Cette semaine nous retournons sur la Loire pour terminer le superbe parcours de la Loire à Vélo, une aventure débutée en plein covid en 2021, et qui m’a donné le gout pour ces escapades au vert où l’on change de décor et de nid tous les jours.
S’il y a trois ans j’étais parti dans la vallée des rois avec ordinateur portable et appareil reflex, j’ai appris avec le temps à ne prendre que l’essentiel, et c’est avec les bagages et le cœur légers que nous prenons la direction de la gare Montparnasse en ce vendredi matin de fin mai.
Après un peu plus de deux heures de TGV nous débarquons à Angers, point de départ de cette dernière escapade ligérienne qui devrait nous amener tout au bout du chemin: sur les plages de l’océan.
Comme l’article est long je vous colle un sommaire les amis, vous pourrez ainsi le lire en plusieurs fois.
Angers à Chalonnes, onirique
Nous ne sous attardons pas à Angers que nous avions parcouru dans ses grandes largeurs lors de notre première escapade sur la Loire. Le temps de s’envoyer un café à côté du magnifique château du Roi René que les aixois connaissent bien (le bon Roi René qui trône en haut du Cours Mirabeau était à l’origine un duc d’Anjou), nous rejoignons les berges de la Maine qui se jette dans la Loire à quelques kilomètres.
La balade à fleur d’eau le long de la Maine met tout de suite dans l’ambiance. Contrairement à notre passage précédent où nous sortions du confinement, les chemins sont déserts.
En arrivant à Bouchemaine, la confluence Maine et Loire, il se fait déjà faim. Petit stop à l’Auberge de Chanteclair pour notre première pause dej. Le lieu semble fréquenté par des habitués, nous sommes encore hors saison et il y a peu de touristes, magnifique.
Juste après Bouchemaine nous retrouvons la Loire sauvage, peu de bancs de sable visibles cette fois car le fleuve est en crue et déborde par endroit. De gros nuages donnent du caractère au paysage.
Le village de Behuard
Petit détour par l’ile Mureau et le charmant village de Béhuard où Louis XI a fait construire une étrange église pour remercier le ciel de l’avoir sauvé d’une énième embrouille.
Nous reprenons la route en jetant quelques regards au ciel, non pas comme Louis XI pour demander de l’aide, mais de façon plus pragmatique pour surveiller l’évolution des nuages qui semblent s’assombrir. La crainte dans ces trips à vélo c’est l’orage, mais nous serons chanceux et allons passer entre les gouttes.
Soirée à Chalonnes sur Loire
Quelques kilomètres plus loin petite pause à la “guinguette des tourbillons” au pied du village de La Possonnière et son port ligérien. J’apprends que la guinguette n’ouvre que le vendredi à 16h et pour tout le weekend, nous somme vendredi et il est 16h05, j’y vois un signe du dieu Bacchus.
Puis c’est le pont qui permet de rejoindre la rive sud et le village de Chalonnes, notre destination du jour.
Un autre moment sympa dans ces trips, c’est quand on pose enfin les vélos et qu’on sait qu’on ne les prendra plus jusqu’au lendemain, même si là l’étape a été courte (moins de 40 kms).
Direction l’auberge “Au bon vieux temps”, lieu très sympa où se retrouvent les gens du coin en fin de journée. Puis diner au “Café Bondu” sur l’ile en face, une bonne ambiance malgré un ciel menaçant et un vent glacial.
Une excellente première étape, on a du mal à imaginer que ce matin nous étions encore dans la cohue de la gare Montparnasse. Ces escapades à vélo offrent une déconnexion immédiate.
Chalonnes à Ancenis, poétique
Samedi matin c’est le départ pour Ancenis. Lorsque notre logeuse apprend que nous avons prévu de finir notre escapade à Saint Nazaire, elle nous conseille chaudement de pousser jusqu’à Saint Marc et la plage où a été tourné les “Vacances de monsieur Hulot”. Elle a dormi dans l’hôtel du film et nous en parle des étoiles plein les yeux.
