Cette semaine on profite que le printemps a enfin décidé de se montrer pour déclarer solennellement la saison des balades à vélo ouverte, sans voilier, ni drones, ni trompettes.
Si nous avons prévu de partir à la fin du mois boucler la Loire à vélo, une escapade à fleur d’eau initiée en 2021 en pleine période covid, je vous propose aujourd’hui en guise d’échauffement une des plus jolies balades franciliennes : 50 kms entre Meaux et Paris, le long du Canal de l’Ourcq
Le Canal de l’Ourcq ?
Le canal capte les eaux de la rivière Ourcq, un affluent de la Marne, et les emmène jusqu’au bassin de la Villette à Paris. Si beaucoup de monde a rêvé d’un tel ouvrage au fil des siècles, Paris ayant toujours connu des problèmes d’approvisionnement en eau, c’est Napoléon qui va lancer le chantier au tout début du 19ième siècle. Long d’environ 100 kms, nous allons faire les 50 derniers, entre la ville de Meaux et Paris.
Ayant fait le canal à de nombreuses reprises (surtout la partie proche de Paris), j’ai agrégé dans ce qui suit des photos de différentes sorties. Allez on enfourche les vélos, ambiance “quand on partait sur les chemins…” c’est parti.
Cap sur Meaux
Le plus simple pour rejoindre l‘ancienne capitale de la Brie est de sauter dans un des nombreux trains au départ de la Gare de l’Est. Meaux est accessible avec le passe Navigo, ce qui est assez pratique pour passer les portiques qui donnent accès aux quai (lorsqu’ils fonctionnent).
Coté train, vous pouvez tomber sur un Transilien flambant neuf équipé d’emplacements vélos, comme sur un vieux TER où vous devrez vous poser un peu comme vous pouvez. J’ai vécu les deux situations, mais si vous avez choisi un trajet direct le voyage dure moins de trente minutes. Je suis quand même resté attentif aux secousses, avec le sac rempli d’énormes boites d’œufs qu’un passager a eu la bonne idée de glisser au pied du vélo.
La gare est très proche du centre historique. Le temps de se jeter un café au pied de la magnifique cathédrale Saint-Etienne après l’avoir visitée et c’est l’heure de démarrer. J’avais dans l’idée de ramener une part du fameux Brie de Meaux, mais je le me suis dit qu’en vélo c’était pas une top idée, parfois il faut savoir reconsidérer.
Pour aller chercher le canal, il faut passer au-dessus de la voie ferrée en empruntant une passerelle pas forcément bien indiquée. Quelques coups de pédales et le canal se dévoile, on a beau être en ville on se sent déjà en pleine nature.
En moins de dix minutes plus aucune trace d’habitations, on est seul au monde.
De Meaux à Claye-Souilly, la partie sauvage
Alors les amis cette première moitié du parcours est magnifique, mais je dois quand même vous informer que si les vélos sont tolérés, ils ne sont pas officiellement autorisés sur les chemins de halages. Autrement dit, vous ne serez pas verbalisés mais soyez prudents histoire de limiter les risques d’accident.
Une alternative est de rejoindre Paris par la Marne, ou bien de récupérer le canal depuis Claye-Souilly que nous verrons plus loin.
Cette première partie se fait donc sur les chemins de halages, ces chemins qui permettaient de faire avancer les bateaux en les tirant avec une corde. Il n’y a aucune difficulté mais il vous faudra un vélo type “gravel” pour passer, à minima un VTC (vélo tout chemin) avec idéalement des pneus renforcés (ce que j’ai).
J’adore rouler sur les chemins de halage, cela procure un sentiment de liberté que je retrouve moins sur les pistes équipées. Le paysage est changeant, alternant des parties dégagées et des zones plus “sous-bois”.
Sur cette première partie je n’ai croisé pratiquement personne : quelques vélos, pécheurs, et randonneurs. Parfois vous franchissez une écluse, vous frôlez un bled ou des champs agricoles, mais vous restez loin de la zone urbaine.
A mi-parcours on peut apercevoir l’usine élévatoire de Trilbardou, qui comme son nom l’indique a pour role de maintenir le niveau d’eau du canal en pompant dans la Marne si besoin. Construite sous Napoléon III (le neveu du Napoléon connu) au milieu du 19ième siècle, l’usine est toujours en activité.
