dickinson, le frontman
A la fois chanteur, compositeur, champion d’escrime, pilote de ligne et animateur radio, à 65 ans Bruce Dickinson reste un hyperactif. Ayant intégré Iron Maiden au début des années 80 pour les aider à passer un cap qui les emmène aujourd’hui à être sur le toit du monde du heavy métal, le surdoué originaire de Londres a toujours su profiter du temps entre deux album ou tournées pour mener à bien les projets qui lui tiennent à cœur.
Parmi ceux-ci, la carrière solo qu’il a incubée dès les années 90. Vingt ans après son dernier album solo, Dickinson repart à la conquête du monde avec son tout dernier opus sorti en mars : The Mandrake Project.
Alors je ne suis pas fan des aventures solos des uns et des autres, qui généralement finissent par l’implosion du groupe. J’ai écouté l’album le jour du concert en rentrant d’un (magnifique) mariage dans le Nord, j’ai trouvé que cela ressemblait à du Maiden, peut-être en plus épique, en encore plus “story telling”.
Des compositions qui m’ont semblées difficiles à défendre sur scène, j’avais tort. Je me suis dit que le concert allait essentiellement attirer la vieille garde des fans de Maiden venue saluer Dickinson sans rien connaitre à son projet solo, j’avais encore tort.
The Mandrake Project Tour
Dix-neuf heures dimanche, la longue file d’attente s’enroule autour du pâté d’immeubles. Comme pressentis, les t-shirts Maiden sont de sortie. Dès l’ouverture les fans se ruent à l’intérieur, au point que la sécurité referme les portes en demandant de ne pas courir si les gens veulent voir le concert. Du coup les fans les plus radicaux entrent en mode marche sportive, se déhanchant encore plus que pendant les JO, le métalleux est taquin.
Vingt heures, les néozélandais de Black Smoke Trigger se lancent pour chauffer la salle. Une bonne énergie, un hard rock “old school” assez pur, le groupe assure un très bon set malgré un son perfectible, et sort sous les applaudissements de la salle.
La voix sensuelle de l’Olympia annonce alors vingt minutes de pause, et rappelle de bien penser à éteindre les portables. Il faudrait peut-être penser à adapter les annonces au style musical du jour.
Un peu avant 21 heures la pénombre… puis le générique des Envahisseurs, enfin plutôt les lnvaders car en VO, avec le fameux shortcut David Vincent never found. Pour les plus jeunes, ces Invaders c’était notre Stranger Things. Puis le groupe apparait sur la scène, et c’est parti pour un show fantastique de plus de deux heures.
Les amis je me suis trompé sur toute la ligne : l‘Olympia est archicomble, et comme pour Iron Maiden à Anvers (vous ne l’avez pas lu ??) la fréquentation est intergénérationnelle. La vieille garde squatte néanmoins le devant de la fosse, les jeunes sont plutôt positionnés sur les côtés et les balcons.
Dernier étonnement, beaucoup de monde connait les compos et reprend couplets et refrains, je m’attendais à un moment un peu contemplatif et je suis agréablement surpris.
Coté lineup c’est la légion étrangère. A la batterie Dave Moreno, un costaud d’origine mexicaine et qui joue plus finement que son physique ne le laisse présager. Aux guitares deux indépendants plutôt virtuoses : le suisse Chris Declerq et le suédois Philip Naslund, un “testosteroné” et un “métro” qui rappellent un peu Thor et Loki de la mythologie Nordique. Ce n’est peut-être pas un hasard tant les compos de Dickinson respirent l’Asgard et le Valhalla.
Aux claviers l’italien Mistheria, sorte d’Alice Cooper fantasque mais qui fait peur. Et à la basse mon coup de cœur, la belle irlandaise Tanya O’Callaghan qui apporte une touche ultra moderne au groupe.
La bassiste a eu droit à quelques demandes en mariage en live depuis la fosse, et oui on est en France les amis. Elle y a répondu d’un petit hochement de tête qui voulait dire attention les gars, c’est drôle mais dont cross the line.
Pour soulager mon phone j’ai pu rentrer mon petit compact qui est pas mal en basse lumière, même en jouant du zoom optique.
J’avais été gratté sur le net la setlist des derniers concerts en espérant y trouver une ou deux reprises de Maiden mais non, Dickinson en solo ne fait que du Dickinson. La bonne nouvelle, c’est que le frontman contextualise chaque morceau à venir, et en français le plus souvent.
Comme souvent quelques compositions sont inspirées de la poésie anglaise, notamment William Blake que Dickinson apprécie particulièrement.
Le groupe va jouer plus de de deux heures, alignant le Mandrake Project mais pas que. Un son parfait, un Dickinson intenable qui court la scene sur toutes ses longueurs, et qui s’excuse parfois d’une petite grippe que personne n’avait soupçonné.
Un moment psychédélique lors d’un instrumental où Dickinson joue du theremin, du nom de son inventeur russe (1920). Un instrument étrange où l’on bouge ses mains autour d’une antenne, ce qui produit des ondes et des sons hyper spaces.
Deux heures de vrai bonheur, trois rappels et des adieux en forme d’au revoir. C’était une première pour Dickinson à l’Olympia mais c’est un habitué de la France, il reviendra.
L’Olympia, une salle mythique
Désolé pour ceux qui ont déjà eu droit au couplet sur l’Olympia, mais il faut savoir accueillir les nouveaux lecteurs qui n’ont pas forcément parcouru les précédents concerts.
Créée fin 19ème siècle sur les grands boulevards par le patron du Moulin Rouge qui cherchait un lieu où poser des montages russes, l’Olympia va vite se transformer en salle de spectacle où se succèdent danseuses (la fameuse Goulue fera l’inauguration), acrobates, et autres transformistes. Les débuts sont fracassants, la salle devient incontournable en quelques mois, c’est le lieu où le gotha aime venir se retrouver.
Après un gros passage à vide, la salle est relancée au milieu des années cinquante pour devenir le plus grand music-hall de France. L’Olympia devient l’endroit où la renommée se fait: avoir son nom en lettres rouges sur la devanture c’est la consécration, l’assurance d’une grande carrière. Ne vous y trompez pas, cela fait un moment que la salle a compris que pour survivre il fallait s’ouvrir à tous les styles, et donc ce soir le métal qui était à l’honneur, avec un des ses plus grands ambassadeurs.
Et voilà les amis, une nouvelle très bonne soirée dans la salle rouge. On reviendra sur la musique Metal très vite, mais là c’est départ imminent pour la Loire à vélo.
Bonne soirée.
N.