Nous la remercions et lui assurons que nous irons saluer monsieur Hulot, et nous allons le faire les amis, on ne trahit pas la parole donnée à la propriétaire d’une maison d’hôtes.
Une matinée sous un ciel bas
Nous quittons la ville de Chalonnes pour rejoindre l’ile de …Chalonnes, la plus grande de la Loire avec ses 11 kms. Le parcours sur l’ile est des plus bucoliques, on n’y croise quasiment personne.
Le soleil va vite se faire dévorer par de lourds nuages noirs doublés d’un vent puissant. Nous atteignons la ville de Montjean et ses ruelles pentues qui font bosser les cuisses et le cardio.
A Montjean la ville a eu la bonne idée de mettre à dispo des boxes pour les vélos afin de sécuriser aussi les bagages. C’est louable, mais c’est tellement rare qu’il faut quand même s’astreindre à n’avoir rien d’important dans ses sacoches, ce qui permet de laisser le vélo sans inquiétude et de profiter des lieux que l’on traverse.
Après Montjean nous quittons un peu la rivière, histoire de trouver de quoi casser la croute. Contrairement aux étapes précédentes où le parcours alternait souvent chemins de halages et digues (qu’on appelle ici des levées), sur cette dernière partie nous allons fréquemment parcourir les sous-bois.
Le vent ne se calme pas, mais étrangement il n’est pas très gênant. En traversant Ingrandes une vieille dame se désole de ce temps maussade à la veille de la fête de la ville. Je regarde mon appli météo et lui lance que dans deux heures c’est grand beau, elle s’éclaire un peu, elle a dû me jeter une malédiction par la suite..
Les montées creusent, il fait faim, et c’est en replongeant sur la Loire que nous trouvons notre oasis du jour, un top resto italien où le sérieux du patron n’a d’égal que la jovialité du serveur .
Saint Florent le Vieil
Sur le parcours nous faisons un stop à Saint Florent le Vieil, le village d’où sont parties les premières insurrections qui vont aboutir aux Guerres de Vendée. Ce sont des guerres civiles qui ont opposé après la révolution françaises les armées royalistes (vendéens) et les armées républicaines sur la rive sud de la Loire.
Il y avait à peu près la même opposition (républicains versus royalistes) sur la rive nord avec les chouans, mais eux privilégiaient plutôt une guerre d’embuscades.
Les montées de Saint Florent aident à évacuer la magnifique pizza du midi. Tout en haut, l’abbaye propose une superbe vue sur la vallée.
Après avoir visité la petite ville et fait une rapide pause dans une librairie café, nous repartons pour les 10 derniers kilomètres qui nous séparent encore d’Ancenis, l’étape du jour.
Soirée à Ancenis
On traverse le pont d’Ancenis sous le regard du poète Joachim du Bellay. Alors quel lien entre le poète et la ville ? Si vous le savez je suis preneur, j’ai un peu gratté la question mais je sèche…
Après un peu moins de 50 kms nous sommes heureux de laisser un peu reposer les vélos. Nous avons pris nos quartiers au-dessus d’un restaurant réputé qui loue quelques chambres. Les restaurateurs sont quelque part en mission traiteur et nous ont laissé les codes d’accès, nous sommes peinards dans le bâtiment.
La ville d’Ancenis est plutôt sympa, c’est la plus grande que nous ayons traversée so far. Sur les bords de Loire la “guinguette de l’Eperon” a programmé un groupe de neo métal plutôt bon, Arhios, qui ne joue que des instrumentaux.
Une guinguette, une plancha, du vin blanc, de la musique, un coucher de soleil sur une belle rivière… les amis, si ce n’est pas le paradis on n’en est pas très loin. Une très bonne seconde étape…
Ancenis à Nantes, mécanique
Dimanche matin, nous mettons le cap sur Nantes. L’étape du jour est relativement courte, l’idée est d’arriver tôt pour profiter de la ville.