Après 25 kms de grand bonheur, et je pèse mes mots, on atteint Claye-Souilly; on est à mi-parcours et il se fait faim.
A Claye-Souilly vous trouverez quelques adresses sympas pour déjeuner, je m’arrête généralement au Casa Mia, une pizzeria à familiale à l’accueil simple et chaleureux, loin de toute ambiance lounge que je ne supporte plus. Un couple d’habitués débarque à l’improviste, le serveur sprinte leur sortir une table pour les installer en terrasse. On est finalement mieux accueilli quand on est un habitué de la pizzeria du coin, que quand on est un habitué du musée.
De Claye-Souilly à Paris, entre nature et street-art
Regonflé à bloc j’attaque la deuxième partie du parcours que je connais bien, j’ai souvent fait l’aller retour depuis Paris. En quittant Claye-Souilly on quitte également la Seine-et-Marne pour entrer dans le 93, la Seine-Saint-Denis.
On va également quitter le chemin de halage pour une piste cyclable très roulante, un vrai billard (et là les vélos sont officiellement autorisés). On va aussi dire adieu au “bonjour” un peu secte échangé quand on croise un vélo, car sur cette portion vous allez en croiser beaucoup.
Au passage, cette portion Claye-Souilly Paris fait partie de la Scandibérique, immense voie vélo qui relie la Norvège à l’Espagne.
De Claye-Souilly à Poudrerie
On quitte Claye-Souilly par une majestueuse ligne droite bordées d’arbres dont le nom m’échappe, comme souvent quand il s’agit d’arbres ou de plantes. Puis le chemin s’écarte un peu du canal et on attaque une série de bosses jusqu’à Villeparisis.
Villeparisis fait partie de ces villes qui ont gardé le nom de la tribu gauloise qui habitait le coin. C’était la tribu des parisis, qui va également donner son nom à la ville de…
A Villeparisis on rebascule rive gauche par un pont où le marché est souvent installé. Il faut se frayer un chemin au milieu des étals de maraichers qui ont du coffre lorsqu’il s’agit de vanter la qualité de leurs produits.
Lorsque le marché n’est pas là, on peut avoir une vue sympa sur le canal depuis le pont.
Après Villeparisis le chemin tourne aux montagnes russes sur quelques kilomètres, ce qui peut faire regretter le vin du déjeuner si vous avez eu la main lourde, puis on atteint la foret de la Poudrerie à Sevran.
La Poudrerie
La forêt de la Poudrerie tient son nom de l’immense usine de poudre à canons et à usage civil (pour les mines, les carrières…) qui a été construite ici par Napoléon III, toujours au 19ième siècle, et qui va fonctionner jusqu’en 1973.
Aujourd’hui la Poudrerie est un parc très agréable à parcourir à vélo, on y croise au détour des chemins des vestiges de l’ancienne usine. Comme on dit dans les bouquins primés, cet immense poumon vert est un lieu de villégiature privilégié des habitants du coin (si je chope pas un Nobel là…).
De Sevran à Paris
Après la Poudrerie on va enchainer Sevran, Aulnay, Bondy, Bobigny… toutes ces villes du 93 régulièrement passées au peloton d’exécution médiatique.
Sans nier les difficultés, je pense que les médias pourraient parfois aussi en montrer des choses positives. A commencer par ce super canal, ou encore ce canoë club qui permet aux scolaires et aux habitants de découvrir la nature et la biodiversité.
Un des incontournables sur cette seconde portion, ce sont les fresques qui ornent le parcours. Plus on se rapproche de Paris, plus le canal se transforme en terrain de jeu pour les graffeurs.
Je vous laisse découvrir les autres oeuvres.
Paris se rapproche à grand pas, plus que quelques kilomètres et nous serons à la Villette. En passant Pantin on croise les Magasins Généraux que nous avions découverts dans un article précédent.
Et voilà les amis, un peu plus de 50 kms après nous voilà dans ce quartier de la Villette que j’affectionne particulièrement, au terme d’une superbe balade que je vous recommande chaudement.
N’hésitez pas à faire cette escapade vélo, même la seconde partie à partir de Claye-Souilly est très sympa.
A suivre: nous allons revenir à la Villette mais pour une toute autre balade, une balade en riffs et en décibels.
Bonne fin de week-end
N.