Pour cette dernière de 2024 nous partons découvrir l’un des plus beaux monuments de Paris, la Conciergerie, qui trône tel un navire à quai sur les bords de Seine. Le palais remonte à l’aube de l‘histoire de France, résidence des gouverneurs romains puis des rois de France, il a ensuite servi de prison, notamment pendant la révolution.
Aujourd’hui partie intégrante des monuments nationaux et adepte des expos originales, ce palais à l’histoire sombre s’est mis en cette fin d’année aux couleurs du Benin avec l’expo Révélation, Art contemporain du Bénin.
L’occasion est belle, on saute dans le métro et on file découvrir ce curieux mélange des genres, entre carmagnole et vaudou.
La Révolution Française
Les amis si vous ne pensez pas connaitre la Conciergerie, c’est ce palais qui a servi de décor à une des séquences marquantes de la cérémonie des JO. Je parle du fameux duo entre le groupe de metal Gojira et la chanteuse lyrique Marina Viotti, avec une Marie Antoinette décapitée entonnant le chant révolutionnaire « ha ça ira, ça ira… » aux fenêtres du palais.
L’image n’est pas fortuite, c’est bien à la Conciergerie, qui était alors le siège du tribunal révolutionnaire, que la reine a passé ses derniers mois avant d’être conduite à l’échafaud. Allez on remonte la pendule et on revient sur une période charnière de notre histoire.
Un pays en crise
Devenu roi de France en 1774, le très jeune Louis XVI hérite d’une situation économique catastrophique. Ses différents ministres vont s’y casser les dents, et n’obtenir comme résultat que de faire monter la colère du pays. La dette va même devenir abyssale avec l’aide qu’apporte la France à la guerre d’indépendance américaine, histoire de taquiner l’ennemi Anglois. Cerise sur le Mac Do, un énième volcan islandais a détraqué les saisons, avec des printemps minables et des hivers hyper rudes le pays a faim et est au bord de la banqueroute, la colère gronde.
Bien que colosse de presque deux mètres, le roi est timide et influençable, ce dont profite Marie Antoinette son insouciante épouse autrichienne, « madame déficit » pour la population, et qui fait chauffer la CB histoire de vider encore plus les caisses.
1789, la bascule
Année 1789. Avec un royaume au bord du gouffre le roi se laisse convaincre à contrecœur de convoquer les états généraux, une assemblée représentant la noblesse, le clergé et le tiers état (le reste de la population), pour trouver des solutions.
Si les membres du tiers état sont les plus nombreux, Louis XVI impose un vote par ordre histoire de garder la main (noblesse et clergé lui sont acquis). Le tiers état refuse et le roi décide de foutre tout ce beau monde dehors. Galvanisé par Mirabeau, un noble déchu, libertin, roublard et aussi laid que magnifique orateur, les représentants du tiers état s’enferment dans la Salle du Jeu de Paume à Versailles et font le serment de ne se séparer qu’après avoir doté le pays d’une constitution. Le roi hésite mais décide de pas faire donner de la baïonnette.
Si le roi tolère ou feint de laisser l’assemblée bosser, en parallèle il rappelle sur Paris de nombreux bataillons qui commencent à encercler la ville. Inquiets, les parisiens prennent les armes et mettent le cap sur la Bastille, prison symbole de la monarchie absolue mais surtout réserve de poudre pour les fusils. Les négociations tournent mal et l’assaut est donné, la prise de la Bastille le 14 Juillet 1789 est le premier tournant de la révolution française.
Dans la foulée l’assemblée nationale abolit les privilèges, rédige et adopte une déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen influencée par l’esprit des lumières. L’article premier « les hommes naissent libres et égaux en droit » jette les bases de la démocratie et porte un premier coup au pouvoir royal.
Voir ses sujets devenir des citoyens, ça l’arrange moyen au roi de France. Aussi il prend son temps pour valider tout cela, hésite, tergiverse… jusqu’à ce qu’une foule de femmes, excédées par les prix qui s’envolent, ne marche sur Versailles et ne ramène la famille royale à Paris pour l’installer (et surtout la surveiller) aux Tuileries.
A ce stade Louis XVI est sans doute loin de se douter qu’il ne reverra plus jamais Versailles.
La Chute du Roi
L’assemblée planche sur une constitution qui risque de fortement réduire le pouvoir du roi. En parallèle, des clubs ont vu le jour partout dans Paris et essayent d’orienter les politiques mises en place. Parmi les plus influents on trouve les Jacobins ou encore les Cordeliers, des clubs animés par les futures grandes figures de la révolution que sont Danton, Marat ou le (encore aujourd’hui) clivant Robespierre.