Cap sur Nantes
La sortie d’Ancenis est originale: nous pédalons à contre-courant de la course “Entre Loire et Coteaux”, parfois sur des routes domaniales, parfois sur des chemins étroits où nous pouvons à peine nous croiser.
Quelques kilomètres plus loin nous nous arrêtons prendre un café à Oudon, dans un joli concept store au nom approprié, “l’échappée”, qui vend plein de choses locales et appétissantes, et qui a sorti quelques tables au milieu du marché pour servir thé et café.
Le ciel est encore plus bas que la veille, ce qui n’est pas très gênant car la majeure partie du parcours se fait en forêt. Au moment où il se fait le plus faim, en traversant la rivière au niveau de Mauves-sur-Loires, une guinguette sortie de nulle part et qui propose des produits issus de la commune. Faut que je me renseigne sur cette divinité qui, aux moments les plus opportuns, place des guinguettes sur votre chemin…
Une dizaine de kilomètres sous les arbres, puis les faubourgs, et nous entrons dans Nantes sous un soleil radieux. La vieille dame d’Ingrandes aura in extremis un joli temps pour sa fête.
Favet Neptunus Eunti
Nantes, tout début d’après-midi. Nous avons un hôtel qui n’a pas de local à vélos, mais nous savions que nous pouvions monter les vélos dans les chambres. La règle absolue dans ce genre de trip, c’est d’appeler les logements avant de réserver pour voir comment ça se passe avec les vélos.
Encore emballé par la soirée à Ancenis, je me renseigne sur d’éventuels concerts. La réceptionniste me dit qu’elle ne sait pas trop mais que pour sa part elle va après son service à la “Station Nuage” pour un déjeuner électro, et que si on décide d’y aller on se verra là-bas.
Moi vous me connaissez, allez boire un coup avec des jolies filles dans un tiers lieu sympa et qui joue de la musique je trouve cela totalement surfait, surtout quand je ne suis pas seul à décider du programme… du coup on stick to the plan : la carte postale.
Nous voilà donc partis à la découverte de cette ville de Nantes, une première pour moi. J’avais entendu dire que la résistance à Notre-Dame-des-Landes avait transformé la ville en zad, j’ai trouvé au contraire une ville à l’aise dans ses baskets, avec une vraie douceur de vivre.
Anne de Bretagne
Parmi les incontournables, on trouve le Château des ducs de Bretagne où est née l’iconique Anne de Bretagne. Elle est jolie Anne, et surtout elle ramènera son immense duché de Bretagne à son futur époux. Nous avions vu quelques années plus tôt en passant par Langeais comment le roi de France Charles VIII avait volé Anne à Maximilien le futur empereur du Saint-Empire romain germanique.
Reine de France et très vite veuve, elle épousera Louis XII pour devenir la seule femme deux fois reine de France.
Aujourd’hui le château est un musée qui raconte l’histoire de la ville. On remonte la pendule au travers de jolies salles, tout est abordé, y compris les heures sombres lorsque la ville était le premier port pour la traite des esclaves.
Les machines de l’Ile
Les anciens chantiers navals de l‘Ile de Nantes hébergent une collection de machines hors du commun, à la croisée des mondes de Jules Vernes et de Léonard de Vinci, dans une ambiance steampunk des plus geeks.
Eléphant, araignée, paresseux et autre héron, les automates s’animent pour le bonheur de tous. Les machines sont construites sur place, sous les nefs des anciens chantiers navals, par une équipe de doux dingues.
Les amis, si vous passez par Nantes, il faut absolument aller saluer ce monde mécanique, poétique et effrayant, animé par des passionnés qui ont un humour de gauche et le sens de la formule.
Une belle découverte que cette ville de Nantes, nous avions taillé notre parcours pour passer le dimanche à Nantes plutôt que dans une petite ville histoire d’avoir un peu d’animation, nous avons été servis. De l’Erdre jusqu’à la Loire, la ville historique savoure, en mode slow life, ce beau soleil que l’on n’attendait plus.
Nous passons la soirée au “Vieux Quimper” histoire de terminer en beauté cette expérience nantaise par l’inévitable galette.
