La panthère a rugi ce soir, le gang texan a dévoré une Adidas Arena chauffée à blanc par un énorme show particulièrement brutal. Les amis, si jusqu’ici Pantera je ne les avais jamais vu sur scène, je les avais croisés lors d’une soirée improbable à Dallas il y a fort fort longtemps.
Allez on y retourne et je vous raconte tout ça…

L’Adidas Arena
Samedi 18 heures, porte de la Chapelle. Trams et métros déversent une horde discontinue de fans qui convergent vers la toute nouvelle salle du nord parisien, inaugurée il y a à peine quelques mois. Construite pour les JO, l’Adidas Arena s’ouvre également à la musique et elle accueille ce soir les américains de Pantera, un groupe emblématique de heavy (trash, groove, whatever..) metal.

L’intérieur rappelle un peu Bercy, mais en moins froid. On retrouve comme toujours les boutiques pour se mettre aux couleurs du groupe, les snacks et les bars. Je demande à un jeune barman qui n’a pas l’air bien vif un verre de vin, le gars me répond qu’il n’a pas de vin mais peut me proposer de la bière ou du rosé…

Pas contrariant, j’opte pour un verre de rosé mais il faut déboucher la bouteille et le gars n’a visiblement jamais utilisé un tire bouchon. C’est finalement son manager qui viendra prendre le relai, j’espère ne pas avoir été la cause d’un burnout avec mon verre de rosé.

19 heures, je me rapproche de la scène. Pour un groupe des années 90 la salle est particulièrement jeune et mixte, il a des bands qui ont su renouveler leur fanbase et Pantera en fait visiblement partie. La fosse commence à se densifier, le show va commencer..

King Parrot et Power Trip
Showtime ! La salle est plongée dans le noir et ce sont les australiens de King Parrot qui ouvrent le bal. Groupe de grindcore, un mélange de punk et de trash metal, je suis plutôt content quand ça s’arrête. Mais comme l’univers metal est bienveillant, toute la salle les félicite pour leur prestation, next…

Les suivants c’est Power Trip un groupe originaire de Dallas, le Texas est à l’honneur ce soir. Là on est un sur trash metal « cote ouest », pour le coup c’est très honnête et la fosse commence même à tanguer. Un bon set puis le rideau tombe et la tension monte encore d’un cran.
Pantera, un set tribal
L’heure tourne, les spectateurs sur le côté commencent à s’agiter car ils ont probablement aperçu derrière le rideau les musiciens qui montaient sur scène. Il flotte une légère appréhension autour de moi, comme souvent juste avant le début des gros concerts.

Pantera, first contact
Je vous disais en intro que si jusqu’à hier je n’avais jamais vu Pantera sur scène, j’avais eu l’occasion de les croiser. Enfin les membres fondateurs, car deux sont aujourd’hui décédés.
Au début des années 2000 j’étais parti bosser quelques temps à Dallas, et avec deux autres français nous avons poussé un soir la porte d’un super pub anglais, de mémoire le Londoner, tenu par un américain d’origine mexicaine. Le boss avait été surpris de l’accueil hyper chaleureux qu’il avait reçu en France pendant la coupe du monde 98 avec son maillot du Mexique, et il s’était promis de rendre la pareille si l’occasion se présentait.
Et l’occasion ce fût nous. Il nous a sortis partout, et il prenait un grand plaisir à nous voir faire à peu près n’importe quoi, toujours en trempant son cigare dans son verre de rhum ou de téquila. Un soir il annonce une surprise et nous sort au Clubhouse, un strip club sordide dans les bas fonds de Dallas. Il nous avait donné à chacun une grosse liasse de billets de … 1$ pour « tiper » les danseuses, pendant ce temps il veillait religieusement sur sa glacière remplie de bières mexicaines.

L’endroit était plutôt glauque et on ne voyait pas pas trop où était la surprise, jusqu’à ce que le DJ annonce que suite à leur concert à Dallas, les Pantera étaient en route pour le club, un club qui leur appartenait les amis !
Ils ont débarqué nombreux et ont salué tout le monde, je ne savais pas qui étaient les musicos, la régie ou encore les roadies, mais on a passé une soirée d’anthologie.
Un show mémorable
Comme tous les leaders du genre, Pantera est un groupe qui a débuté avant les années 90. On pourrait craindre qu’après 35 ans de studio et de tournées les gars sont lassés, mais dans la musique metal les groupes donnent toujours le maximum qu’ils peuvent donner, et ce soir pour le plus grand bonheur de l’Adidas Arena.


Originaires d’un bled proche de Dallas, les Pantera étaient à l’origine un groupe de glam metal (avec des brushings improbables et de la mélodie) et se sont brutalement radicalisés et tournés vers un style beaucoup plus agressif.
Ce soir, avec un Phil Anselmo en mode gourou, un Zakk Wylde looké viking et un Charlie Benante (l’excellent batteur d’Anthrax ) survolté derrière ses toms, les texans ont pris la scène d’assaut et n’ont donné au public aucun répit.

Pantera a fait le choix d’une setlist brutale, setlist que j’avais un peu potassée car je l’avais récupérée de leur concert précédent, et ça change très peu d’un soir sur l’autre.
Pantera je connais peu mais les morceaux phares ont été joués, dont les emblématiques « walk » et « cowboys from hell » qui ont fait exploser la salle. Au bout de quelques morceaux je me suis dit que je n’allais pas pouvoir tenir, mais les gars autour se sont fatigués juste avant que je ne jette l’éponge. Allez on va tâter un peu ambiance…
Le groupe est longuement revenu sur les anciens membres qui ont disparu, il faut dire que de leur vivant l’ambiance au sein du groupe n’a pas toujours été bonne et c’est un euphémisme. Alors sans doute que certains puristes ne reconnaissent que la composition originelle, mais le lineup de ce soir a quand même déplacé une foule de fans de la première heure.
Surprise du chef, Bruce Dickinson le chanteur d’Iron Maiden, le plus grand groupe de metal de tous les temps (à mon sens) passait par là et est monté saluer la salle avec son blouson et son bonnet, c’est polaire ce soir. Très surprenant car les deux genres sont à l’opposé, Maiden est plutôt intello et contemplatif là où Pantera est essentiellement tribal.

On en reste là avec ce concert qui a mis tout le monde d’accord. Allez voir des concerts de metal les amis, même si vous n’aimez pas la musique vous apprécierez l’ambiance. D’ailleurs demain soir another concert mais sans doute beaucoup plus calme, les vieux routards de Queensrÿche débarquent en ville.
A suivre, une escapade douce et onirique, aux antipodes de Pantera.
Bonne fin de dimanche, bonne reprise demain
N.