Louis XVI sent que le vent tourne mal et décide de s’enfuir avec sa famille. Il monte une cavale avec quelques complices mais rien ne se passe comme prévu : la reine se perd dans le labyrinthe parisien en se rendant au lieu de rendez-vous, lui-même se retrouve retenu par un bavard La Fayette, ce qui diffère son départ des Tuileries. L’équipage quitte Paris au milieu de la nuit, beaucoup trop tard car dès le petit matin Lafayette, encore lui, héros de la guerre d’indépendance américaine et commandant de la Garde Nationale, lance ses hommes après le roi.
L’équipage royal va être rattrapé à Varennes (à peine 130 kms de Paris) et ramené manu militari aux Tuileries. La traversée de la ville au milieu d’une foule en colère va être terrible pour un Louis XVI qui a perdu toute confiance et tout prestige, déguisé en l’intendant Mr Durand tandis que Marie Antoinette a pris l’identité de Me Rochet, gouvernante .
Et voilà les amis on en reste là avec cette petite balade dans le temps. Si vous avez oublié alors foncez à la Conciergerie vous remémorer la suite : de l’enfermement de la famille royale à la prison du Temple jusqu’au régime de la Terreur qui va faire tourner la guillotine à plein régime, et va emporter quasiment tous les acteurs de la période.
Révélation ! Art contemporain du Bénin
Pour cette fin d’année, la Conciergerie a eu la bonne idée de rassembler dans la magnifique salle d’armes les œuvres d’une quarantaine d’artistes béninois. L’occasion d’un mélange des genres et surtout d’un choc des cultures certainement intéressant.
L’art Contemporain
Alors l’art contemporain kezako ? Je n’ai pas trouvé de définition satisfaisante, j’ai cru comprendre que l’art contemporain, au-delà de son côté « contemporain », doit être novateur, radical et transgressif, et qu’il ne doit tenir compte ni de l’esthétique, ni même d’aucune règle.
En France l’art contemporain est ouvertement critiqué, accusé de piller les caisses et ne s’adresser qu’à une petite caste élitiste, ne présentant souvent que des oeuvres “foutage de gueule”. Certains à gauche vont jusqu’à dire que l’art contemporain célèbre les valeurs du capitalisme néo libéral : un art antisocial (qui garde son sang froid), sans perspective, sans règles, cynique et sans idéal…
Je pense en toute humilité que la critique est très excessive et qu’on ne peut pas vraiment généraliser sur quelque chose d’aussi diversifié que cet art contemporain. Il y a sans doute des escrocs, mais j’ai vu plein de choses géniales et je me suis rarement ennuyé dans ce type d’expos.
L’ART cONTEMPORAIN bENINOIS
Je ne sais pas vous les amis, mais pour moi le Benin reste bien mystérieux. Ce qui est étonnant quand on sait (ou qu’on apprend) que le pays est une ancienne colonie française et que la langue officielle est bien celle de Molière.
Du Bénin je ne connaissais même pas la capitale, je n’avais que le coté berceau du Vaudou et traite des esclaves. Si ces deux concepts sont fortement présents, l’expo va bien au delà et il transpire des oeuvres un pays en marche, actif et imaginatif.
Comme on peut s’y attendre l’expo est très picturale, d’ailleurs beaucoup de dessinateurs sont venus sur place reproduire les oeuvres. Coté audience on trouve tous les âges et toutes les nationalités, les touristes asiatiques sont là comme toujours dans les évents sympas, et la communauté francilienne afro a répondu présent.
Allez je vous colle une petite video genre teaser
Les amis vous avez toute la semaine prochaine pour aller voir cette petite pépite, l’expo termine au 5 Janvier, vous trouverez toutes les infos ici
On en reste là avec cette dernière escapade pour 2024, je vous donne rendez-vous en 2025 pour continuer la chasse aux pépites.
D’ici là je vous souhaite une très bonne fin d’année.
N.
2 commentaires
Merci nico pour la remontee dans le temps et ce cours d’histoire qui me fait defaut 🤣 grace a toi je me refais un peu d histoire de France. Bonnes fetes de fin d année. Je te recommande à Aix l’expo du photographe Steve mc curry.
Merci Marie Claire, me suis aussi replongé dans mes bouquins pour l’occase.