Une troisième étape dans la lignée des précédentes. Demain si tout va bien nous serons au bord de l’océan.
Nantes à Saint-Brévin, océanique
Lundi matin, nous attaquons tôt la dernière étape, la plus longue du parcours avec ses 70 kms. La sortie de Nantes, entre zones industrielles et portuaires, n’est pas la plus fun.
Cap sur l’Océan
En pénétrant dans la ville de Couëron, nous apercevons sur la rive opposée la maison dans la Loire, où tout est dans le nom.
Pendant que nous tirons la photo, un vieux monsieur lance à son épouse (mais à notre intention) qu’il est surpris du nombre de gens qui s’inquiètent pour cette maison qui est vide.
La maison est une oeuvre d’art, vestige d’une biennale, mais pour aller dans le sens du monsieur je prends évidement un air des plus angoissé, à la limite d’appeler les secours. J’ai toujours plaidé pour s’amuser dès qu’on le peut, la légèreté est un luxe les amis.
Nous reprenons la route, l’originalité de cette dernière étape tient pour partie dans le bac que nous prenons pour rejoindre la rive gauche.
En pédalant je me demande s’il y a vraiment une digue entre Nantes et Montaigu… Le parcours slalome entre canal latéral et prairies jusqu’à Paimboeuf. Puis l’apparition des premiers phares laisse présager que l’estuaire n’est plus très loin.
Les derniers kilomètres se font le long d’une digue sauvage qui permet de placer dignement les mots biodiversité, zone humide, biotope et écosystème, histoire de pouvoir gratter une subvention à l’occasion.
Et puis c’est l’océan qui signe la fin du périple, j’en suis presque ému, nous aurons finalement bouclé la Loire à Vélo dans son intégralité.
On se pose et on savoure un peu la fin du périple.
La soirée à Saint Nazaire
Nous avons réservé des places pour les vélos dans un bus qui traverse le pont de Saint Nazaire. Je ne sais pas si on peut traverser le pont à vélo, mais de ce que j’ai pu voir je le déconseille très fortement.
Le temps de droper vélos et bagages dans une sorte de grand appart hôtel sans âme et nous filons vers la plage. Saint Nazaire est plutôt connu pour ses chantiers navals de l’Atlantique qui ont entre autres inspiré Sardou et son paquebot France, mais le front de mer est des plus sympathiques.
C’est lundi et pas mal d’établissements sont fermés, nous passons la soirée au Levrette Café (vous avez bien lu), le pub de loin le plus animé.
C’était donc la dernière étape, nous évoquons déjà la prochaine destination (la Véloscénie, la Bourgogne, ou encore le Rhin…).
Escapade à Saint Marc, cinématographique
Nous avons un peu de temps en ce mardi matin avant de prendre notre train. Comme promis à la logeuse de Chalonnes, nous partons vers Saint-Marc où a été tourné au début des années 50 le film de Jacques Tati “Les vacances de monsieur Hulot”.
Une dizaine de kilomètres avec de belles montées et nous arrivons sur la plage où monsieur Hulot a été immortalisé. Pour les plus jeunes qui ne connaitraient pas “Les vacances de monsieur Hulot”: vous voyez les derniers films “Dune”, c’est pareil.
Nous déjeunons dans l’hôtel de monsieur Hulot qui existe toujours, une super fin de parcours.
Et voilà les amis, il est temps de rentrer sur Paris. Cette fois les voyageurs ont respecté les emplacements vélos et nous pouvons nous poser tranquillement pendant les trois heures de TGV qui nous séparent de Montparnasse.
La Loire à Vélo c’est donc terminé , je vous mets quelques liens sur les trois escapades ligériennes précédentes :
Toutes les escapades sur la Loire ont été superbes, mais si vous ne devez en faire qu’une je vous recommande la portion entre Tours et Angers, en passant de la Loire au Cher et à la Vienne afin d’aller chercher les plus beaux chateaux.
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Bon week-end
N.