Après les moulures second empire et l’ambiance feutrée du musée Jacquemart André, on change d’époque et on file dans la fureur et le bruit du Mondial du Tatouage qui se tenait le weekend dernier. Deux salles deux ambiances, mais ici quand il s’agit de faire le grand écart on est plutôt bien entraînés.

On met le cap sur la Grande Halle de la Villette dans le nord-est parisien où plus de cinq cent tatoueurs venus du monde entier se sont donnés rendez-vous afin de promouvoir leur art et confronter leurs techniques, comme leurs influences.

Histoire du tatoo
On pourrait penser que le tatouage est une pratique plutôt contemporaine, cet art remonte en fait à la nuit des temps. Et si le tatouage a été pratiqué très tôt et dans le monde entier, ce n’était pas toujours dans le même esprit.
Pour la fécondité et vénérer les dieux chez les prêtresses égyptiennes, pour marquer les esclaves et punir les criminels dans la Rome et la Grèce antique, pour rappeler son statut social chez les aztèques et les mayas... Le tatouage est donc apparu il y a plusieurs milliers d’années, on en a retrouvé jusque sur des momies datant de l’ère préhistorique.

Le tatoo peut être sacré et protecteur comme en Thaïlande, ou encore illégal et l’apanage des bad ass comme chez les yakuzas japonais. Longtemps interdit par l’église car proscrit par la bible, le tatouage avait disparu des civilisations chrétiennes jusqu’à ce que les marins (et parmi eux les pirates) ne le ramènent de leurs voyages en Polynésie. Dans les îles polynésiennes le tatouage est un art ancestral, il y est quasi obligatoire et si à 50 ans tu n’as pas à minima une Rolex tatouée au poignet tu as un peu raté ta vie. Au passage, le mot tatoo vient du tahitien tatau.



Aujourd’hui le tatouage n’est plus vraiment un signe d’appartenance à une communauté, pas plus qu’une protection contre la maladie ou le mauvais sort. Si depuis les années 80 on se tatoue de plus en plus, c’est principalement pour des raisons esthétiques. Le tatouage reste aussi un moyen d’extérioriser son identité et de passer des messages.

Le Mondial du Tatouage à la Villette
Plus de cinq cents tatoueurs originaires du monde entier, la crème de la crème, se sont donc réunis pendant trois jours sous la Grande Halle de la Villette afin de confronter leur expertise et leur créativité. Ils sont américains, anglais, japonais, colombiens… des origines diverses pour des inspirations variées. Ce mondial est aussi pour eux l’occasion de se faire connaître des aficionados car la convention de Paris est l’une des plus importantes au monde. L’event est toujours organisé par Tin-Tin, le tatoueur des célébrités installé rue de Douai à Pigalle, une rue bien connue aussi des amateurs de guitare

Installés dans des boxs qui rappellent un peu un hôpital de campagne, les artistes exposent leurs books et tatouent les visiteurs chanceux qui ont pu choper un créneau. La musique couvre le bruit des démographes, ces machines à tatouer dont les aiguilles pénètrent et pigmentent les peaux. Les looks sont à la fois pop et dark, une sympathique ambiance Chicago vampires flotte dans les allées.


En baladant de box en box on remarque vite que nous ne sommes pas égaux face aux aiguilles: si les filles sont plutot placides, les garçons sont parfois plus crispés. Coté audience on trouve toutes les strates sociales dans la salle, du pseudo bad boy au cadre sup, peut-être le véritable bad boy. La majorité des visiteurs sont tatoués, certains même sur tout le corps, sauf parfois le visage et les mains histoire de pouvoir concilier plus facilement passion et vie pro.
Les fans de rock et de metal sont aussi de la partie, les deux mondes sont carrément poreux. On trouve aussi pas mal de références au cinéma et à l’univers steampunk.


A l’extérieur, bars et food trucks permettent de recharger avant de replonger dans les entrailles de la convention.

Les Concerts
Passé 21 heures, les boxs sont quasi vides et la convention tourne au gros son. Cette année le death metal est à l’honneur. Alors si vous avez déjà du mal avec le hard-rock et le heavy metal, le death metal vous n’allez pas aimer. Le death metal les amis, ça vous fait passer tous les autres dérivés du genre pour de la petite musique de chambre.
Pas moins de trois groupes vont performer ce soir, et ce sont les finlandais de Rotten Sound qui vont ouvrir le bal. Ils chantent l’apocalypse et croyez moi on s’y croirait. Une avalanche de decibels et je suis content d’être sorti me racheter des bouchons car j’avais oublié les miens à la casa.

La bonne nouvelle c’est que le côté tatoo a attiré une audience un peu plus oecuménique que ce qu’on trouve habituellement dans les chapelles du metal, c’est également très mixte. J’étais venu voir un vieux groupe de routards britanniques qui porte le doux nom de Carcass, mais ce sont les mexicains de Brujeria qui m’ont scié.

Curieux mélange des genres, les Brujeria chantent la drogue, le sexe, la sorcellerie et la révolution de Pancho Villa et Emilio Zapata. Ayant fait une reprise metal de la Macarena mais avec un refrain « hey Marijuana », ils vont taper un peu d’herbe au premier rang et fumer tranquille. Sans doute l’originalité chicanos, car la marijuana ne fait pas vraiment partie de la culture metal.

Les gars jouent derrière un bandana pour préserver leur anonymat, ca donne un petit côté cartel qui va bien avec la musique qui n’est pas tendre. S’exprimant essentiellement en espagnol bien qu’installés à L.A, les mexicains vont poser une très grosse ambiance dans la salle.



Comme je le fais de temps en temps, on va se faire une petite immersion dans la convention en video.
Et voilà les amis, on en reste là avec cette escapade à tatoo land, j’ai passé une super moment. Si vous cherchez de l’inspiration pour vous faire tatouer un Irezumi, un Corcovado, une Harley Queen ou même la date de naissance des enfants du voisin, nul doute que vous trouverez votre bonheur dans les nombreuses allées du Mondial du Tatouage.
Bon week
N.
2 commentaires
Merci pour l l’immersion tatoo meme si ce n est pas ma came, c est un dépaysement jusque dans la misique😉🥋🇯🇵
Héhé oui, la musique qui n’adoucit pas toujours les moeurs 😉