Ce week-end se tenait à Montreuil le festival des Murs à Pêches, un évènement devenu au fil des années un incontournable de l’est parisien. Ces étranges murs à pêches ont contribué à faire, si ce n’est rayonner, au moins connaitre Montreuil dans toute l’Europe.
Si les murs à pêches offrent aujourd’hui un espace privilégié et dévoué à la biodiversité, une sorte de labyrinthe onirique un peu hors du temps, cet espace est hélas menacé par des promoteurs qui rêvent d’y faire pousser de bons gros immeubles.
Et c’est pour défendre ce petit bout d’exception que l’on fonce au festival apporter notre soutien à des associations qui se bagarrent pour sauver le peu qu’il reste des griffes d’affairistes peu soucieux du patrimoine.
Cette année énormément de monde s’est déplacé. Pour éviter l’attente nous empruntons une entrée un peu confidentielle, le jardin Pouplier, et on s’enfonce dans ce dédale de verdure.
Les Murs à Pêches, kezako ?
Au 17ième siècle, Montreuil est à l’avant-garde en matière de production agricole. La ville possède un vrai savoir-faire, au point que ses fruits se retrouvent sur les grandes tables d’Europe, du Tsar à la reine d’Angleterre en passant par les banquets du roi Soleil.
Parmi les innovations, les jardiniers de Montreuil font pousser leurs fruits sur des murs construits en terre et en plâtre qui, en plus de protéger des intempéries, emmagasinent la chaleur la journée et la restituent la nuit.
Grace à cette technique, Montreuil compense la différence d’ensoleillement avec la Provence, grande rivale, et garde même un avantage à grâce sa proximité avec les grands marchés.
Parmi ses produits phares on trouve la Grosse Mignone ou encore la Prince de Galles, ces fameuses pêches de Montreuil qui ont assis la renommée de la ville.
Et puis l’avènement du train va donner un avantage définitif aux produits du sud. Si l’activité agricole va décliner à Montreuil, les Murs à Pêches restent aujourd’hui un magnifique témoignage historique qu’il faut sauver.
Le Festival
Quand vous pénétrez dans le festival des Murs à Pêches, vous entrez aussi en Altermondialie (un mot que vous ne trouverez que dans le “Petit Nico”, mais dont vous avez tous compris le sens). Ici les maitres mots sont la bienveillance et le vivre-ensemble, un concept qui m’est très cher même si pour beaucoup il reste utopiste.
Ici les amis on prône la réutilisation, la slow life, le “Do It Yourself”, l’agriculture bio et raisonnée. Ici on prône la paix et le décolonialisme, dans une ambiance de grande kermesse mais qui n’enlève rien à la volonté des organisateurs de mener la bataille contre le pot de fer.
Un labirinthe Poétique
Fruits défendus, Théâtre de Verdure, Jardin de la Lune ou encore Grande Prairie… des lieux poétiques sur lesquels on tombe souvent par le plus grand des hasards, au gré de l’exploration du site. Il ne doit pas y avoir grand monde capable de parfaitement se repérer dans ce labyrinthe.
Au détour d’un chemin étroit une éclaircie, on trouve là un petit marché, une tireuse à bière, ou encore une scène.
Les nombreux recoins hébergent de petites échoppes allant de l’artisanat local aux produits bios. Du pain à base d’une farine dont vous ne suspectiez pas l’existence, un baume afghan aux mille et une vertus, des glaces artisanales aux saveurs exotiques, sans oublier l’incontournable bière brassée juste à côté.
La Musique à l’honneur
Un festival sans musique c’est un peu comme une coupe d’europe sans Olympique de Marseille. Aucun souci, les nombreuses scènes aux quatre coins du site proposent une programmation éclectique.
Coté fréquentation on retrouve une jeunesse activiste ou juste là pour s’amuser, la bobosphère toujours friande d’évènements à la fois festifs et engagés, des militants, des retraités (qui sont aussi souvent des militants), au final tout un microcosme ravi de partager un moment de solidarité et de rêver un monde meilleur.
Cette année il n’était pas présent pour cause de tournée, mais lors d’une précédente édition Johnny Montreuil, la star locale qui a posé sa caravane au cœur du site, avait assuré un set pour l’occasion.
Et voilà les amis, on en reste là avec ces Murs à Pêches. Sur les six cents kilomètres de murs au plus haut de l’activité, il n’en reste qu’une dizaine aujourd’hui. Une vingtaine d’associations mènent le combat pour sauver ce petit patrimoine, fingers crossed…
La bonne nouvelle c’est que les Murs à Pêches ça vit tous l’été, en particulier le festival sous les pêchers la plage qui commence le weekend prochain et dure jusqu’au 21 Juillet.
Bonne fin de week-end
N.
2 commentaires
Merci pour cette belle découverte d’un endroit insoupçonné…. rivaliser avec les pêches du Sud, tu crois vraiment ? 😉
Merci Clarisse 😉