Après la jolie parenthèse andalouse il est temps de repartir à la chasse aux pépites franciliennes. En faisant découvrir le CentQuatre à une amie de passage à Paris, j’ai réalisé que nous n’y étions pas retournés depuis très longtemps, et donc je vous y emmène par la même occasion. Direction le populaire 18ième arrondissement au nord de Paris, à la découverte de cette ancienne « usine à deuil » qui a fait un virage à 180° pour devenir peut-être le lieu le plus vivant, le plus animé de Paris.
L’ancienne usine à deuil
Lorsque on passe l’immense porte du magnifique bâtiment de briques, de fer et de verre, on est loin d’imaginer que sa fonction première était de construire des cercueils et d’héberger les corbillards qui partaient, tirés par des chevaux, chercher les morts au pied de leur immeuble dans Paris.
Au milieu du 19ème siècle, au 104 de la rue d’Aubervilliers on trouvait donc les immenses pompes funèbres de la ville de Paris. Pendant plus d’un siècle, plus de mille personnes : menuisiers, peintres, brodeuses, palefreniers, cochers… y ont donc préparé et opéré jusqu’à 150 convois funéraires au quotidien. Ce jusqu’à ce que les pompes funèbres perdent le monopole municipal et déménagent, et qu’il faille sauver ce bijou architectural.
Des travaux vont être lancés au début des années 2000, les plateaux vont devenir des lieux d’expressions et de résidences artistiques, les anciennes écuries vont accueillir des expos temporaires. Les pompes funèbres ont laissé place à un centre culturel totalement atypique, le CentQuatre (ou 104) , qui sera inauguré en 2008.
Au delà de l’aspect culturel, de part sa localisation ce nouveau centre joue un role social de premier ordre, et milite pour quelque chose qui vous le savez m’est cher, certains diront utopique, le fameux « vivre ensemble ».
La fabrique à « vivre ensemble »
Les amis, ici l’art est partout : dans les couloirs, les coursives, les escalier, sous les préaux.. Ici chacun peut venir pratiquer sa discipline, les arts de rue et du cirque, la danse de salon comme le hip hop, la comédie… sans gêner l’autre tellement l’espace est grand. J’ai même vu l’autre jour des jeunes qui s’essayaient au Bollywood, pour une bonne dose de feel good.
Niché au cœur d’un Paris très populaire, aux abords des avenues Flandre et Crimée, le CentQuatre met en contact des populations socialement et culturellement très différentes, des populations qui par ailleurs n’ont pas beaucoup d’occasions de pouvoir se croiser.
Avec sa riche programmation et son ambiance unique, on y vient des quartiers favorisés comme des cités populaires alentour, et ça fonctionne. Allez on se plonge un peu dans l’ambiance de ce lieu atypique.
Une pépinière en ébullition
En plus de cet aspect de « self-service artistique », le CentQuatre propose une programmation riche: expos, concerts, ateliers, spectacles, cirque, danse, marchés, films, salons, conférences… Il y en a pour tous les gouts, et à petits prix histoire de donner l’accès au plus grand nombre.
Les thématiques sont dans l’air du temps : les sciences, l’art, le sens, l’engagement, la préservation des ressources et la cohésion sociale.
Que vous ayez inventé une machine qui transforme le chant du plancton en musique ou que vous racontiez la vie des chauffeurs Uber sous le confinement, tout le monde peut avoir une chance de s’exprimer. En parlant d’air du temps, une des expo du moment sous la forme d’une grande expédition nous rappelle un peu la fragilité du monde qui nous entoure.
Tara, la grande expedition
Le 104 propose actuellement une grande rétrospective des voyages de la goélette Tara, un voilier imaginé par l’explorateur Jean Louis Etienne et opéré par le skipper Peter Blake, voilier sur lequel il sera assassiné début 2000 par des pirates au large de l’Amazonie (Tara s’appelait alors le Seamaster pour ceux qui se rappellent de l’histoire)
Depuis 40 ans, Tara (anciennement Antartica et donc Seamaster) parcourt donc les océans dans le but de les comprendre et de les protéger, sous la houlette d’Etienne Bourgois, passionné par tout ce qui tourne autour de la mer, et accessoirement fils de la styliste Agnes B.
En plus des scientifiques, le voilier embarque également des artistes en résidence, et c’est donc le fruit de leurs études et de leurs creations que le 104 dévoile jusqu’en mars 2025.
Les amis, que vous soyez sensibles au changement climatique ou que vous vous vouliez juste faire une balade poétique, je vous encourage à aller découvrir ces carnets de voyages, mais surtout à aller rencontrer le CentQuatre, ce laboratoire humain qui, à ma connaissance, n’a pas d’équivalent.
Vous trouverez toutes les infos et toute la programmation ici : 104.fr
Bon dimanche
N.
2 commentaires
Merci pour la decouverte du 104 il faudra que j y fasse un tour lors de la prochaine venue a Paris 😉
Un incontournable ! 🙂